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Critique de Fleitour


« A qui est la nuit qui écarte la lumière ? ». Sur ces mots étranges commence Home un roman de Toni Morrison. Une prose envoûtante qui est bien la griffe de cette romancière qui joue avec la musique des mots et la puissance évocatrice de la nature.

Franck et Cee sa petite soeur, fascinés par deux chevaux, en appui sur leurs jambes de derrière, ont retenu leur souffle, émerveillés. "l'un était couleur de rouille, l'autre d'un noir profond ; tous les deux luisants de sueur. Les hennissements n'étaient pas aussi effrayants que le silence qui a suivi une ruade dans les lèvres retroussées de l'adversaire.... celui couleur de rouille a baissé la tête et piaffé pendant que le vainqueur s'éloignait en gambadant."

Puis un autre spectacle les glaça, "un pied qui dépassait de la fosse et qui tremblait comme s'il pouvait sortir". Quand elle a vu "ce pied noir avec sa plante rose crème, striée de boue, Cee s'est mise à trembler, j'ai essayé d'attirer son tremblement dans mes os, parce que je pensais pouvoir y arriver" page 12.

Nous suivons ainsi les traces d'une famille, dans les années 50, dans une Amérique où l'apartheid est encore féroce, même pour Franck un ancien de la guerre de Corée qui a servi son pays.
Frank revient meurtri de sa guerre, et plus encore, porteur d'un douloureux secret, confronté à la corruption qui sévissait et à la prostitution des enfants.

Une fois de plus c'est auprès de sa soeur qu'il va rechercher une rédemption. Dépasser sa honte, et choyer Cee, comme si le souvenir de son enfance envahissait son âme, le poursuivait sans cesse.
"Qui suis-je sans-elle."
" Maman l'a appelé Ycidra, elle a attendu neuf jours avant de lui donner son nom, de peur que la mort ne repère une vie toute fraîche et ne la dévore. Tout le monde sauf maman l'appelle Cee." 


Après une longue traversée Franck arrive enfin pour sauver sa soeur, soignée par un gourou sans scrupules. le médecin panique ; "Quoi qui êtes-vous ? le Docteur Beau écarquilla les yeux puis les plissa, Sortez d'ici".
Le Docteur leva un revolver, mais vit « le visage calme, voire serein, d'un homme avec lequel on ne plaisantait pas. »
Franck entra dans la chambre de sa soeur, elle gisait inerte, minuscule dans son uniforme blanc.

Alors que le soleil avait absorbé tout le bleu du ciel Cee et Franck, retrouvèrent le champ ou un homme avait été jadis enfoui à la hâte. "Franck plaça les os sur la courtepointe de Cee faisant de son mieux pour les disposer comme ils étaient durant la vie. p 150"

"Viens mon frère on va à la maison", lui murmure sa soeur page 152, Cee apaise son frère, le rassure, comme pour lui dire merci, tu m'as redonné l'espoir.
Une écriture à la fois douce et poignante, où le coeur prend toute sa place, les terreurs comme les joies, sans juger, être juste dans le bonheur de vivre.
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