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« La vie le cernait de toutes parts comme une forêt épaisse et broussailleuse. Aucune lueur dans le lointain, rien ‘'impossible…'' »

Je crois que c'est la dernière partie de ce roman qui emporte le tout. Ce noir qui domine sous cette pluie battante, la nuit tombée, était pour moi le pendant de ce soleil de Meursault. Impossible de me détacher de cette comparaison entre les deux romans dès le départ de Michel vers l'appartement de Léo. Je n'avais pas l'impression d'une noirceur des âmes mais plutôt d'âmes sans vue, des aveugles. Rien ne les éclairait, rien ne leur donnait à voir pour se diriger vers un autre avenir, vers une vie. Ils étaient nés pour vivre passivement car jamais il ne leur avait été donné la lumière, le chemin. L'ombre les étouffait. Comment mettre ces trois êtres mous face à ce Léo, ce fauve sans la majesté ni la droiture mais la force sauvage et brute, sans avoir cette impression qu'il leur sera impossible de trouver une voie. Ils sont encagés dans leur vie et vont se faire bouffer. Les plus jeunes essayeront de trouver une sortie mais n'est-il pas déjà trop tard ? Ils sont absorbés par « une ombre humide, une ombre de caverne ».
J'ai trouvé cette galerie de personnages incroyable, l'écriture fine et juste qui fouille les derniers recoins des têtes embrumées de Carla et surtout Michel. Cette bourgeoisie indifférente avait donné naissance à des monstres mollasses.

