De Nick Hornby , je n'avais lu qu'un seul livre " Funny Girl" , mais ça c'était avant ... parce que j'ai bien l'intention de combler mon retard .
Haute fidélité , c'est le charme british, l'humour anglais, et la musique ... la musique comme code génétique ...
Rob adore tellement la pop, le rock, le blues, la soul qu'il en a fait son métier . Disquaire après avoir été DJ, il maîtrise tous les styles , et son savoir (et celui de ses collègues ), est encyclopédique .
Hélas, avec les filles , c'est loin d'être la même histoire , , ♫"ça larsen"♫ . Et il a souvent été largué . Il faut dire qu'avec la dernière de ses petites amies , Laura , il n'a pas été d'une "Haute fidélité " . On peut même dire qu'il a été un sacré "connard " !
Rob ne sait pas trop ce qu'il veut en matière de relation avec les femmes : la durée ou l'alternance ; le CDD ou le CDI ...
Cette dernière rupture pourrait lui être profitable , juste une mise au point avant de devenir un homme , et de ... mûrir un peu .
[ Oui, parce que des fois , on a envie de lui donner des baff(l)es à Rob.]
Branchée , subtile, drôle , cette comédie est dans la lignée des auteurs comme l'américain , Benjamin Tropper .
Surnommée : "Pop Lit " par certains journalistes ,( parce que c'est de la littérature qui parle de musique ), ce genre de romans parle aussi des trentenaires qui peinent à trouver "leur place " dans la société .
Et , c'est beau un homme qui s'épanche , c'est attendrissant ... Curieusement ce genre de littérature qui décortique les états d'âmes masculins , plait davantage au public féminin . [ Il parait] .
Comme beaucoup de livres de Hornby , celui-ci a été adapté sur grand écran (par S Frears) . [ Hornby est très sollicité par le cinéma et écrit beaucoup de scénarios dont : Wild , Une éducation, et Brooklyn de Colm Toibin , plus dernièrement .]
Tendrement et drôlement rock ...
Si comme Rob , vous auriez aimé vivre dans les chansons du Boss...
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- Nick Hornby .
- Qui ?
- Nick Hornby tu connais ?
- Nick…
- Nick Hornby ?
- Non.
-Haute fidélité ?
- Comment ?
- Haute fidélité , c'est un de ses romans.C'est un auteur anglais.
- Non.
Je ne connaissais ni l'auteur, ni le roman. Et je te remercie A. de me l'avoir fait connaître.
Il y a des livres comme ça qui ressemblent à l'écharpe. A votre écharpe. A celle que vous avez oubliée sur la banquette du café. du café où vous alliez après les cours. A l'époque il vous fallait au moins trois heures pour boire un café. Rapport à vos petits deniers, et aussi à la qualité du café. L'écharpe de ces après- midi que vous séchiez , au bas de la rue, derrière la voie ferrée, quand il pleuvait. L'écharpe oubliée, la café avalé, et la tasse ? On l'a tous bue. Enfin, je crois.
Lire certains livres, c'est un peu respirer de soi.
Alors ce roman. Anglais. Il n'y a que les romans anglais pour nous ressembler comme ça. Nous faire rire, nous faire grincer des dents, nous gratter dans le cou comme le faisait l'écharpe. L'écharpe celle qui enveloppait les années passées. Un petit côté Bridget Jones ( sans la jupe, moins le stylo, ) , un petit côté Vernon Subutex ( version beatles, genre ... « Vinyl », « Ray »... sur le côté...), face A, face B.
Oui on sourit, on rit. Pas facile de grandir, pas facile d'aimer ; pas facile d'être tout entier, face à soi même. Dire la vérité aux autres ? Oui c'est plus facile qu'à soi . Les années passent. Tant mieux. Tant pis. Les années passent, on change ou pas. Les amours, les rêves, les emmerdes. Tout change. Forcément. On arrête pas le temps. On voudrait pas. On résiste, pour avoir le meilleur, on récolte parfois le pire. On résiste, on veut pas. Pas vieillir, pas grandir, pas mourir.On veut pas donner ses rêves au chat. Et ta langue ? Toujours vivante.
Et si, et si...et si..ouais mais... peut être pas. le conditionnel passé vous éloigne toujours du futur simple. Mais ça ça s'apprend pas. Ça se vit.
Et puis hop un beau jour, on y va. On change, on avance, face A, face b, on change pas de disque, peut être de titre. On est toujours le même. Les autres le savent, mais nous , on y croit pas .
