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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Coup de coeur absolu pour ce premier roman ! ● Dans un amphi de Sciences Po, le narrateur, César, s'ennuie à mourir lorsqu'une fulgurante douleur au bras le laisse penser qu'il fait un infarctus. Il quitte le cours et se retrouve dans une pharmacie où on lui dit sans ménagement qu'on ne peut rien faire pour lui et qu'il ferait mieux d'aller aux urgences d'un hôpital. Il hésite et finalement prend un taxi pour rentrer dans sa chambre de bonne, au-dessus de l'appartement de sa grand-mère, celle-là même qui l'appelle tendrement « mon pauvre lapin », donnant son titre au livre. ● Déjà à l'école (« Je suis donc allé à l'école. J'ai commencé à rencontrer mes congénères, mais bon, je préférais l'allaitement ») et au collège, il était mal dans sa peau, mal à l'aise avec les garçons dont il ne partageait aucun des centres d'intérêt – football, jeux vidéo, filles – mais aussi, quoique moins, avec les filles, avec lesquelles il n'était pas prêt à prendre le rôle de séducteur qu'on attendait de lui. ● S'ajoutent à cela une impression de difformité physique, un nez cyranesque, un oeil bizarre et un menton prétendument prognathe (qui ne l'empêchent cependant pas d'attirer à lui les plus belles filles du bahut, dont il est bien embarrassé), et surtout, surtout, un entourage familial où les femmes prédominent : sa mère (qui le surprotège et dont il est le petit « chou bidou » avec coeurs et oursons dans les SMS (« Ma mère a toujours eu du mal à comprendre que l'amour aussi peut être nocif)), sa grand-mère qui passe la moitié de sa vie en Floride copinant avec une flopée de riches veuves comme elle, et ses nombreuses tantes, soeurs envahissantes de sa mère, toute la fratrie – ou plutôt la « sororie » – vivant aux crochets de la riche grand-mère. (« Plus il y avait de femmes autour de moi plus je me sentais dans mon élément. ») ● Ses parents ont divorcé ; son père est plus occupé de ses maîtresses, dont la terrible et germanique Ursula ; sa mère enchaîne les périodes « on » et « off » avec Stefano et ses deux enfants, dont Antoine, le karatéka qui a le même âge que le pauvre lapin et lui fait peur. ● Aussi les modèles masculins ne sont-ils pas légion auprès de César et il ne peut s'identifier à aucun des deux qu'il a parfois sous les yeux, même si (ou encore plus parce que) son père prétend vouloir être « son pote ». L'homosexualité est un thème évident du récit, mais pour autant elle n'est évoquée qu'allusivement, le narrateur se forçant coûte que coûte à aimer et désirer les filles, sans grand succès. ● En effet, s'il a envie de se conformer au comportement qui est attendu de lui, il n'y parvient pas : « Je la draguais parce que j'étais censé la draguer. Dans ma tête je calculais : Là normalement je devrais faire ma première fois d'ici deux ou trois semaines, maximum. Ce sera tellement bien ensuite. Je ne me disais jamais ce sera tellement bien pendant. […] [J]e n'avais aucunement le projet de baiser Noémie, j'avais simplement celui de l'avoir fait. » ● Il est aussi totalement asocial, allant jusqu'à des comportements déraisonnables pour ne pas rencontrer les autres, pour ne pas entrer dans un groupe, pour rester à l'écart (tout en le regrettant lorsque par exemple il mange seul ses pâtes au thon) : « Une fois qu'on était dans la cour du lycée, il restait une heure et demie avant la délivrance de la sonnerie. Il fallait survivre. le plus souvent je tournais dans la cour en faisant comme si je cherchais quelqu'un. Parfois aussi pour paraître occupé j'allais lire le règlement intérieur qui était affiché sur une porte, ou alors j'allais quinze fois aux toilettes. Je n'y faisais rien, aux toilettes, je faisais juste semblant de me laver les mains ou de boire au robinet. Tout pour gagner du temps. En revanche même quand j'avais envie je n'allais pas aux toilettes pour de vrai. J'avais trop peur de l'entre-soi des mecs, les urinoirs, les blagues à la con, au secours. Je me retenais. » ● Il se sent surtout viscéralement différent des jeunes de son âge, adorant bâtir sur le papier des villes imaginaires, apprendre par coeur des plans de métro (« mais tout cela n'était rien à côté de ma passion de la RATP. Je vous en ai déjà parlé. C'est de loin la passion la plus forte que j'ai eue dans ma vie. J'aimerais bien avoir un jour la même pour un être humain »), parcourir en imagination des lignes de train, toutes activités dont la singularité lui fait honte mais dont il ne peut se passer. (« Je raffole des dossiers d'inscription, c'est comme les en-têtes. Les formulaires, les signatures... ») ● Il adore le confinement dû au Covid, qu'il passe dans la belle villa de sa grand-mère à Key West : « Au moins, je ne peux pas dire que ce soit ce confinement qui me perturbe. Je trouve ça au contraire très agréable. C'est comme si le monde entier adoptait mon mode de vie, pour une fois j'ai l'impression d'avoir une longueur d'avance. Les gens se lamentent que ça fait trois semaines qu'ils ne sont pas allés à une soirée et j'ai envie de leur dire tu sais moi je suis allé à cinq soirées en vingt-trois ans et je tiens le coup. Mais je sais que ça ne va pas durer. Dès que ça va reprendre ils iront tous courir dans les bars et sur Tinder