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Malgré les incohérences langagières : les personnages les plus populaires parlant un argot dâté alors que les scènes sont censées être actuelles, l'émotion est pour moi toujours grande de lire un nouveau livre de Gérard Mordillat. Un des rares auteurs (le seul ?) à parler des classes sociales les plus populaires. Et il va loin, l'intrigue se passant dans une tour de bureaux de la Défense. 38 étages et 7 sous-sols, représentant chacun un niveau social de notre pays.
Malheureusement, j'ai trouvé cette fois-ci que la mayonnaise ne prenait pas. Les personnages sont bien campés, mais ils manquent cruellement de coeur, de corps, de chair tout simplement. Je ne m'y suis pas attaché et l'émotion n'est pas venue.
Ce n'est pas grave M. Mordillat, pour moi, votre meilleur livre est toujours celui à venir. Merci pour votre ouvrage, et merci pour la parole que vous donnez à une population que d'aucuns appellent "ceux qui ne sont rien".
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Paris, la Défense.
Le roman s'ouvre sur l'inauguration de la tour Magister, doigt tendu vers le ciel, exubérante et insolente, nouvelle Babel symbole de l'orgueil humain. Ses trente-huit étages et sept sous-sols sont la propriété d'une compagnie d'assurance, filiale française d'une Holding internationale.
Fidèle à son engagement définitivement social, Gérard Mordillat dresse un portrait au vitriol, décapant et mordant, des arcanes de l'immeuble. La Tour est société, peuplée de vivants et de spectres.
Si la richesse évolue dans les plus hautes sphères, les sous-sols sont les bas fonds dantesques d'un monde au rebus, affamé, avili, puant, sordide.
Mais la vie est facétieuse et manque d'étanchéité ; le microcosme soigneusement cloisonné prend l'eau de toutes parts. Les uns s'élèvent tandis que d'autres chutent.
C'est baroque, violemment poétique, c'est les damnés de Jéricho sur un radeau en perdition, c'est les sirènes de l'Apocalypse scellant un funeste destin au capitalisme.
Âmes sensibles s'abstenir. L'auteur use de toutes les irrévérences, forgeant une poésie cruelle et sans fard pour habiller ses personnages de défroques caricaturées. Il y a du Charlie chez Gérard. Il faut choisir d'en rire plutôt que de s'en offusquer, et c'est jubilatoire.
En filigrane reste ce regard si profondément humain porté sur les sans voix, les sans noms, les oubliés, les perdus, mais aussi sur les failles, les peurs, les lâchetés et les grandeurs de ceux pris dans la grande roue de la réussite à tout prix.
Reste un roman inclassable, pamphlet outrancier et boursouflé, revers d'un miroir que notre monde érige en modèle, inconscient de sa veulerie et de ses turpitudes.
A moins que de conscience, il n'en ait tout simplement pas...
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G.Mordillat n'est plus à présenter, et sa « fibre sociale » n'est pas prête à se déliter.
Cette fois l'action se passe dans la Tour Magister , qui relève le défi de Babel : elle tutoie le ciel sur 38 étages et s'enfonce dans 7 sous -sols au coeur même de la Défense . C'est là que siège un important groupe d'assurances mondial.
Cette tour est une allégorie de notre société hiérarchisée, et du 38ième directorial on descend de milieu social jusqu'aux bas -fonds de la société, .Le sous sol -7 est d'ailleurs nommé celui des rats, c'est un abîme de misère, où il faut se battre pour survivre . « Heureusement » y sont entreposées les poubelles du self de l'entreprise qui permettent au moins aux plus démunis de se nourrir un peu.
Jusqu'au jour ou un ambitieux directeur adjoint imagine une salle de fitness dans ce sous sol. Viendra le moment d'arroser les restes d'eau de javel .
Révolte donc, et pas en demie-teinte chez Mordillat.
Une cinquantaine de personnages traversent ce roman cinglant et en particulier Nelson, un cadre supérieur du 38ième qui à la suite de son licenciement sombre dans la misère et la folie, et Peggy, hôtesse d'accueil pimpante et appréciée, qui elle, dort dans un sous-sol dans sa voiture en compagnie de son frère, complètement illuminé mais à priori pas dangereux.
