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Critique de jvermeer


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Il y a quelques années, je visitais le musée Condé à Chantilly. J'avais été intrigué par un beau portrait de femme. le cartel indiquait : « Portrait de femme dit de Simonetta Vespucci – Piero di Cosimo, vers 1480 ». Je savais que cette femme avait été peinte par les plus grands artistes de la renaissance italienne et avait été la muse du grand peintre italien Sandro Botticelli.

Le portrait du musée Condé m'apparaissait à nouveau sur la couverture du roman de mon amie Christiana Moreau, artiste elle-même, peintre, sculptrice et écrivaine. Son troisième livre ne pouvait donc qu'intéresser le passionné d'art que je suis.
Quelle aventure ! Tout le long du roman, elle m'a entrainé dans une sorte de jeu de piste, balisé d'indices, joué par quatre femmes, une statuette en argile étant l'élément central du jeu.

Chapitre après chapitre, en Belgique à notre époque, puis dans la période dite du Quattrocento, 15ème siècle italien, riche période de l'art de ce pays annonçant le début de la Renaissance en Europe, nous suivons le parcours mouvementé de ces femmes. Elles sont toutes magnifiques :
SABRINA est restauratrice de nos jours au musée des Beaux-Arts de Bruxelles. Belge d'origine italienne, elle se lance dans une recherche pour connaître le nom de la sculptrice d'un portrait en argile dont elle vient d'hériter de sa grand-mère italienne Angela. le nom de l'auteure de la sculpture, une femme, est gravé dans l'argile : Costanza Marsiato, avec une devise : « La Sans Pareille ».

ANGELA, deux générations auparavant, grand-mère de Sabrina, quitte l'Italie et sa famille pour aller retrouver son mari Guiseppe parti travailler dans les mines de charbon en Belgique. Avant son départ, elle demande à sa mère de respecter une tradition : lui donner la sculpture de terre cuite surnommée « La Belle Dame » qui se transmet de générations en générations, de mère en fille aînée, depuis des siècles.

COSTANZA, à la fin du quattrocento, quitte son père qui fait des poteries dans un atelier du village d'Impruneta réputé pour la qualité de sa terre, une argile enrichie par les alluvions du fleuve l'Arno. La jeune femme rêve de devenir une artiste. Les femmes n'étant pas acceptées dans les ateliers, elle se travestit en homme et rejoint l'atelier d'un maître florentin qui exécute des objets d'art pour Medici. Quelques années plus tard, quittant la Florence terrorisée par le moine Savonarole, elle retournera à son village avec sous le bras sa sculpture de la belle Simonetta décédée vingt années auparavant.

SIMONETTA, mariée à Marco Vespucci, est la reine de la ville de Florence dirigé par Lorenzo de Medici, surnommé Lorenzo il Magnifico, grand mécène des arts. Son frère Guiliano est amoureux de la jeune femme. Tous les artistes de la ville ne pensent qu'à faire son portrait.

Ce roman historique, véritable livre d'art, m'a tenu en haleine de bout en bout. Un régal dont beaucoup de lecteurs vont se délecter !
Je rêvais depuis longtemps de visiter Florence, joyaux artistique du quattrocento italien. Il suffisait de suivre l'auteure. Elle connaissait tout sur cette cité et la richesse de son patrimoine. Je l'ai visitée en marchant à ses côtés le long de l'Arno. J'ai même pu admirer les merveilleuses peintures de Botticelli exposées à la galerie des Offices.

À Florence, l'héroïne du livre, Simonetta Vespucci, était surnommée par les habitants « la bella Simonetta » ou « La Sans Pareille ». Sandro Botticelli adorait platoniquement cette femme dont il fit sa muse. Comment oublier « La Naissance de Vénus » et « le Printemps », toiles mondialement célèbres. Elles ne seront achevées par le maître qu'après la mort du modèle, pleurée par toute la ville, à 23 ans.

Le travail de l'argile, le séchage, la cuisson dans les fours, n'ont pas de secret pour Christiana Moreau qui le pratique régulièrement toute l'année. J'ai découvert la ville d'Impruneta, près de Florence, et cette terre dont les particularités permettaient la naissance de poteries dont la couleur devenait rouge rosé après cuisson.

Par un savant modelage dans la glaise gris-bleu de son village, la sculptrice, Costanza, va ressusciter « La Sans Pareille » décédée vingt ans auparavant. Visiblement, l'auteure s'est inspirée du portrait de Simonetta Vespucci peint par Piero di Cosimo, celui qui m'attirait irrésistiblement au musée Condé à Chantilly : front bombé et dégagé, petit nez retroussé, chevelure torsadée entrelacée de perles, un serpent s'enroulant autour du précieux collier au-dessus de sa poitrine, symbolisant la mort de la jeune femme. Curieusement, dans cette description, j'ai repensé à Agnès Sorel, la maîtresse du roi de France Charles VII, et son très beau portrait par Jean Fouquet en 1453 : sourcils et cheveux toujours épilés afin de dégager très haut son front d'un bombé parfait, poitrine dénudée.

Christiana Moreau, n'a pas eu besoin de forcer son talent de romancière démontré dans ses deux précédents romans. Artiste complète, elle possédait en elle tous les ingrédients nécessaires pour conter avec talent cette histoire foisonnante mêlant réalité et fiction dans le monde de l'art.

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