« Sa propre image le persécutait ; il se voyait tel qu'il était réellement, seul, indifférent, misérable. »
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Ce monde terne et liquéfié qui pourrait paraître sans consistance si ce n'était que la dureté et implacabilité de l'écriture de Moravia.
Une mère, une fille, un fils, un amant : personnages principaux parmi des silhouettes, des ombres – sauf l'amie de la mère ponctuant le récit pour asseoir le propos de l'auteur.
Cette étude de moeurs, de société, que sais-je… cette histoire brève, déroulée sur quelques jours est un étau qui se resserre inexorablement sur la psyché des personnages. Premier livre, éclat brutal et noir, manifeste contre l'ordre social établi, non revendiqué comme tel mais résolument admis comme tel. le succès de sa publication laisse sans ressort la censure mussolinienne en place mais elle se rattrapera en interdisant plus tard une nouvelle publication. « Les Indifférents » est une peinture cruelle de la société italienne – une classe bourgeoise moyenne – qui ronronne sous l'ère mussolinienne.
MariaGrazia la mère est une femme que l'on aime détester. Moravia la rend grotesque, stupide, égoïste et profondément irritante. D'ailleurs même ses enfants la décrivent ainsi. Femme vieillissante dont la jalousie est le pain quotidien, détestant « le peuple », ruinée, aveugle à elle-même et à ses propres enfants, tourmentée par l'hypothétique abandon de son amant Léo ; son souhait est de marier sa fille à un riche héritier dans la pure tradition bourgeoise.
Sa fille Carla n'aspire qu'à une chose, quitter cette maison, cette vie qu'elle ne supporte plus ; rongée par l'ennui et l'inertie, ayant un désir d'amour fou, de vérité et d'envol, elle se trouve vieille. Elle se sent prisonnière et faible et regarde son frère Michele comme une roche sans aspérité pour s'y raccrocher.
Michele est plus jeune. Ce jeune homme absolu qui donne tout au long du livre l'impression d'être proche d'un acte suicidaire, déteste autant Léo que son environnement, qu'il se déteste lui-même.
Il méprise sa propre faiblesse, son indifférence à tous et à tout. Il se dégoûte, les autres le dégoûte. Son opposition à Léo et à sa mère parfois sont des flammes vite éteintes, des irruptions d'humeur qui s'effondrent aussitôt. A la différence de sa soeur, lui ne veut pas quitter cette maison, il veut que Léo quitte leur vie à tous les trois ; il veut un monde pur, transparent de vérité et de droiture, sans ombres, sans taches, sans failles.
Léo est un homme d'âge mur, affairiste, sûr de lui, convoitant depuis longtemps cette maison bourgeoise qu'il pense racheter à bas prix et convoitant aussi Carla, qu'il compte bien mettre dans son lit rapidement. Pour cela il continue à entretenir une relation distante mais efficace avec MariaGrazia la mère, supportant sa jalousie permanente, tempérant ses ardeurs et mystifiant tout le monde pour arriver à ses fins.
Un autre personnage s'infiltre dans ce magma corrosif, c'est Lisa, une amie de longue date de MariaGrazia et ancienne presque mariée de Léo. Lisa est une veuve un brin masochiste, supportant l'amitié vacharde de MariaGrazia et qui finit par vouer un amour débordant et un peu lamentable à Michele.
Lui, le fils est effrayé par cette femme qui pourrait être sa mère, dégoûté par son manque d'honnêteté à la repousser. Mais il finira bien par succomber.
Carla prend la décision qu'elle doit se donner à Léo, pour que sa vie change. Elle le fait sans dépit, ni réel calcul, elle veut juste secouer ce manteau d'inertie qui la recouvre.
Léo goguenard orchestre tout ce petit monde comme il réglerait une affaire commerciale en pesant toujours les pertes et les profits.
MariaGrazia ne voit rien : que son amant la trompe avec sa fille, qu'il veut la spolier de sa maison, que son amie convoite son fils, que son fils est au bord d'un précipice prêt à s'y jeter. Son monde tourne autour d'elle-même, du quand dira-t-on, d'être conforme à la bonne société pour pouvoir y être reconnue ; Les apparences avant toute chose et surtout garder à tout prix Léo – cet homme plus jeune – qui nourrit son illusion de jeunesse et de désir.
La fin du livre est une mascarade. On peut penser que celle qui s'en sortira le mieux sera Clara. Elle a pris le parti de jouer avec les codes de cette société qui lui offre peu d'avenir et de liberté. Des codes qu'elle pourra contourner, apprivoiser pour asseoir sa nouvelle vie.
Du haut de son écriture Moravia scrute ses personnages et il scrute le monde qui l'entoure, ses lecteurs aussi. Il observe cette société engoncée dans le manteau voluptueux et trompeur du fascisme de Mussolini. Où tout est en ordre, tout est codifié et contrôler pour la sécurité et la plénitude de « tout le monde ». Ces personnages tellement imprégnés de valeurs morales se conduisent de façon immorale. Moravia inverse les valeurs, casse les repaires, les éparpille brutalement. Il n'a pas envie de sauver ses personnages, ou si peu. Ils sont ainsi, peu sympathiques, sans joie, poupées inertes, ballottées par leurs névroses, leur paranoïa, leur consentement, leurs rêves… Car ils rêvent tous. Des rêves, des fantasmes, sur la vie des autres, sur leur vie à venir, sur l'instant d'après. Des rêves de grandeur, de splendeur, des rêves de vieux enfants, des rêves qui se heurtent à la réalité de leur vie.
MariaGrazia a des rêves d'amoureuse adolescente, de richesses inatteignables. Michele rêve d'un monde parfait, véritable où il aurait la force de vivre dans l'intransigeance de son moi profond. Clara rêve d'un amour romanesque, d'un homme idéal dans une vie palpitante. Lisa rêve d'un monde moins brutal, d'une virginité retrouvée à offrir à l'amour de sa vie et Léo rêve de Clara sans idéal ni vraiment d'amour, juste un rêve érotique qu'il pense bientôt assouvir, comme un dû qu'on lui doit, lui qui pense avoir tant donné et si peu reçu.
Les dernières pages montrent MariaGrazia et son amie Lisa ainsi que Carla en route pour une soirée. Elles sont déguisées. Carla porte un masque car c'est ce qu'elle a choisi : d'avancer masquée dans la vie. Et elle dit à son frère qui les attend « n'aie pas peur... »
Moravia pourrait le dire aussi : n'ayez pas peur de ce jeune homme d'une vingtaine d'année qui a écrit ce roman si sombre, si dur, si sec ; qui ne vous apporte aucun soulagement, ni solution ; cette bourgeoisie c'est la mienne, ce vide m'appartient aussi et pour mieux le dompter, pour mieux le comprendre et m'en asservir je dois vous l'exposer.
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J'ai lu ce roman il a quelques années. Les règlements de comptes familiaux sont un des grands thèmes italiens, aussi bien en littérature qu'au cinéma. (cf « I pugni in tasca » de Marco Bellochio).
Histoires bien poussiéreuses bien ancrées dans les campagnes isolées de l'après-guerre. Mais cette fois, c'est du lourd. Moravia, pour son premier roman, y va à la tronçonneuse. Il élague une après l'autre les branches de la généalogie familiale italienne. Comme dans beaucoup de pays méditerranéens, la famille est le dépositaire et la garantie, de l'ordre et de la sécurité, institution quasi confucéenne (voir aussi les premiers films de Marco Ferreri). Ou plutôt biblique, avec le patriarche comme autorité. Et la figure de Dieu omniprésente comme le symbolise souvent le crucifix au dessus du lit nuptial. Et bien, Moravia détruit tout ce bel agencement. Tous les dessous, au propre comme au figuré sont dévoilés, arme au poing, dans ce drame de la famille bourgeoise ordinaire.
Car, c'est bien de la bourgeoisie qu'il s'agit, celle qui porte le pays, celle qui possède, celle qui vote Démocratie Chrétienne. Il y va fort, le jeune Moravia, quelle audace, quelle écriture. Chaque personnage est décrypté et ensuite coupé, isolé de son lien avec les autres, tous englués dans la même fange. Personne n'en sort indemne.
Lu en VO. Une langue claire, précise, sans fioriture. L'auteur décrit page après page l'ignoble forfaiture familiale.
C'est magistral, c'est un des plus grands romans italiens que j'ai lu.
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Ce roman raconte l'histoire d'une famille bourgeoise déclassée. Les protagonistes sont la mère, la fille et le fils, ainsi que l'ancien amant de la mère de Leo, qui a maintenant posé les yeux sur sa fille, et la "petite amie" de la mère Lisa, brûlante de désir de séduire son fils. L'ambiance est comme dans les films de Visconti: une villa délabrée, une petite ville italienne dans la saison automne-hiver, des jeunes - beaux et condamnés, mais moins flamboyants par rapport aux personnages de Fitzgerald, et à côté d'eux se trouve un environnement sclérosé, qui ne connaît que l'égoïsme et la luxure.