Hop, on y va. Même pas mal de grandir, bien sur on oublie pas les amours, à jamais et pour toujours, on oublie pas. On change c'est tout. On concède peut être. C'est ça ou en crever. Bien oui faut accepter d'être aimer , peut être seulement, pour les défauts qu'on a pas . Les qualités ?...Rapport à quoi ? Au mare du café ? Là où l'écharpe est tombée ?
Grande ou petite, toute les histoires ont leurs héros. On s'en fout qu'il soit un peu de mauvaise fois, ( une fois, il était une fois, c'est déjà tout un début) un peu, parfois, le tout c'est qu'il soit sympa. Sympa. Ça rend pas chagrin. On change d'échelle.
- Sinon, et toi plus tard... tu te vois comment ?
- vivant !
Astrid Shriqui Garain
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Je monte sur une chaise et je me mets à sortir les boîtes de 45 tours. Il y en a sept ou huit en tout, j'essaie de ne pas regarder à l'intérieur en les posant par terre, mais j'aperçois le premier disque de la dernière boîte : c'est un 45 tours de James Brown pour King, de trente ans d'âge. Je me mets à trembler d'impatience.
Quand je commence à les passer en revue sérieusement, je vois très vite que c'est la mine que je rêvais de trouver un jour, depuis que j'ai commencé à collectionner les disques. Il y a les 45 tours que les Beatles enregistraient pour leur fan-club, la première demi-douzaine de 45 tours des Who, des originaux d'Elvis du début des années soixante, des tonnes de raretés de blues et de soul, et... il y a un exemplaire de God save the Queen par les Sex Pistols pour A&M ! Je n'en ai jamais vu un seul de ma vie ! Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui l'avait vu ! Et... non, mon Dieu, non... You left the water running d'Otis Redding, sorti sept ans après sa mort, retiré immédiatement de la vente par sa veuve parce qu'elle...
"Qu'est-ce que vous en dites ?" Elle est appuyée contre l'encadrement de la porte, les bras croisés, souriant de la tête que je suis en train de faire.
"C'est la plus belle collection que j'aie jamais vue." Je n'ai aucune idée de ce que je dois lui proposer. Le lot doit valoir au bas mot six ou sept mille livres, et elle le sait. Où est-ce que je vais trouver une somme pareille ?
"Donnez-moi cinquante livres et vous pouvez tout prendre tout de suite."
Je la regarde. Nous venons officiellement d'entrer au pays des rêves, où des petites vieilles vous donnent de l'argent pour vous convaincre d'emporter les trésors de leurs greniers. Sauf que je n'ai pas affaire à une petite vieille, et qu'elle sait pertinemment que ce qu'elle a vaut plus de cinquante livres. Qu'est-ce qui se passe ?
"Ils sont volés ?"
Elle rit. "Ce ne serait pas une bonne affaire, hein, de bazarder tout ça par la fenêtre pour cinquante livres ? Non, ça appartient à mon mari.
_ Et vous ne vous entendez pas très bien avec lui en ce moment, c'est ça ?
_ Il est en Espagne avec une fille de vingt-trois ans. Une amie de ma fille. Il a eu le culot de m'appeler pour me demander de l'argent, j'ai refusé, alors il m'a demandé de vendre sa collection de 45 tours et de lui envoyer un chèque correspondant à ce que j'aurai obtenu, moins dix pour cent de commission. A propos. Vous pourrez me donner un billet de cinq ? Je veux l'encadrer et le mettre au mur."
Un type entre dans le magasin pour acheter la musique de Fireball XL, qu'il veut offrir à sa femme pour son anniversaire (et je l'ai, en édition originale, pour dix petites livres). Il a peut-être deux ou trois ans de moins que moi, mais il est bien élevé, il porte un costume, il joue avec ses clés de voiture, et ces trois choses ensemble, je ne sais pas pourquoi, me donnent l'impression d'avoir vingt ans de moins que lui : une vingtaine d'années, et lui une quarantaine. Et j'ai tout à coup un désir irrésistible de savoir ce qu'il pense de moi. Je n'y cède pas, bien sûr (Voici votre monnaie, voici votre disque et maintenant, soyez honnête, dites-moi que vous me considérez comme un raté) mais je continue d'y penser des heures, ensuite : comment il doit me voir.
Bon, il est marié, ce qui fait déjà peur, et il a des clés avec lesquelles on peut jouer sereinement, donc il doit bien avoir une BMW, une Batmobile ou un truc qui en jette, il a un travail qui exige le costume, et à mes yeux de néophyte c'est un costume cher. Je suis un peu plus élégant que d'habitude, ce matin - j'ai mon jean noir presque neuf, à ne pas confondre avec mon jean bleu sans âge, et je porte une espèce de polo à manches longues que je me suis même donné la peine de repasser -, mais il n'empêche que je ne suis manifestement pas un adulte faisant un métier d'adulte. Est-ce que je voudrais lui ressembler ? Pas vraiment, non. Mais je me retrouve à me tourmenter de nouveau à propos de la pop-music - est-ce que j'aime ça parce que je suis malheureux, ou est-ce que je suis malheureux parce que j'aime ça ? Ca m'aiderait de savoir si ce type a jamais pris la musique au sérieux... [...]
