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Critique de BazaR


BazaR
16 décembre 2017
Et voilà, la quête d'Erekosë s'arrête ici, avec ce roman écrit 17 ans après les deux précédents (qui sont de 1970) et qui est aussi long que ces deux réunis. Un tome dont j'ai trouvé certains éléments excellents et d'autres moins réussis que dans les deux premiers.

Il faut saluer l'effort que Michael Moorcock a porté sur le décor ; il se révèle aussi riche de ceux de Jack Vance. L'auteur développe l'action dans un ensemble de royaumes plus ou moins liés qui n'est pas sans évoquer les neufs mondes d'Yggdrasil de la mythologie scandinave, allant jusqu'à les nommer par des noms sonnant mi-néerlandais, mi-allemand (Maaschanheem, Rootsenheem, etc.).
L'auteur habite ses mondes de sociétés originales, même s'il n'a pas le temps de développer pleinement le potentiel de chacune. Les coques en particulier, ces immenses villes de bois qui se déplacent comme des transatlantiques, m'ont beaucoup plu, me rappelant la ville sur rail du Monde Inverti de Christopher Priest (la comparaison s'arrête là). Les très beaux princes Ursins sont aussi hors norme.

Erekosë est aujourd'hui incarné dans la personne du prince Flamadin qui doit empêcher sa soeur jumelle Sharadim de s'emparer des Six Royaumes au nom du Chaos. Au début, on retrouve tout ce qui fait la spécificité de cette version du Champion Éternel qui se souvient de toutes ses incarnations, parfois au point de le rendre dingue, harassé et épuisé par son destin qui l'invite à combattre sans fin, et obnubilé par l'idée de retrouver sa bien-aimée Ermizhad. C'est une personnalité tragique comme je les aime. Mais durant les aventures, le personnage se lisse, devient plus commun. Il laisse de la place pour développer son compagnon von Bek, l'un des membres d'une famille importante du multivers de Moorcock et la belle Xénane Alissard qui ressemble étonnamment à Ermizhad. A travers Flamadin, j'ai surtout eu l'impression de voir John Daker, l'incarnation originelle d'Erekosë qui est contemporain de Moorcock (voire Moorcock lui-même selon la conjecture d'Alfaric), un personnage moins tiraillé, plus fade.
Ce milieu d'aventure m'a parfois un peu ennuyé je l'avoue, dès qu'il s‘agissait avant tout de faire avancer l'histoire aux dépends des personnages. Heureusement, l'apparition de personnages fascinants – les princes Ursins déjà mentionnés et l'épatante, magnifique et vénéneuse Sharadim si talentueuse pour manipuler son monde – ont maintenu mon intérêt.

Le dernier quart du roman est très riche et plaisant ; Moorcock sait comment terminer ses romans. Après un petit tour dans un endroit évoquant irrésistiblement l'Allemagne nazie mystique d'Indiana Jones – reprise dans la Tétralogie des Origines de Stéphane Przybylski que je compte bien commencer l'année prochaine – nous avons droit à un affrontement ultime que j'imagine très bien sur grand écran, filmé au ralenti avec la musique de l'Anneau du Nibelung de Wagner à fond dans les oreilles. C'est tout simplement superbe.
Et enfin se terminent les errances de John Daker / Erekosë… Vraiment ? Pas sûr car le héros se retrouve dans le dernier tome de la Légende d'Hawkmoon, ou une autre fin, alternative ou parallèle, est proposée. le multivers de Michael Moorcock est décidément complexe.

J'ai mené cette quête avec mes compagnes de LC Foxfire et Tatooa, puis Monsieur LokiPg qui nous a rejoint. Je vous invite à aller lire leurs critiques également car ils ont je crois un peu plus apprécié ce dernier tome que moi.
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