La jeune génération est vouée à l'échec, mais ce n'est pas le detail le plus intéressant. Les actions réelles et les actes des personnages du roman sont autant racontées que leurs fantasmes, leurs rêves, leurs pensées, et ces rêves et ces pensées caractérisent mieux les personnages que leurs propres actes boiteux et impulsifs.

Malgré le fait qu'ils soient jeunes, les personnages principaux se trouvent dans une période de déclin - en d'autres termes, ils ont rejoint l'âge adulte, où la tromperie, l'hypocrisie, la luxure sont la norme. Tout le monde ne parvient pas à rompre avec les rêves d'une vie différente et à se réconcilier sans douleur avec la réalité. Moravia n'est pas resté indifférent à la romance de la nuit et des fenêtres des autres, vacillant sous la pluie dans l'obscurité - et cette note, une note de quelque chose de mystérieux, invitant à elle-même, située au-delà des limites de tout ce qui est familier et habituel, m'a le plus fascinée.

Il n'y a aucune certitude qu'il existe une autre vie, pleine de sens - à l'exception de ce point lumineux de la nuit, à l'exception d'une vue sur la ville, où des fenêtres sourdes et indifférentes se cachent sous les toits, où vous êtes attirés à regarder ... Mais tout cela est si éphémère qu'il se dénoue. Les rébus de la réalité dépassent le pouvoir d'un coeur saturé et fatigué de la monotonie. Ils abandonnent ... qui les blâmera, qui condamnera? Certainement pas nous, embourbés dans la vie de tous les jours, insensibles, indifférents ...
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Réunissons en quasi-huis clos cinq personnages : Leo, Mariagrazia, Carla, Michel et Lisa. Tissons entre ces personnages des liens officiels : Mariagrazia est l'amie proche de Lisa et l'amante de Leo tandis que Carla et Michel sont ses enfants. Emberlificotons-les dans des liens officieux qui sauront créer la discorde : Leo est attiré par Carla tandis que Lisa, l'ancienne maîtresse de Leo, essaie de mettre le grappin sur Michel. Entourons ce marivaudage de quiproquos qui sauront semer la discorde et laissons la naïve Mariagrazia s'imaginer que l'éloignement progressif de son Leo est une conséquence de la perfidie de son amie Lisa, et nous pourrons obtenir une image ressemblante du casse-tête que sont capables d'imaginer des Indifférents.


