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Critique de Apoapo


Le zoologiste britannique auteur du célèbre le Singe nu, s'attelle ici à explorer chaque partie du corps féminin apparente, dans une perspective évolutionniste visant à mettre en évidence ce qui la rend différente de son analogue masculine et de celle des primates. Vingt-deux parties du corps sont examinées qui constituent chacune un chapitre : la chevelure, le front, les oreilles, les yeux, le nez, les joues, les lèvres, la bouche, le cou, les épaules, les bras, les mains, les seins, la taille, les hanches, le ventre, le dos, les poils pubiens, les organes génitaux, les fesses, les jambes, les pieds. Pour chacune, il est d'abord question de l'évolution fonctionnelle propre à l'espèce humaine, et l'une des causes récurrentes des métamorphoses est naturellement la bipédie, qui a évidemment élargi et renforcé les fesses mais moins évidemment agrandi et arrondi les seins de manière à les faire ressembler à celles-là. Pour expliquer les différences entre les sexes, les conséquences de la spécialisation genrée du travail entre chasseurs et cueilleuses sont avancées ; mais souvent la seule raison du changement réside dans le signal visuel de la différence sexuelle, mise en relation avec un appel sexuel correspondant, qui, en l'absence de tout message relatif à l'ovulation, constitue ce que je qualifierais de tendance archaïque au fétichisme masculin. Les différences d'aspect servant à signaler le sexe sont néanmoins complexifiées par une tendance évolutive forte du corps féminin vers la néoténie, entendue ici comme la sélection évolutive de caractéristiques physiques infantiles, ou plus généralement juvéniles. La néoténie est un élément « moderne » par rapport auquel l'anatomie féminine est plus avancée que la masculine (cf. cit. 1). L'appréciation diffuse de la blondeur des cheveux en est l'exemple le plus emblématique.
Une fois expliquées les caractéristiques évolutives de l'organe et les différences entre les sexes, la variabilité culturelle des goûts et des modifications-embellissements (y compris les plus atroces : l'infibulation, l'élongation du cou des « femmes girafes » de Birmanie, l'application des disques labiaux d'Afrique, le corset occidental, le raccourcissement des pieds des femmes chinoises durant plus de mille ans...) que chaque société lui octroie est décrite : il est donc question de mode, de maquillage, de tatouages, d'insertions et d'ablations...
L'anthropologie faisant ainsi agréablement irruption dans le texte, l'auteur nous gratifie d'une profusion d'anecdotes délicieuses relatives à toutes les époques et jusqu'aux plus lointaines contrées, de l'a priori injustifié de Freud contre les plaisirs buccaux sans doute dû à son cancer du palais, à l'impressionnante collection de 3000 paires de chaussures d'Imelda Marcos, le « papillon d'acier » de Manille, de la forme stylisée du coeur, symbole de l'amour qui ressemble fort peu à un vrai coeur mais beaucoup aux fesses de la femme vues de derrière, au maquillage d'Elizabeth Taylor dans le film Cléopâtre de 1961 qui lança une mode qui dura des années...
Deux séries de très belles photos en couleurs agrémentent et illustrent le texte d'exemples éloquents.
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