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Critique de Belem


C'est très louable de la part de Gérard Mordillat (comme d'autres d'ailleurs qui ont essayer), de tenter de raconter une grève dans une usine. Mais bon, je n'arrive pas à accrocher. Une grève, un mouvement social, c'est un moment d'une telle intensité, qu'il est bien difficile de traduire cela dans un roman, avec des mots écrits, de petites phrases dérisoires couchées sur du papier. Cela ne pourra jamais refléter la puissance de l'événement, sa générosité, le déferlement de réflexion, d'imagination, de créativité dans le ciboulot des grévistes. La vie devient plus intense, tout s'accélère, les relations humaines deviennent tendues, mais vers un effort commun. La sensation d'exister prend un sens particulier, dans des situations tour à tour comiques, graves, dramatiques parfois. Ce n'est pas pour rien que la plupart des travailleurs ayant vécu une grève déclarent après coup avoir retrouver une dignité humaine entière, élevée, à proprement parlé extra-ordinaire. Même si chez Mordillat, l'effort de rendre « vrai » est réel, j'sais pas, je trouve toujours ça : petit, succinct, chétif, étriqué, rabougri, tellement que ça en devient même pathétique et insignifiant. (Désolé pour Mordillat, c'est tombé sur lui cette critique acerbe, alors qu'il est sans doute aujourd'hui le plus doué dans cet exercice – même si ils ne sont pas nombreux, les écrivains à s'y coller !)
Bon, Zola, oui, dans Germinal. Là, d'accord. Mais c'était toute une ambiance, aussi : la mine, le charbon, la misère sociale, l'ardeur et la fraternité de la classe ouvrière. Aujourd'hui, c'est différent, mais pour donner du souffle au roman social, il y a sans doute d'autres choses à montrer.
Car ce que je n'aime pas, non plus, c'est cette façon de tomber dans les clichés de la « lutte radicale », quand l'inefficacité, l'impuissance, se transforme en violence stérile. Ce n'est pas ça, être radical. Être radical, c'est miser sur la conscience et l'organisation démocratique des grévistes. Ce n'est pas d'incendier des usines qui est « radical », c'est de s'en emparer.
Rouge, donc, si peu ; mais dans la brume, oui, toujours malheureusement.
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