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Critique de oiseaulire


Il y a ceux qui se meuvent avec facilité dans le monde, sans interrogation éthique ; ils savent ce qu'ils veulent et prennent le plus court chemin pour y parvenir : ils ont toutes les cartes en main parce qu'ils y ont travaillé sans relâche et ils remportent la mise. Tel est Léo.
Il y a les rêveurs, ceux qui vivent entre deux mondes : une réalité dont ils s'évadent le plus souvent possible car ils y sont impuissants et s'y laissent déposséder par paresse ou par bêtise ; un univers onirique rempli de dangereuses chimère et d'un sentimentalisme creux. Telles sont Marie-Grâce et Lisa.
Il y a ceux enfin que leur lucidité et leur horreur du mensonge ne sauvera pas, ni ne rendra plus moraux, car leur incapacité à agir ne leur permet d'éviter aucun écueil : tels sont Carla et Michel.

Le monde d'Alberto Moravia était désenchanté déjà à l'âge où il écrivit "Les indifférents", c'est à dire entre dix huit et vint et un ans. Il est vrai que, cloué au lit par une tuberculose osseuse, il avait une vision acérée et impuissante de son époque sans horizon et de son pays, rongé par une bien-pensance et une hypocrisie qui conféraient aux moeurs et à la culture un provincialisme abhorré.
Les indifférents furent édités en 1949 et firent un scandale à leur sortie du fait de leur immoralité. Un peu plus tard, ils furent salués pour leur projet moral. Les deux ne s'excluent pas : en brossant une société de petite bourgeoisie nauséabonde, le narrateur du livre la condamne sans concession.
Moravia n'apporte ici aucune solution à la déliquescence de son milieu, mais dresse un état des lieux convainquant.
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