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Critique de 5Arabella


Le mot culture nous vient des Latins (cultura) mais dans ce livre c'est davantage des Grecs qu'il s'agit. Qui eux utilisaient le mot paidéia, éducation. C'était un ensemble de disciplines censées former l'esprit, et qui permettaient à l'homme d'acquérir grâce à elles, sa pleine humanité. Pour les Grecs, la seule culture qui existait était la culture grecque, les “barbares” ne pouvaient y prétendre. Les Romains se la sont appropriée, comme ils se sont approprié d'autres éléments venus De Grèce.

Les Chrétiens lors de l'avénemnt du christianisme ont été confrontés à cette culture. D'autant plus, que la plupart d'entre eux, tout au moins les lettrés, ceux dont il nous reste des écrits, ont été instruits dans cette culture, et qu'ils la connaissaient donc parfaitement. La position des Chrétiens vis-à-vis de la culture grecque était ambigüe : rejetée dans certains textes comme pernicieuse, inutile et contraire aux vérités bibliques. Mais une bonne partie des textes préconisent plutôt son usage raisonné : elle peut être utile au Chrétien. Elle permet de combattre les païens et les hérétiques qui utilisent ses armes et raisonnements sur leur propre terrain. Mais au-delà, elle apparaît à certains comme profitable : les outils qu'elle fournit permettent aussi une meilleure compréhension de la foi. Par exemple, la grammaire et la rhétorique peuvent être des auxiliaires pour une meilleure compréhension des textes bibliques. A condition de choisir ce qu'elle offre de meilleur, elle peut constituer une étape dans l'acquisition de la sagesse et être une introduction menant à la connaissance de Dieu.

Certaines des critiques des Chrétiens concernant tel ou tel aspect de la culture grecque ne sont en elle-mêmes pas originales : par exemple les critiques de la dialectiques ou de l'astrologie, ont été formulées dans des termes très proches par certains philosophes. Ici aussi, tout au moins en partie, les penseurs chrétiens se placent dans la continuité de certains penseurs grecs.

Mais malgré l'appropriation accompagnée d'une réinterprétation de la culture grecque par les penseurs chrétiens, apparaît la revendication d'une culture propre, différente de l'hellénisme. Une culture à part entière, comparable à la culture grecque, dans le sens où elle permet à l'homme de conquérir pleinement son humanité. Une culture qui consiste dans l'apprentissage de la sagesse de Dieu et de la science des Ecritures. Cela amène à relativiser la notion de culture : elle n'est plus unique, mais plurielle, et les cultures peuvent être complémentaires. La notion de culture s'en trouve relativisée et élargie : relativisée car la culture grecque n'était plus la seule et légitime et élargie car la nouvelle conception de la culture incluait tout ce qui pouvait contribuer à nourrir l'esprit de l'homme, et le rapprocher de Dieu.

Il y a, bien entendu, une hiérarchie implicite. L’homme grec a élaboré son savoir, sa culture, grâce à ses propres forces uniquement, alors que le chrétien a bénéficié de la parole divine. Mais l’Homme aspire au bien, et la raison humaine est une. Il y a donc des éclats de vérité dans les écrits grecs, et la culture grecque peut servir en quelque sorte de propédeutique pour approcher la complexité de la parole divine. Cette reconnaissance d’un intérêt de la culture grecque a d’ailleurs permis la conservation d’un certain nombre de textes. Textes soigneusement sélectionnés : par exemple, hors de question de garder les Traités contre les Chrétiens écrits par certains philosophes, il en reste juste quelques traces dans des réfutations produites par des penseurs chrétiens. Ce choix n’a pas été bien entendu consensuel, certains ont placé le curseur plus ou moins haut. Les discussions autour de ces textes “utiles” révèlent les tensions dans la communauté chrétienne à ce sujet ; leur défense dans certains écrits chrétiens laisse deviner une attitude beaucoup moins favorable, voire complètement hostile, chez certains Chrétiens, en particulier les moins instruits
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