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Critique de fuji


Lu dans le cadre de la Rentrée Littéraire Cultura.
Quartier de la Défense, la tour Magister avec ses 38 étages qui s'élèvent vers le ciel et les étoiles qu'elle vise et ses 7 sous-sols qui s'enfoncent dans la noirceur, est le symbole de ce que notre monde produit de plus vil.
Dans le jeu de Tarot, cette carte « la tour abolie a la signification suivante : Sombre et menaçant, la Tour est l'incarnation de la perturbation et du conflit. Pas seulement du changement, mais le mouvement brusque et les secousses provoquées par les événements imprévus et traumatiques qui font partie de la vie. La Tour dans votre main est toujours une menace, et implique inévitablement la tragédie, et vous devez décider si vous allez faire face avec grâce… » Gérard Mordillat ne pouvait pas trouver meilleure illustration.
Ce roman foisonne de personnages, ce n'est pas rédhibitoire dans sa lecture, il y a une liste en fin de livre, mais finalement le lecteur n'a pas vraiment besoin de s'y reporter.
Au sommet, 3R et ses larbins qui s'imaginent être le « bras droit » du patron, cela valse et la dégringolade est rude comme pour Nelson qui après avoir vécu par et pour son travail sans rien voir d'autre, perd tout : situation, argent et famille.
Et aux sous-sols la hiérarchie s'établit naturellement avec la loi du plus fort. Au fond tout au fond la horde, ensuite les rats, les zombies toute une faune qui vit là mais qui risque fort d'ouvrir des mâchoires d'acier.
Il y a Peggy qui a un emploi dans cette tour mais son salaire ne lui permet pas d'avoir un logement, alors elle dort dans sa voiture au -2, avec son frère un illuminé dont elle a la charge. Pour que personne ne sache, elle s'ingénie à trouver des astuces de survie.
Tout ce monde souterrain se nourrit des trois containers de déchets du self, mais il est question de fermer le self pour en faire une salle de fitness…
L'auteur décortique magistralement le fonctionnement de ces entreprises tentaculaires qui sous de faux prétextes, par exemple l'amélioration des conditions de travail et une meilleure connaissance entre collègues, promènent leurs salariés de séminaire en séminaire pour mieux les broyer. de plus l'émulation est si stimulante qu'ils se détruisent entre eux.
L'écriture est aussi flamboyante que noire. La palette du vocabulaire est riche de la multitude des sujets.
Un livre tellement réaliste qu'il nous concerne tous, car nous sommes tous acteurs de ce monde qui s'effondre, coupable de faire pour les uns mais responsables de laisser faire pour les autres, les sans voix…
Car le sel de la vie a disparu au bénéfice du toujours plus de tout (ce qui se consomme, s'achète, ce qui fait le niveau social…) et de moins en moins de relations basées sur l'humain.
Gérard Mordillat est un écrivain pour qui le sens des mots ne se perd pas et pour qui les maux de notre société méritent une mise en mots comme une mise en abyme.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 22 août 2017.
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