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Critique de domreader


‘Ciociara' est le nom donné aux paysannes des montagnes non loin de Rome et c'est de là que vient Cesira. Elle s'est mariée avec un épicier romain et se retrouve veuve quelque temps avant que la guerre n'éclate. Après l'arrestation de Mussolini en 1943, en attendant l'arrivée des alliés et le départ des allemands, Cesira décide de quitter son commerce et de se réfugier à la campagne avec sa fille Rosetta âgée de 18 ans. C'est cet exil à la campagne que raconte Cesira, ces mois passés avec des paysans frustres, plus ou moins honnêtes, souvent assez pauvres et aussi âpres au gain, qui profitent de l'aubaine que représente Cesira et ses économies.

Ce sont des mois d'attente, d'ennui, d'inconfort et de peur aussi car les allemands font des rafles de victuailles, d'hommes valides pour les envoyer au front, ou bien alors tuent sans vraiment de raison alors qu'ils se retirent en débâcle et que les bombardements éclatent. Et il y a aussi la faim à mesure que les vivres se raréfient, que les alliés se font attendre et que le chaos règne. Cesira comprend alors que la guerre a effacé les lois, que ce sera chacun pour soi, que la pitié et la commisération ont disparu ou presque, seule la survie prime.

Au retour sur Rome, ce sont deux femmes qu'on pourrait croire brisées, abîmées par les épreuves terribles qu'elles ont traversées, mais bien qu'elles soient désillusionnées, ce sont aussi des femmes plus fortes bien décidées à construire l'avenir sur les ruines qu'elles traversent.

C'est un beau roman sur cette partie de la guerre en Italie, et plus largement sur ses effets pervers sur les civils toujours pris entre deux feux ; ici ce sont d'abord les fascistes qui profitent et règnent en maîtres, ensuite les allemands et enfin les alliés, pas toujours les sauveurs qu'on attendait, car ils ont été aussi les auteurs d'exactions, en particuliers de viols par milliers. Moravia a lui aussi été se réfugier dans ces montagnes près de Fondi, en 1943, pendant près de neuf mois alors qu'il fuyait les fascistes ce qui donne une impression de vécu au récit. le roman se déroule de façon linéaire dans un style assez simple sans fioritures, parce que Moravia a choisi Cesira comme narratrice, et que Cesira est une femme simple, une paysanne analphabète. C'est ainsi qu'il donne d'autant plus de force au récit, grâce à cette femme qui comprend obscurément les tenants et les aboutissants du conflit, mais qui en ressent les effets au plus profond de son être et qui n'aspire qu'à protéger sa fille au mieux, de tous les dangers et des privations engendrées par la guerre. Un bien beau roman.
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