Moi, je ne suis pas marié - et même, en ce moment, aussi peu marié qu'on peut l'être - et je suis l'heureux propriétaire d'un magasin de disques en faillite. Il me semble que si on place la musique (comme les livres, probablement, les films, les pièces de théâtre, et tout ce qui vous fait "ressentir") au centre de l'existence, alors on n'a pas les moyens de réussir sa vie amoureuse, de la voir comme un produit fini. [...] Peut-être que nous vivons tous de façon trop aiguë, nous qui absorbons des choses affectives tous les jours, et qu'en conséquence nous ne pouvons jamais nous sentir pleinement satisfaits : il nous faut être soit malheureux, soit violemment, extatiquement heureux, et de tels états sont difficiles à obtenir au sein d'une relation durable, solide. Peut-être qu'Al Green est directement responsable de beaucoup plus que je ne pensais.
Qui est cette ordure de Ian ?...
Je ne connais pas de Ian. Laura ne connaît pas de Ian. On vit ensemble depuis trois ans et je ne l'ai jamais entendu parler d'un Ian. Pas de Ian à son bureau. Pas d'ami qui s'appelle Ian, ni d'amie dont le copain s'appelle Ian. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle n'a jamais rencontré le moindre Ian de toute sa vie - il a dû y en avoir un au lycée, quoique le sien ne fût pas mixte -, mais je suis quasiment sûr que depuis 1989 elle vit dans un univers totalement déianisé.
Et cette certitude, ce ianosticisme, dure jusqu'à mon retour à l'appartement. Sur le rebord de la fenêtre où on met le courrier, juste derrière la porte commune, il y a trois lettres au milieu des menus de fast-foods à domicile et des cartes de taxis : une facture pour moi, un relevé bancaire pour Laura... et un rappel de la redevance télé pour Monsieur I. Raymond (Ray pour ses amis et, ce qui est plus compréhensible, pour ses voisins), le type qui vivait au-dessus jusqu'à il y a cinq ou six semaines.
Quand j'entre dans l'appartement, je tremble, j'ai envie de vomir. Je sais que c'est lui ; je l'ai su à l'instant où j'ai vu la lettre. Je me souviens que Laura est allée le voir une fois ou deux ; je me souviens que Laura a... non pas flirté, précisément, mais qu'elle a rajusté ses cheveux plus souvent, souri bêtement plus souvent que nécessaire le jour où il est venu prendre un verre à l'époque de Noël. C'était bien son genre : petit garçon perdu, affectueux, avec juste assez de mélancolie pour paraître intéressant. Je ne l'aimais pas beaucoup, déjà ; maintenant, je le hais.
Pour ce qui était des filles ,[...]. On avait pas eu le temps de s'y mettre . A un moment , elles n'existaient pas , en tout cas pas sous une forme qui retenait l'attention , et le moment d'après on ne pouvait pas les éviter : elles étaient partout , où qu'on tourne les yeux . A un moment , on avait envie de leur donner un coup sur la tête parce que c'était notre soeur ou la soeur d'un copain , et le moment d'après , on avait envie de ...en fait , on ne savait pas de quoi exactement , mais c'était quelque chose , quelque chose d'énorme . En l'espace d'un mois , toutes les frangines (seule espèce connue jusque là ) étaient devenues intéressantes , voire "troublantes " .
On avait douze ou treize ans et on venait de découvrir l'ironie - ou plutôt ce que j'ai reconnu plus tard comme tel : on se permettait de faire de la balançoire et du tourniquet, de jouer dans le bac à sable pourri, à condition de le faire avec une sorte de détachement ostensible, au second degré. Il fallait pour ça feindre la nonchalance (le truc consistait à siffloter, à bavarder, à tripoter un mégot de cigarette ou une boîte d'allumettes), ou bien prendre des risques inutiles, par exemple sauter de la balançoire quand elle était au plus haut, s'accrocher au tourniquet quand il allait le plus vite, se tenir sur le bord de la bascule jusqu'à ce qu'elle soit à la verticale. Si l'on prouvait que ces enfantillages pouvaient mener au traumatisme crânien, ils étaient moins déshonorants.
Funny Woman l Bande-Annonce