Les dirigeants ont eux aussi des vies privées pas toujours faciles, et restent crédibles même si le trait de l'auteur est acéré .
Vers le milieu du livre , des pages entières de vocabulaire insane, je n'aime pas trop l'idée que la misère fasse des malheureux des êtres comparables à des animaux.
Les dernières pages se terminent en feu d'artifice salvateur ,quelques lignes seulement pour ne pas désespérer de ce monde.
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Lu dans le cadre de la Rentrée Littéraire Cultura.
Quartier de la Défense, la tour Magister avec ses 38 étages qui s'élèvent vers le ciel et les étoiles qu'elle vise et ses 7 sous-sols qui s'enfoncent dans la noirceur, est le symbole de ce que notre monde produit de plus vil.
Dans le jeu de Tarot, cette carte « la tour abolie a la signification suivante : Sombre et menaçant, la Tour est l'incarnation de la perturbation et du conflit. Pas seulement du changement, mais le mouvement brusque et les secousses provoquées par les événements imprévus et traumatiques qui font partie de la vie. La Tour dans votre main est toujours une menace, et implique inévitablement la tragédie, et vous devez décider si vous allez faire face avec grâce… » Gérard Mordillat ne pouvait pas trouver meilleure illustration.
Ce roman foisonne de personnages, ce n'est pas rédhibitoire dans sa lecture, il y a une liste en fin de livre, mais finalement le lecteur n'a pas vraiment besoin de s'y reporter.
Au sommet, 3R et ses larbins qui s'imaginent être le « bras droit » du patron, cela valse et la dégringolade est rude comme pour Nelson qui après avoir vécu par et pour son travail sans rien voir d'autre, perd tout : situation, argent et famille.
Et aux sous-sols la hiérarchie s'établit naturellement avec la loi du plus fort. Au fond tout au fond la horde, ensuite les rats, les zombies toute une faune qui vit là mais qui risque fort d'ouvrir des mâchoires d'acier.
Il y a Peggy qui a un emploi dans cette tour mais son salaire ne lui permet pas d'avoir un logement, alors elle dort dans sa voiture au -2, avec son frère un illuminé dont elle a la charge. Pour que personne ne sache, elle s'ingénie à trouver des astuces de survie.
Tout ce monde souterrain se nourrit des trois containers de déchets du self, mais il est question de fermer le self pour en faire une salle de fitness…
L'auteur décortique magistralement le fonctionnement de ces entreprises tentaculaires qui sous de faux prétextes, par exemple l'amélioration des conditions de travail et une meilleure connaissance entre collègues, promènent leurs salariés de séminaire en séminaire pour mieux les broyer. de plus l'émulation est si stimulante qu'ils se détruisent entre eux.
L'écriture est aussi flamboyante que noire. La palette du vocabulaire est riche de la multitude des sujets.
Un livre tellement réaliste qu'il nous concerne tous, car nous sommes tous acteurs de ce monde qui s'effondre, coupable de faire pour les uns mais responsables de laisser faire pour les autres, les sans voix…
Car le sel de la vie a disparu au bénéfice du toujours plus de tout (ce qui se consomme, s'achète, ce qui fait le niveau social…) et de moins en moins de relations basées sur l'humain.
Gérard Mordillat est un écrivain pour qui le sens des mots ne se perd pas et pour qui les maux de notre société méritent une mise en mots comme une mise en abyme.
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 22 août 2017.
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Il y a ceux qui ont tout, de l'argent, du travail à la société d'assurances Magister et ceux qui sont aux étages inférieurs qui n'ont rien. Après un début accrocheur, et même l'histoire se rapproche dangereusement de notre réalité, le langage vulgaire et la description de violence, de sexe, de drogue m'ont fait lâche ce livre avec aucune envie de retour.
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Avis de Grybouille (Chroniqueur sur le blog Léa Touch Book) :

