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Critique de Presence


Ce tome regroupe les 6 épisodes de la minisérie du même nom parue en 2010. Cette histoire se déroule après Final Crisis.

Bruce Wayne se retrouve dans le passé, à l'ère des hommes des cavernes. En plus, le corps de Wayne reste chargé de particules Oméga, ce qui fait de lui une bombe temporelle à retardement. le récit suit le découpage en 6 épisodes, en projetant Bruce Wayne à chaque fois à une nouvelle époque. le premier épisode montre que Bruce Wayne ne se souvient pas de son identité ou de ce qu'il lui est arrivé. Il est accueilli par une tribu qui vénère la chauve-souris comme animal totémique. Il retrouve un vaisseau spatial contenant une cape de Superman. L'ancien de la tribu vit dans une grotte où il a tracé les symboles de Batman, Wonder Woman et Superman. Bruce Wayne aide cette tribu contre une autre belliqueuse.

Cet épisode est illustré par Chris Sprouse, encré par Karl Story. le résultat est sympathique et personnel. Toutefois, Sprouse a abandonné l'aspect un peu rond de ses illustrations pour accentuer l'aspect rugueux, en augmentant également les surfaces noires. le tout n'est pas entièrement convaincant.

Dans les épisodes suivants, Bruce Wayne se retrouve au 17ème siècle dans la peau d'un enquêteur puritain en plein milieu des bois qui entourent Gotham, pour débusquer une sorcière, puis en 1734 prisonnier de pirates qui recherchent le légendaire trésor enterré dans les grottes souterraines proches de Gotham, puis dans la deuxième moitié du 19ème siècle où il a l'apparence d'un cowboy mâtiné de Zorro, puis dans les années 1930 (encore que cette période soit très imprécise, à 20 ans près, donc peut-être 1950, ou même encore après) à Gotham où il devient détective privé sur les traces d'un culte mystérieux, pour finir à notre époque à laquelle sa simple présence risque de mettre fin du fait de sa charge en particules oméga.

Pour être clair, cette histoire provient plutôt du Grant Morrison de "Final Crisis", que du Grant Morrison de "Batman & Robin". Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu'il faut s'accrocher pour rassembler les pièces du puzzle. Prises une à une, ces histoires constituent une lecture agréable, mais pas toujours palpitante. Par exemple la reconstitution de l'époque préhistorique fleure bon la série B. Tous les hommes sont vêtus de peaux de bêtes, mais ne semblent pas ressentir le froid pendant la nuit. Les femmes sont mystérieusement absentes. Bruce Wayne tombe comme par hasard auprès de la tribu qui se range plutôt du coté des bons, et il va prendre fait et cause d'office contre la tribu adverse qui pratique effectivement une politique agressive. L'histoire de chasse aux trésors avec Barbe Noire est divertissante au premier niveau. L'histoire de vengeance au temps des cowboys ne m'a laissé aucun souvenir. Les épisodes 2, 5 et 6 sont beaucoup plus intéressants.

Le Grant Morrison de "Final Crisis" référençait à tire-larigot des éléments de continuité très obscurs d'épisodes passés de Batman. Ici, le lecteur constate la présence d'un certain professeur Carter Nichols (apparu pour la première fois dans l'épisode 24 de la série "Batman" en août 1944, j'ai dû aller chercher cette référence sur internet). La référence à une société secrète appelée "Black Glove" est plus simple à replacer, ainsi que celle à Simon Hurt. Par contre, il faut déjà bien connaître son univers partagé DC pour saisir l'implication de la présence de Vandal Savage dans 2 épisodes, ou celle de Rip Hunter.

Heureusement, certains aspects du récit sont beaucoup plus pertinents et parlants. Morrison se sert également de ce voyage à travers les âges pour montrer comment s'est constitué un culte autour de la chauve-souris comme animal totémique, ainsi que l'importance des grottes situées sous le manoir des Wayne. Sur ce plan là, le lecteur retrouve toute la dextérité de Morrison à entremêler les différents aspects de Batman en un tout cohérent et divertissant. Il est également très gratifiant de voir prendre forme l'histoire de Simon Hurt au travers de sa rencontre avec Batman.

Malheureusement, les illustrations présentent également des défauts assez importants en fonction des illustrateurs. L'épisode 1 est donc entièrement illustré par Chris Sprouse dans un style agréable, mais qui renforce certains aspects un peu artificiels de la narration. le deuxième épisode est illustré par Frazer Irving pour un tour de force visuel. Il avait déjà illustré la minisérie "Klarion, the witch boy" écrite par Morrison dans le cadre plus large des Seven soldiers of Victory. le résultat est magnifique avec une personnalité marquée, des couleurs superbes, et une capacité incroyable à rendre intéressant le concept ardu de Vanishing Point utilisé brutalement par Morrison.

Ça se gâte avec les épisodes suivant. L'épisode numéro 3 bénéficie de dessins satisfaisants de Yannick Paquette : illustrations précises qui transcrivent bien l'ambiance humide des grottes (avec la tête mémorable de Barbe Noire protégée par des mèches allumées). L'épisode 4 est dessiné par Georges Janty pour des dessins très moyens, un niveau de détails quelconque, voire parfois insuffisant. L'épisode 5 est dessiné pour moitié par Ryan Sook en pleine forme avec son utilisation des noirs si séduisante et inquiétante, et pour l'autre moitié par Pere Perez pour des dessins agréables, mais avec moins de personnalité. Il est visible que les éditeurs lui ont demandé de se rapprocher au mieux du style de Ryan Sook. le dernier épisode est dessiné pour moitié par Lee Garbett, et l'autre moitié à nouveau par Pere Perez. Je ne comprends pas pourquoi l'éditeur de cette minisérie n'a pas su trouver des dessinateurs d'un niveau supérieur, et des dessinateurs qui puissent illustrer leur épisode en entier. C'est vraiment rageant de se dire que cette histoire aurait pu gagner en qualité simplement en confiant les illustrations à de meilleurs dessinateurs.

Cette histoire est donc en partie une déception du fait de l'inégalité des illustrations d'un épisode à l'autre, et du fait d'un scénario où je n'ai pas réussi à remboîter toutes les pièces du puzzle. Je n'ai toujours pas compris d'où sortaient les 3 colifichets à l'image des blasons du Superman, Batman et Wonder Woman. Malgré ces défauts, l'ensemble tient bien la route, l'intrigue développe des éléments de la mythologie de Batman intéressants et le voyage d'époque en époque se déroule suivant un schéma qui évite les clichés.
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