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Critique de Wazlib


"L'hypothèse du Lézard" est une novella écrite par Alan Moore et publiée en 2004. Concernant notre ouvrage, il s'agit d'un des premiers fers de lance de la collection "graphique" d'ActuSF: il s'agit de textes courts mis en image par un illustrateur et donnant lieu à un format hybride. Définitivement pas une BD, et pas tout à fait un roman... Un récit graphique. Il s'agit ici de Cindy Canévet, dont j'avais déjà vu le coup de crayon (comme beaucoup) sur le "Je suis Providence" de Joshi.

"L'hypothèse du lézard" (A Hypothetical Lizard) est donc une novella d'Alan Moore, multi-artiste incontournable tant son emprunte, sur les comics notamment, est majeure (rappelons: Watchmen, 300, V pour Vendetta, From Hell, La ligue des gentlemen extraordinaires....). Un monstre. A titre personnel, j'ai une très grande admiration pour le personnage, malgré, avouons-le, une bizarrerie parfois difficile à saisir. Ne suivant pas non plus ses digressions plus ou moins bienvenues, je ne le connais que par ses oeuvres: ça me va très bien comme ça.
On suit ici l'histoire de Som Som, jeune fille vendue à un bordel des plus particuliers: les filles et garçons de joie possèdent tous des caractéristiques étranges permettant d'accueillir une clientèle bien particulière. Som Som est désignée à satisfaire les magiciens et sorciers qui, sous le coup du plaisir, pourraient involontairement délivrer de précieuses informations. On réalise alors sur notre protagoniste une callosotomie totale avec a priori un syndrome de déconnexion. Et la voilà incapable de communiquer, malgré une perception et une compréhension optimales. Toute tentative d'expression éteinte, Som Som est par définition le réceptacle neutre: des fluides comme des histoires.
C'est ainsi qu'elle découvre la triste histoire d'un couple maudit, piégé dans la gravité de cette maison où tout semble hypothétique, sauf le temps quij s'écoule...

A l'image du lézard éponyme (y a-t-il un lézard endormi dans cette sphère?), le récit est fait d'une infinité de reflets, de faux-semblants et il appartient donc au lecteur de se laisser porter. L'auteur se joue des personnages, de son lecteur, nous enivre de pronoms contradictoires venant semer le doute, les apparences et les sentiments se troublent et perdent leur contenance... Reste une mystérieuse poésie, nous laissant avec l'impression de s'être frotté à l'impalpable, sans pour autant réveiller une certaine frustration.

Et ma foi, les illustrations de Cindy Canévet sont parfaitement adaptées. Mystérieuses, envoûtantes, laissant la part belle à l'ombre et la contemplation, elles portent ainsi un récit qui sans elle, paraitrait bien ardu parfois.
Ajoutons que le travail éditorial est ici exemplaire: les illustrations se mêlent à merveille au texte, le soulignent ou le masquent, pour un rendu hybride finalement très agréable à lire. La couverture rigide avec la petite tresse rouge marque-page donnent un cachet d'unicité et de préciosité en plus.

"L'hypothèse du lézard" n'est donc pas un mauvais livre. Il est même plutôt conseiller d'y jeter un coup d'oeil, tant ce format est intéressant. Les vers de Moore sont souvent abscons mais beaux, et les illustrations de Canévet viennent mettre en emphase la part de mystère et de sensualité du récit. Malgré tout, le plaisir de lire l'ouvrage tient plus de l'expérience éditoriale que du réel engouement du lecteur.
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