Bonjour à toutes et à tous,

Aujourd'hui, nous nous retrouvons pour un roman écrit par Gérard Mordillat et pour qui connait cet auteur soyez prêt à tout… Et vous avez raison, dans cette tour de Babel moderne nous sommes invités à suivre du 38ème étage jusqu'au – 7 dans les sous-sols des personnages qui ne vous laisseront pas insensible.

Mordillat, c'est un style, une ambiance, des clins d'oeil à l'actualité, la connaissance parfaite de ce qui nous a amené ici et là, des recherches, un vocabulaire qui colle aux situations. Ici on parle vrai, on cause juste, pas de faux semblants et un scénario menant à un final qui emporte tout…

Alors accrochez-vous amis(ies) lecteurs(rices).

L'histoire,

La tour abolie, c'est la tour « Magister », la tour dont le propriétaire est un groupe d'assurance. Une tour si haute dans le quartier de la Défense, sur 38 étages la hiérarchie de l'entreprise n'est pas un vain mot.
Tout en haut un Directeur et tout en bas une secrétaire réceptionniste, mais si on creuse encore sept étages de sous-sol vous y attendent…

Les employés sont catalogués par leur revenu annuel et par le contrat qui les lie à la boite.
Dans les sous-sols les êtres qui y vivent sont soumis à la loi des plus forts. Ils survivent entre zonards mais chacun dans son périmètre, une cour des miracles.

« Les résultats sont bons… cependant… les actionnaires nous pressent de dégager 10% d'économies supplémentaires. » dit le PDG de Magister, son surnom 3R.
« Élargissons le plan social. » propose le Directeur des Ressources Humaines.
« Nous pourrions fermer le self ? » rajoute le Directeur financier.

Le début de la fin… de la faim…

Au milieu de toutes ces vies qui vont s'entrecroiser, se percuter, se déchirer, il y a Nelson.
Ce cadre « débarqué » lors d'un énième plan social, va tout perdre, femme, enfants, maison, plus de dignité, plus de maitresse. Une descente aux enfers avec des questions récurrentes lors de la recherche de son rêveur « Tu as tout dans la tête ? » et « Pourquoi ? »

Peggy, la réceptionniste qui vit au -2 dans une voiture avec son frère Simon. Une intérimaire à 1400 Euros par mois « sa beauté irradiais. » Ils se sont posés sur l'emplacement 247, en numérologie 2+4+7=13, 13X2= 26, le nombre sacré.

Slimane, un agent d'entretien, « Notre métier, c'est d'embellir la vie. » Lui ? Il possède une mobylette et doit faire 45 minutes de trajet pour venir travailler, maltraiter par un petit chef surnommé « le Gros ».

Saphir, une zoneuse du -7, « Un jour, elle défoncerait tout. »

Les Popovs, les junkies, en mode survie dans les bas-fonds…
Au-dessus ? le monde de l'entreprise : Les faux semblants, les traitrises, la manipulation, les violences, la possession, l'amour, l'abandon, l'union, la maladie, la folie …

Quentin Lefranc, le Directeur financier, et sa femme Marie-Fleur, quatre enfants, une vie où l'amour se calcule selon un calendrier très précis…
Xavier de Lacourt, le secrétaire général, Anna- Maria son épouse, une union très libre dont le DRH Frédéric Hessler profite…

Thelma, et ses écrits… Fabuleux.

Margot, Claire, William, Richard, Iwona, Gladys, Bollo, Abdel, Mousse, Chérif, Christian, Homar, la Horde, les Rats, les Zombies, Jack, Shimano, Francis, une cinquantaine de personnages vivent dans cette tour…

Attention amis (ie) lecteurs (trices) si vous ne venez pas à Mordillat, Gérard viendra à vous. le p'tit Duc vous aura prévenu… En prime, page 79 un clin d'oeil à « La brigade du rire »…



Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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J'ai adore des vivants et des morts si bien que j'ai lu tous les autres livres de Mordillat. Cest donc tout naturellement que j'ai acheté son nouveau roman et que je me suis empressée de le lire. Qu'est ce qui a bien pu se passer dans la tête de l'auteur? Ce livre est une vraie deception. Mordillat passe son temps à décrire avec moult détails des scènes de violence principalement autour du sexe ce qui n'apporte absolument rien à l'histoire. On a du mal à cerner les personnages qui sont tous plus ou moins déjantés . Dans Xenia l'héroïne était touchante et le lecteur pouvait s'identifier à sa vie et à ses déboires . Dans la tour abolie même le vocabulaire utiise par les zonards est incompréhensible. Je suis tres déçue car je m'attendais à beaucoup mieux après des ouvrages très réussis.
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Je me sens comme une naufragée agrippée à son pauvre rocher. A bout de souffle, la tête vide, la peur encore nouée au ventre, les muscles douloureux, je suis comme au bord du gouffre… Et pourtant, c'est échouée comme perdue dans mon salon que je me trouve.
La raison de cet état ? Je viens de terminer la dernière page du roman époustouflant « La tour abolie ». Une fable cynique de notre société que j'ai avalé en un souffle tant l'histoire et les personnages sont criants de vérité.
« La tour abolie » n'est donc pas un livre qui laisse indifférent. Au contraire, seuls les mûrs des étages supérieurs de cette gigantesque tour sont en marbre, alors que son socle, lui, se fissure.
Car à l'image de notre société où dans l'imaginaire collectif les élites sont en haut d'une pyramide de la réussite, et bien c'est en haut de la tour Magister dans le quartier de la Défense que travaillent le gratin, les ronds de cuir. Et plus on monte les trente-huit étages, plus on gravit l'échelle sociale. Au contraire, en bas, dans les sous-sols, dans les bas fond, on s'enfonce aux enfers du côté des bannis.
Et la tour Magister c'est un peu la tour de Babel des textes anciens, mais avec des personnages, beaucoup de personnages, d'une vérité et d'une profondeur rares.
Viscéralement engagé à gauche, l'auteur, Gérard Mordillat, donne vraiment à sa tour abolie un côté fin du monde très réaliste. Car dans cette société verticale où les humains de chaque étage ne se mélangent pas vraiment mais sont pourtant très interdépendants les uns des autres, il suffit d'un grain de sable pour que la machinerie se détraque.
Le caillou dans la chaussure de la tour, c'est une décision, une décision irraisonnée (comme le sont souvent les décisions hiérarchiques) qui met le feu au poudre : le directeur financier de la tour décide en effet de fermer le self pour récupérer de l'espace. Une décision parmi tant d'autres qui ne bouleverse par franchement le haut de la tour mais qui, dans les sous-sols, crée une véritable onde de choc. Car là, au fond du fond de la tour, là où la lumière n'arrive plus, vivent des hommes, à demeure, déjà morts socialement, et se nourrissant des déchets du self.
C'est alors la révolte, la révolte des enfers, la révolte des zombies venus des bas fonds de notre société et des bas fonds de la tour.
Une parabole des temps moderne
« La tout abolie » est une véritable parabole des temps modernes, chaque mot nous renvoyant à nos propres écueils sociaux. Chaque mot résonnant avec l'actualité, chaque mot alarmant face à nos déshérences. Et c'est vrai que dans cette tour où les humains vivent sans se regarder, il suffit d'un dysfonctionnement, pourtant anodin, pour créer le chaos.
Et puis « La tour abolie », c'est aussi et surtout des mots. Des mots qui font mal, des mots qui sautent à la figure. Avec son style si tranchant, si explosif, si millimétré, Gérard Mordillat arrive en effet à dresser une large galerie de portraits du grand patron au clochard déchu. Changeant de style comme on change d'étage, il nous fait trembler, rire, pleurer avec ses héros, sans jamais verser dans un misérabilisme facile.
C'est bon, c'est très bon. Cela réveille, secoue et donne envie d'aller voir un peu à chaque étage ce qui s'y passe !
EVE MAG, LE MAG DES FILLES

Lien : https://evemaglemagdesfilles..
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Trente-huit étages et sept niveaux de sous-sol, la tour Magister, dans le quartier de la Défense, c'est le siège social de la société d'assurances Magister.
Au sommet de la tour : le gratin de la direction.
Ce roman est une image frappante du monde de l'entreprise contemporaine.

Du haut de la tour, c'est un ruissellement de mépris sur les étages inférieurs où travaillent les salariés.
Quant aux sept niveaux de sous-sol, ils servent de lieu de vie à des sans papiers, des SDF, des travailleurs pauvres, des junkies (les Popovs, les Zombies, les Rats...)
Certains personnages sont très attachants.

C'est plein de propos pertinents sur la vie sociale de notre époque, d'humour et de révolte.

Une énorme explosion de colère à la fin de cette histoire émouvante et hilarante à la fois.

Bravo et merci à Gérard Mordillat.
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Une excellente critique de notre société du toujours plus, où tout peut s'arrêter du jour au lendemain et plonger la personne dans le monde des invisibles/indésirables... Un de mes coups de coeur de l'année.
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