Mais au fait, tous ces personnages sont-ils vraiment indifférents ? Il semblerait plutôt qu'ils ne soient que deux et qu'il s'agisse des enfants de Mariagrazia : Carla et Michel. Lancés sur leur vingtaine, ceux-ci vivent encore aux crochets d'une mère fantasque et excentrique qui les domine et contrôle la plupart de leurs choix de vie. En résulte une certaine apathie, cause de leur indifférence, et une quête d'identité qui les poussera à mettre en jeu leur existence au petit bonheur la chance, le masochisme semblant être l'explication la plus pertinente de leurs choix aberrants. Toute la durée du livre est censée nous maintenir dans un suspense insoutenable jusqu'à ce que nous sachions si, oui ou non, Carla se forcera à coucher avec Leo et si, oui ou non, Michel réussira à surpasser son dégoût pour Lisa et à se mettre en couple avec elle. Malheureusement, même si l'on comprend les ressorts grossiers qui poussent ces jeunes personnages à l'autodestruction, il sera difficile de se passionner pour leurs intrigues amoureuses et de se prendre d'intérêt pour leurs failles psychologiques. La classe bourgeoise a ses problèmes, si dérisoires qu'ils n'intéressent même pas les autres bourgeois.


A la manière de Knut Hamsun, Alberto Moravia a créé des personnages qui se jettent d'eux-mêmes dans l'humiliation ou la douleur en y prenant une certaine forme de plaisir qui n'ose pas se revendiquer comme tel. Toutefois, à la différence de cet autre écrivain, Alberto Moravia n'induit aucune subtilité de réflexion et ne se distancie pas une seconde de ses personnages, transformant leurs petites embrouilles en tragédies.


« Mais ces visions ne le tourmentaient pas, n'éveillaient en lui nul sentiment. Il aurait aimé être tout autre : indigné, plein de rancune et de haine. Il souffrait de se retrouver à ce point indifférent. »


On comprend le désespoir d'un jeune homme si indifférent. Peut-être même a-t-on déjà connu cette insensibilité apparente. Pourtant, aucune compassion ni intérêt n'est possible. Alberto Moravia nous a transmis l'indifférence de ses personnages. On comprend que c'est embêtant, mais on ne va pas s'apitoyer…
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Les Indifférents est une manière de huis clos autour de cinq personnages, une famille de bourgeois en difficulté financière et l'amant de la mère qui la tient par l'hypothèque sur la villa que cette dernière à contracté auprès de lui. C'est une étude de moeurs d'une acuité sans merci sur une bourgeoisie à bout de souffle, vivant de faux semblants, minés par l'ennui, la lassitude, l'indifférence, la perte d'énergie vitale et de valeurs morales. le fils de la famille, Michel, est un être plein de velléités, d'aspirations, de révolte, mais qui est toujours gagné par le renoncement. Son regard désabusé, distancié, spectateur, face au spectacle affligeant des attitudes et des postures des protagonistes fait de lui un second narrateur; c'est un Meursault avant l'heure.

Le présent roman est une oeuvre de jeunesse de l'auteur et qui a connu un fort beau succès de scandale. Il est vrai que la description acerbe de la turpitude morale et de la bêtise foncière des protagonistes est des plus réjouissante à l'oeil de l'amateur de satyre et d'étude de moeurs acide.
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Il y a ceux qui se meuvent avec facilité dans le monde, sans interrogation éthique ; ils savent ce qu'ils veulent et prennent le plus court chemin pour y parvenir : ils ont toutes les cartes en main parce qu'ils y ont travaillé sans relâche et ils remportent la mise. Tel est Léo.
Il y a les rêveurs, ceux qui vivent entre deux mondes : une réalité dont ils s'évadent le plus souvent possible car ils y sont impuissants et s'y laissent déposséder par paresse ou par bêtise ; un univers onirique rempli de dangereuses chimère et d'un sentimentalisme creux. Telles sont Marie-Grâce et Lisa.
Il y a ceux enfin que leur lucidité et leur horreur du mensonge ne sauvera pas, ni ne rendra plus moraux, car leur incapacité à agir ne leur permet d'éviter aucun écueil : tels sont Carla et Michel.