et moi je resterai en arrière, tout seul dans ma vie normale. […] En fin de compte c'est triste à dire mais la situation actuelle m'arrange plutôt. Comme il n'y a plus ni bars, ni boîtes, ni soirées, au moins je ne me sens plus coupable de ne jamais y aller. C'est la suspension officielle de tout ce que je fuis... Tout comme j'ai toujours rêvé qu'un pouvoir un peu autoritaire décrète l'interdiction de la sexualité. Ce serait génial. Je dirais à tout le monde eh non, que veux-tu, depuis l'interdiction je n'ai plus de vie sexuelle... » ● Une telle autofiction est très casse-gueule car pour fonctionner il faut une plume alerte et beaucoup d'humour, qualités dont l'auteur est heureusement fort bien pourvu. L'autodérision est présente à chaque page, on ne s'ennuie pas une seconde. ● Les va-et-vient temporels entre la période actuelle (celle des confinements) et l'enfance puis l'adolescence du narrateur, très bien maîtrisés, dynamisent aussi la narration. ● J'ai été happé par le récit dès les premières lignes ; il y a parfois (c'est rare, malheureusement) des livres dont on se dit dès le début : « celui-là, il est pour moi, je suis certain que je vais l'adorer ». Cela s'est vérifié avec ce récit d'initiation inversé que j'ai lu d'une seule traite, m'identifiant sans peine au narrateur dont je partage les traits les plus caractéristiques, malgré notre différence d'âge (j'ai plus du double de l'âge de César). Je me suis retrouvé de plain-pied avec lui dès le début et tout le livre fut pour moi une immense jubilation.
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Lorsque le livre commence – plutôt mal pour le jeune narrateur –, ce dernier est assis dans l'amphi de Sciences-Po où il s'ennuie à périr. La douleur au bras qui au bout de quelques minutes le saisit l'inquiète : ne serait-il pas en train de faire une crise cardiaque ? En garçon bien élevé, César commence par quitter poliment le cours pour mourir sans déranger personne, prend conseil auprès d'un pharmacien qui l'envoie paître, hésite sous la pluie entre filer à Cochin et rentrer se coucher (« Mon agonie commençait à être longue ») et rentre chez lui après avoir dilapidé son budget boîtes de thon dans un taxi. le ton est donné : durant tout le livre, on verra ce garçon brillant, écrasé par quelques quintaux de questions existentielles et une hypocondrie qui ne prend jamais de vacances, mettre en scène, avec beaucoup d'humour et autant de verve stylistique, les situations absurdes où le plongent ses angoisses...

Lire la suite ici :
https://autobiosphere.wordpress.com/2022/04/08/vie-de-famille-sauce-piquante-cesar-morgiewicz-mon-pauvre-lapin-gallimard-2022/
Lien : https://autobiosphere.wordpr..
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Un premier roman hilarant!
Alors qu'il a abandonné Sciences Po, César part se réfugier chez sa riche grand-mère en Floride pendant le confinement et nous raconte sa vie depuis son enfance. Vie d'un introverti limite autiste, brinqueballé d'une maison à l'autre entre ses parents divorcés et contraint de porter un masque de fer la nuit 😂
J'ai bien ri et me suis identifiée au narrateur hypocondriaque 😅
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On rit souvent face à ce grand ado attardé qui s'ennuie beaucoup, souffre effroyablement souvent, meurt régulièrement, a une famille complètement déjantée, arrive régulièrement à rater tout ce qu'il entreprend... Bref la vie déraisonnable d'un attardé social racontée dans ce roman savoureux.
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J'ai croisé ce livre à la bibliothèque. Je l'ai pris puis reposé. J'ai recommencé ce manège plusieurs fois et je suis finalement repartie avec. Après plusieurs déceptions, j'ai pris l'habitude d'éviter les auteurs de contemporain au profit des autrices. Mais là je ne sais pas, mon instinct me poussait à m'intéresser à cet ouvrage. Grand bien m'en a pris, j'ai adoré. J'y ai retrouvé tout ce qui me manquait jusqu'à présent chez les auteurs contemporains : de la sincérité, une écriture intelligente et introspective. L'exploit ici, c'est de nous présenter des personnages et des situations qui flirtent avec la caricature sans y tomber. C'est drôle, c'est touchant, très incarné. C'est criant de vérité. le style d'écriture est délicieux. Ce livre a beaucoup résonné en moi. Une très belle découverte.
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César vient de rater l'ENA. 40 places pour 1000 candidats, et même s'il se voyait déjà diplomate pas une pour lui. Pendant le confinement, il décide donc d'écrire son histoire. L'histoire d'un enfant solitaire, cajolé par toutes les femmes de sa vie: sa mère, ses 3 tantes et surtout sa grand-mère. Il apprend par coeur les lignes de métro et de bus, les capitales de tous les pays du monde et il fait des plans de villes inventées. Tous ses échecs de petit garçon, d'adolescent et d'étudiant y passent: ceux que personnes n'osent raconter, mais lui s'en donne à coeur joie.
il nous raconte son enfance avec le recul d'un jeune homme de 24 ans, et beaucoup d'autodérision et il est drôle. Très très drôle. On est content qu'il l'ait raté, l'ENA, car son livre lui est réussi.
Lisez le. C'est un livre d'été. Souriez et même riez.

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