L'expansion de la pratique de la céramique s'est déployée dans un triple contexte: celui de l'ombre portée de Pablo Picasso, disparu en 1973, une tendance alternative de retour à la terre et l'héritage conceptuel de Marcel Duchamp. La céramique, par ses connotations, a permis de rallier ces héritages réputés inconciliables.
La série Lurra ("la terre", en basque) d'Eduardi Chilida, en terre chamottée ( une argile à forte concentration de silice) ou oxydée n'échappe pas au savant équilibre des masses propres à la sculpture du maître basque et par sa monochromie s'apparente au minimalisme.
L'empreinte de la main sur la terre a été la première forme de sculpture; le feu ce qui a séparé l'homme de l'animal. Aussi, la terre passée au feu, définition de la céramique, renvois-t-elle à des gestes et à des concepts primordiaux qui intéressent les artistes aujourd'hui. L'authenticité de ce matériau les interpelle, notamment son rapport d'intimité avec le corps, mais également sa capacité à reproduire dans l'espace une forme simple et durable qui lui permet d'occuper aussi le paysage.
La tradition construit une logique. Plus elle devient importante et puissante, plus les nouveaux styles ont du mal à émerger comme l'histoire en témoigne.
Cherchant à échapper aux conventions imposées par la céramique traditionnelle, les membres du Sodeïsha ont rencontré des difficultés qu'ils n'avaient pas anticipées et ont dû trouver les moyens de les surmonter.
Quand, aujourd'hui, des céramistes donnent résolument forme aux images qu'ils ont conçues, ils prouvent que, pour l'artiste contemporain, l'éventail des possibles est illimité.
La terre est femme et mère, symbole de fécondité et de régénération, et elle s'oppose symboliquement au ciel, entité masculine. Elle est la vierge fécondée par la pluie et le sang, qui sont la semence du ciel. En raison de ces aspects féminins, la céramique a été adoptée par de nombreuses artistes, et demeure le matériau de prédilection de personnalités militantes telles que Rosemarie Trockel et Mai-Thu Perret.