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Critique de LesFacesLitteraires


Je retrouve Sarah Morgan, une auteure de romance avec une nouvelle saga du nom de « Coup de foudre à Manhattan ». Ce premier volume est une belle surprise, porteur de messages existentiels. Après avoir lu les deux premiers tomes de sa trilogie « Les frères O'Neil », se déroulant au coeur de la montagne ; le choix de nous faire voyager en pleine ville dans cette nouvelle aventure est une façon de nous faire part d'un ailleurs, un style de vie peut-être différent ou similaire au nôtre. Encore une fois, Sarah se base sur des faits réels, tout en créant une histoire d'amour. Les accroches de ce roman se composent de raisonnements et d'observations profondes, avec des personnages travaillés et se complétant harmonieusement. En contrepartie, la narration est à la troisième personne du singulier, je ne suis pas encore convaincue par cette forme d'écriture ; elle me laisse souvent perplexe et légèrement indifférente aux émotions. Manhattan est à découvrir à travers les yeux de Paige, de Jake et de leur entourage, une histoire engagée sur la peur de l'inconnu et sur l'intime de soi.

Paige est une survivante, après une adolescence difficile où elle passait son temps dans les chambres aseptisées des hôpitaux et une famille beaucoup trop protectrice ; elle décide de prendre sa vie en main et de se réfugier dans la ville de New York. Elle est proche d'obtenir ce qu'elle souhaite, quand tout bascule, elle se relève une nouvelle fois avec l'aide, le soutien de ses deux meilleures amies. C'est une héroïne très indépendante, elle ne veut aucune assistance et tente de mener sa vie comme elle l'entend. Je me suis prise d'affection pour ses incertitudes et son besoin de contrôle, Paige fait écho en moi ; elle est le miroir des individus analysant tout, le rappel constant que l'inconnu peut nous rattraper à tout instant. Elle est le reflet de la détermination de réussir et de la force d'être elle-même, son évolution au cours du livre est très bien amenée ; une protagoniste avec le coeur sur la main, une intelligence certaine et une fougue pour la vie. Elle coupe le souffle, ses masques pour cacher ses émotions peuvent résonner en nous.

Jake Romano est le meilleur ami du frère de Paige, c'est aussi le dirigeant d'une grande entreprise. Au début, il paraît très fermé et mystérieux ; petit à petit, il s'ouvre sur son passé et je n'ai pas vraiment ressenti de peine pour lui, mais plutôt de l'admiration. Bien évidemment, c'est un héros aimant les femmes, et s'engager pour lui n'est pas dans ses projets. En vérité, il ne croit pas à l'amour, l'abandon qu'il a vécu en est la cause. Il identifie les sentiments comme étant source de perte, de souffrance et de complication. Dans un sens, ses arguments se comprennent, mais c'est aussi et particulièrement un héros têtu, avec des peurs qui le dévorent au point de faire abstraction de l'évidence. Il est plaisant sur plusieurs aspects ; sa loyauté incommensurable, son esprit vif, ses valeurs entières auprès de ses amis et de ses collaborateurs. C'est quelqu'un de passionné, à l'écoute et d'une franchise absolue sauf envers lui-même.

Mon plus grand plaisir dans ce genre de littérature, c'est toute l'enveloppe autour des deux personnages principaux. En effet, ils sont accompagnés par des amis, de la famille, à chaque instant. du coup, la romance, même si c'est le thème de l'oeuvre, n'est pas lassante ou présente sur chaque scène. Les complices de Paige sont extraordinaires, avec des personnalités totalement à l'opposée ; elles forment ensemble un trio attachant ; de ce fait, l'amitié est aussi un visage de ce récit. Malgré une fin sans surprises, en mode conte de fées ; l'ensemble du livre est captivant ; l'originalité se trouvant dans certains thèmes abordés, dans les développements intenses des relations entre les protagonistes, dans les questionnements de chacun d'entre eux et dans leur environnement et leurs situations. L'histoire d'amour entre Paige et Jake met une éternité à s'installer, c'est à la fois déroutant et intéressant ; c'est plutôt rare pour une romance. Entre eux, l'attirance est conflictuelle, l'une garde en souvenir son humiliation et l'autre ne souhaite pas lui faire de mal ; or, les envies ne s'éloignent pas et prennent de plus en plus de place au sein de leur rapport. Ceux-ci, au commencement, sont à la fois hostiles et amicaux. J'ai pris plaisir à suivre leur façon de se comporter ensemble, ils forment un couple chaleureux. Sur les émotions, je suis sceptique, j'ai ressenti quelques sautillements du coeur, le sourire se dessine de lui-même durant la lecture et les dialogues ont du sens au point de se répercuter en moi-même ; toutefois, les détails en surcharge triomphent sur les possibilités des sentiments à éprouver.

Je suis passée par différentes étapes avec la plume de l'auteure sur cet ouvrage. Sarah Morgan change vaguement son style d'écriture, plus enrichie sur le vocabulaire, la construction du texte et le déroulement du récit en lui-même. Cette métamorphose diffuse son talent, le révèle une nouvelle fois. Néanmoins, je suis réservée sur cette plume parfois sophistiquée, moins simple que dans sa saga précédente. Je regrette profondément la forme de la troisième personne du singulier, tout en connaissant la richesse qu'elle apporte à l'histoire. En effet, celle-ci est idéale pour changer de perspective sur les héros et pouvoir donner des informations plus externes. Sarah Morgan rehausse cette romance par des traits d'humour, une écriture toute en virtuosité, avec des passages sensuels, des interactions sur lesquelles la réflexion émerge.

« Nuit blanche à Manhattan » est peut-être une oeuvre inattendue, sur le déroulement de l'histoire d'amour, sur l'écriture recherchée de l'auteure, sur la profondeur des personnages. Paige est vraiment le genre de femme moderne, capable de diriger une entreprise, de prendre des décisions par elle-même et de ne pas baisser les bras face aux épreuves. Son passé médical, ses combats, démontrent toute son envie de vivre. À propos de Jake, je l'ai apprécié sans tomber naturellement sous son charme ; sa perception de l'amour n'est pas la mienne alors je ne suis peut-être pas objectif avec lui. Dans les moments où il devient « sentimental », il est tout de même adorable et très appétissant comme homme ; ses faiblesses et ses qualités le font paraître humain. Une romance passionnante, bercée par des liens amicaux, des projets en construction et des peurs à dépasser. Au-delà d'une lecture peut-être futile pour certains, elle m'influence l'esprit ; j'en suis un peu déstabilisée. Un dénouement, certes, rapide et manquant de profondeur en comparaison du fond ; pourtant, je termine ce roman en étant apaisée. En dépit de mon bilan positif, je me sens à distance du coup de coeur, ou même d'une découverte majeure. La plume élaborée de Sarah Morgan, se différenciant de « Les frères O'Neil », m'a perturbée durant de nombreux chapitres, ces derniers s'allongent sur une quantité de pages et la narration choisie ne m'a pas totalement séduite. L'écriture est précise et animée, presque sans fausse note, seulement les émotions ne se libèrent pas véritablement.
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