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Critique de Ethno


Voilà une chronique qui va être difficile, car La Voix du Feu est loin d'être un livre accessible. D'une part parce qu'ALAN MOORE est un être singulier et de deux, parce que'une personne comme lui ne se contente pas de faire des choses conventionnelles. 
Pour vous donner une idée de l'oeuvre du bonhomme, il est à l'origine scénariste pour des Comics comme Watchemen, V for Vendetta ou encore From Hell, vous pigez ? ALAN MOORE à participer à un nombre incalculable de projets, tous plus barrés les uns que les autres et est de loin un personnage plus que respecté dans le milieu. 

Ça, c'est pour planter le décor. 

Pour continuer avec lui et bien comprendre le livre et surtout la chronique qui va suivre, il faut savoir que le Monsieur est adepte de magie. MOORE pense que sa belle ville de Northhampton est une sorte de point stratégique, une convergence de forces sombres qui façonnent la ville depuis des temps immémoriaux et dont il est sujet dans La Voix du Feu. Mais l'auteur ne se contente pas de fabuler ses récits, il a pris ça très au sérieux et le travail de recherche sur le lieu a été d'envergure. Des piles de livre et de documents se sont entassées autour de lui et comme il le dit lui-même dans la dernière nouvelle du livre : « Cet ouvrage est une fiction, pas un mensonge ». ALAN MOORE a pris des faits pour les retravailler et nous livrer cette « biographie » de sa ville. 
Maintenant que vous êtes familiarisé avec l'univers et la mentalité du gars, combinez donc tous les éléments de cette introduction à rallonge et permettez-moi de vous présenter le pourquoi du comment de la Voix du Feu, son seul et unique roman (pour le moment…).

La première question est de savoir s'il s'agit d'un recueil de nouvelles ou d'un roman à proprement parler. Pour répondre franchement, je dirais un peu des deux. D'une part se sont douze textes qui composent le livre, donc quelque part nous sommes un peu dans de la nouvelle. Seulement d'un autre côté … tout au long des douze récits qui composent le livre, un fil rouge est tissé et chaque texte peut, par exemple, apporter une réponse à un autre. Les thèmes sont récurrents (ou du moins des éléments, aussi insignifiants qu'ils puissent paraître au départ) comme par exemple les cercles, des forces obscures, mais surtout le feu (des trucs de magicien quoi…), mais en même temps quand on appelle son roman La Voix du Feu, je pense qu'il faut s'attendre à ce genre de chose…

Pour parler des textes, ceux-ci se présentent de façons chronologiques. Partant du néolithique où l'on suit les tribulations d'un simple d'esprit qui vient de perdre sa mère et qui se fait chasser de sa tribu jusqu'à nos jours où ALAN MOORE se fait le narrateur du dernier récit, l'auteur nous conte l'évolution des mentalités, mais surtout la progression de l'espèce humaine et de ce qui deviendra sa ville. En revanche ici rien de beau à propos de l'évolution, bien au contraire. Chaque texte est tinté de mysticisme et surtout d'un fatalisme certain, et tout au long de la lecture on ne peut s'empêcher de penser au fameux Livre de Sang d'un autre auteur anglais qui beigne aussi dans ce genre de mélasse mystico-pessimiste, j'ai nommé CLIVE BARKER. Il y a parfois du mystère à la LOVECRAFT, parfois même de la poésie, mais surtout beaucoup de rêves, qui occupent aussi une place importante dans La Voix du Feu, car peut-on vraiment séparer le caractère mystique du rêve de celui de la sorcellerie et de la magie ? 

Bref les influences sont nombreuses et l'amateur d'histoires sordides et originales y trouvera son compte bien que certains textes soient plus captivants que d'autres. Car si le bât blesse avec La Voix du Feu, ce serait cette certaine inégalité et ce manque de constance sur la longueur. Certains textes se survolent, d'autres nous immergent totalement. Quoi qu'il en soit, MOORE a su faire évoluer le langage au fur et à mesure de ses histoires et l'adapter à l'époque où celle-ci se déroule. Là où l'homme du néolithique nous bave un langage très difficile et éprouvant (s'il vous plaît restez accroché au livre les soixante premières pages et ne vous découragez pas), il devient de plus en plus aisé de lire même si le style varie d'une histoire à l'autre.

NEIL GAIMAN, qui s'occupe de l'introduction nous indique que nous pouvons commencer par où ça nous chante, que le début et la fin sont deux bons choix. Vous commencez à me connaître, je suis un homme qui aime prendre des risques, j'ai donc commencé par le début… et au final il s'avère que la fin aurait constitué un excellent choix aussi. La Voix du Feu, comme beaucoup d'allusions au cours du livre est un cercle, et par définition un cercle n'a ni de début ni de fin et si toutes ces histoires constituent les contours de ces douze nouvelles, le feu, lui (et le bûcher plus précisément) en est le centre, la Terre est née du Feu et elle finira de cette manière. C'est donc bien avec un roman géométrique qu'ALAN MOORE arrive à nous mystifier autant qu'il arrive à nous surprendre avec ses histoires de sorcières, de templiers, d'homme oiseaux ou de tête qui se confesse au bout d'une pique. Un mysticisme exacerbé suinte tout au long du livre sans pour autant que le mot « magie » ne soit prononcé et c'est là le tour de force de ce roman. 

Un livre que je ne saurais que trop conseiller aux amateurs d'oeuvres qui sortent de l'ordinaire. MOORE ne se contente pas d'écrire pour écrire ou pour fiche la trouille, il reste souvent évasif et ne rentre pas forcement dans le détail et laisse l'imagination du lecteur carburer à plein régime. 
L'une des lectures les plus étranges qu'il m'ait été donné de lire depuis belle lurette, en plus de ça la couverture illustre parfaitement le propos avec ce dragon en tête à tête avec une sorcière en train de brûler vive sur un bûcher, le tout dans des tons rouge orangé simplement magnifique.
Alors oserez-vous ? Oserez-vous pas ? Une chose est sûre c'est que La Voix du Feu ne vous laissera pas indifférent.

Zoskia


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