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Critique de Lucilou


Un bon roman policier historique pendant les vacances, c'est un peu -pour moi- un passage obligé, une tradition, un rituel. Pour une fois, je me déleste de mon snobisme, de ma quête de style, d'émotions, de poésie, de sens et je ne cherche que le plaisir.
Celui de se plonger dans une autre époque, dans une ambiance... et celui de me perdre dans une enquête que j'espère à chaque fois tortueuse
Cet été, c'est sur "Le Peuple du Vent" trouvé dans une boîte à livres que j'ai choisi de jeter mon dévolu, attirée que je fus par sa couverture et son résumé.
Et puis, je fais pleinement confiance aux éditions 10/18 pour étancher ma soif de mystère et de voyage dans le temps! Après tout, on leur doit pas mal de classiques en la matière...

D'emblée, j'ai été séduite par le lieu du drame, celui du crime et de secrets qui espèrent se confondre avec la brume. le château de Pirou, où se passe donc notre histoire, est de ces lieux sombres et romanesques qui abondent en terres celtes et océanes, terres du nord et terre de froid.
Pirou, c'est un château qui se dresse sur le rivage normand, à pic et flanc de falaise, d'une terre de sel battue par les vents, le sel et la tempête. Les rubans de brume s'y accrochent, les corbeaux y jettent des hurlements néfastes et les fantômes ont le coeur aussi tourmenté que les habitants…
En ces jours noirs de gel, le seigneur des lieux reçoit sa soeur, aussi belle que fragile, son époux un triste sire qui confond l'amour avec la possession et leurs deux enfants dont l'une est vive comme le feu follet tandis que l'autre a tout du trouvère en devenir.
La famille ne serait pas complète sans la cousine, fière et blonde amazone sans beauté mais non sans charisme et le châtelain d'airain qui n'en finit pas de regretter la noyade de son fils chéri.
Quant à la maisonnée, elle compte entre autres comparses un pêcheur fou d'amour, un faiseur de miel sage et blanchi, une commère compatissante et, enfouis sous les pierres noires de la chapelle, non-dits à la pelle.
C'est dans ce décor prompt à nourrir les contes et légendes les plus cruels que se présentent Hugues de Tarse, oriental lettré autant que fine lame et son pupille, le jeune Tancrède dont on comprend qu'il est en quête de ses origines, origines dont son maître semble vouloir le préserver...
C'est dans ce décor également que s'invite la Mort qui s'en vient prendre, après une énième crise de haut mal la maîtresse des lieux, Muriel...
C'est enfin dans ce décor que surgit un étrange cavalier noir rôdant sur les grèves et dans la lande...
Voilà, c'est ainsi que tous les ingrédients sont réunis pour concocter un sortilège qui ne prendra sans doute pas sur tout le monde mais qui a su m'ensorceler. le décor et l'époque y sont sans doute pour beaucoup. J'ai toujours aimé les terres à la Tintagel, les rivages, les falaises qui déchiquètent le paysage et j'ai pour le Moyen-Age un amour qui remonte à mes lectures d'enfance (souvenirs d'Evelyne Brisou-Pellen...).
Certes, certains personnages sont sans doute un peu caricaturaux et le mystère voire le mysticisme de certaines scènes un peu forcés pour aboutir au malaise recherché (mais auquel j'ai adhéré) mais j'ai pris plaisir à ce récit, cette enquête qui sans être foncièrement originale m'a captivée par sa noirceur qui au-delà de son aspect policier sonde les profondeurs de l'âme humaine.
Je ne sais pas si je lirai les autres romans qui mettent en scène Tancrède et Hugues et dont "Le Peuple du Vent " est le premier volume car je me suis davantage intéressée aux habitants de Pirou qu'à ces deux-là... de plus, d'expérience, je sais que je suis souvent déçue quand je reviens à un auteur, des personnages d'une série policière... J'ai souvent l'impression que l'écrivain répète une recette sans chercher à lui donner ce petit quelque chose qui ferait la différence...
Pour autant, c'est une hypothèse que je n'exclus pas non plus complètement... Cela dépendra sans doute du contexte autour des personnages, mais en attendant, j'ai beaucoup aimé cette parenthèse normande à la noirceur revendiquée, cette ambiance pesante (plus que l'enquête policière d'ailleurs, même si j'ai apprécié de me faire mener en bateau!) qui a rafraîchit mon été bien trop chaleureux.






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