Le monde d'Alberto Moravia était désenchanté déjà à l'âge où il écrivit "Les indifférents", c'est à dire entre dix huit et vint et un ans. Il est vrai que, cloué au lit par une tuberculose osseuse, il avait une vision acérée et impuissante de son époque sans horizon et de son pays, rongé par une bien-pensance et une hypocrisie qui conféraient aux moeurs et à la culture un provincialisme abhorré.
Les indifférents furent édités en 1949 et firent un scandale à leur sortie du fait de leur immoralité. Un peu plus tard, ils furent salués pour leur projet moral. Les deux ne s'excluent pas : en brossant une société de petite bourgeoisie nauséabonde, le narrateur du livre la condamne sans concession.
Moravia n'apporte ici aucune solution à la déliquescence de son milieu, mais dresse un état des lieux convainquant.
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l s'agit de la description d'une famille bourgeoise, où chacun vit avec les autres sans vraiment vivre avec. Seul un des fils, Michel, tente désespérément de redonner un sens à leur famille et à sa propre vie, en vain.
Moravia montre ici son talent d'écrivain psychologique. Par une narration lente, il montre la vie des personnages d'une même famille, indifférents les uns des autres, où l'intérêt personnel l'emporte sur la vie en communauté.
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Difficulté de l'individu à s'insérer dans une société dont les valeurs dominantes sont l'argent et le sexe, difficulté de l'homme à saisir et à comprendre le réel, rapports homme-femme décrits sans complaisance et analysés en termes de domination ou de lutte de pouvoir : décidément non, nous ne pouvons pas rester "indifférents" à l'écriture de Moravia.
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Ils sont cinq protagonistes. La mère, son fils Michel, sa fille Clara, son amant Léo et Lisa ex-maîtresse de l'amant de Marie-Grâce et partagent cette espèce de huis-clos, lent où il ne se passe rien d'ailleurs sauf la description de monologues intérieurs influant sur le comportement de chacun d'eux.

Marie-Grâce est une veuve, bourgeoise désargentée à qui il ne reste que la propriété hypothéquée que convoite son amant Léo, caricature de sale type à la démarche uniquement intéressée.
La mère est quant à elle une jalouse maladive au cerveau débile et égocentré ne trouvant d'intérêt que dans la futilité des choses de la vie.
Clara, jeune femme de 24 ans porte en elle une « non-vie », un sentiment de culpabilité et un besoin de souffrance et de repentance dont les fondements restent obscurs. La relation qu'elle entretient au fil du roman avec Léo qui fournit toutes occasions de satisfaire une morbidité relationnelle troublante.

Michel, son frère plus jeune, se désole quant à lui, au fil des pages de son manque de ressenti réel sur ce et ceux qui l'entourent. Agrémenté d'une couardise confondante ce sentiment en fait un quasi non-être qui voudrait sortir de son rôle d'observateur passif et inutile.

Lisa dans tout cela fait office de révélateur. Pleine de défauts elle aussi c'est malgré tout le personnage qui semble vivre le plus normalement cet imbroglio bourgeois et sentimental de peu d'intérêt.

Ce qui reste et rend ces Indifférents remarquables c'est finalement que le pire décrit n'est pas celui que l'on imagine et que le pire qui se produit n'est pas celui que l'on redoute.

Sans être particulièrement noir, ce roman donne à voir tellement peu de qualités humaines, tant de lâcheté et de faiblesse cumulées, qu'à à peine 22 ans, Moravbia si bien mise au jour, comme si tout de la vie, au-delà d'un pseudo scandale de moeurs, lui était déjà connu.



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