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Critique de bibliomanu


Quoi de plus banal qu'un échange entre gamins ? La plupart du temps, on oublie bien vite l'objet de ces tractations, ou bien l'on s'en rappelle avec un parfum de nostalgie. Harvey, lui cela fait vingt ans qu'il y pense, à son échange, vingt ans qu'il se mord les doigts d'avoir négocié le Superman numéro un contre un vulgaire morceau de plastique tout juste bon à couper l'herbe. Depuis ce jour, il vit avec le secret espoir de remettre la main sur cette bande dessinée dont la valeur a atteint de tels sommets qu'elle lui permettrait dès aujourd'hui de quitter sa librairie BD pour ouvrir un coffee house à New-York, avec des murs peints de super-héros.

Alors quand il se rend à la réunion des anciens élèves, le 20ème anniversaire, Harvey espère une fois de plus que Bleeder le Bizarre sera là, que l'occasion lui sera enfin offerte de l'interroger, quitte à à tirer un trait sur le regret de l'échange. Et de vivre enfin... Si simple sur le papier, mais voilà, Harvey, la simplicité, connaît pas...

Il suffit de peu de pages à Antony Moore pour camper le ton et l'ambiance qui jalonneront l'ensemble de Swap. Une unité et un univers que l'on se complait à parcourir pour la simple et bonne raison que l'humour, so british, parfois bien noir, en constitue une particule élémentaire.

Les amateurs de Nick Hornby et de son Haute fidélité ne sauront être insensibles aux personnages qui font vivre ce roman. Peut-être parce qu'on y trouve un petite boutique ouvert aux passionnés et un vendeur (quel vendeur!) ô combien loufoque, si drôle et qui, même s'il n'est pas toujours présent, apporte son équilibre au livre.
Et puis il y a Harvey, le grand enfant dont la maturité semble s'être figée au moment de l'échange. Une impression qui se confirme jusque dans les relations qu'il entretient avec ses parents et dont le lecteur se trouve être le bienheureux spectateur.

Oui, à tout bien considérer, il s'agit bien là d'un spectacle, très visuel, ponctué de scènes hilarantes, à la frontière d'un absurde tout en finesse -bon sang ! Ce passage où Harvey, pourtant dans une situation désespérée, rechigne à rajouter une pièce dans le combiné téléphonique parce qu'il lui reste si peu à parler...un véritable régal!- et que l'on quitte en applaudissant mentalement. Car il y a l'humour, c'est une chose, mais autour des hommes et de leur mise en échec, dans leur volonté d'exister aux yeux des autres, il y a aussi une sensibilité et une émotion qui confèrent à Swap une dimension tout à fait singulière. Un bien beau mélange, en somme...
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