AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de clesbibliofeel


« Les jours de bonheur, vous préfèrerez Cimarosa ; dans les moments de tristesse, Mozart aura l'avantage. » écrivait Stendhal à propos de son compositeur de prédilection.

Voici un roman original, présentant les dernières années de la vie d'un musicien majeur du XVIIIe siècle, célèbre alors dans toute l'Europe et même jusqu'à la Cour de Russie. Elisabeth Motsch parvient à nous communiquer l'esprit du chant napolitain, la joie de vivre, l'ivresse de la musique tourbillonnante alliée aux espiègleries d'opéras qui ne se prennent pas trop au sérieux. Cette biographie romancée, permet de s'immerger dans une fin de siècle mouvementée. Il y a beaucoup à dire et à apprendre entre la Révolution française qui tente de s'exporter et l'Empire napoléonien en devenir. Un délice pour un lecteur curieux tel que moi. Amateur d'opéra ou pas, on a vite envie d'écouter cette musique dont il est largement fait état dans le récit. Entre Mozart et Rossini, ce Cimarosa est à découvrir ou redécouvrir. Pour commencer, avec ce final de « le astuzie femminile » qui donne le ton et permet d'aborder le tragique des évènements avec légèreté.

Janvier 1799, Domenico Cimarosa, s'engage au côté des révolutionnaires napolitains en saluant la proclamation de l'éphémère République parthénopéenne par la composition d'un hymne patriotique dont le refrain est : Liberté, égalité, fraternité. Ce qui ne plaît pas, mais pas du tout à Marie-Caroline, la soeur ainée de Marie Antoinette, reine de France guillotinée en 1793. Au retour de Ferdinand IV et de Marie-Caroline cinq mois plus tard, grâce à l'appui des navires anglais de l'amiral Nelson, Cimarosa est emprisonné à la forteresse de Sant'Elmo, celle-là même conquise par les révolutionnaires le 21 janvier.

Le compositeur, raconte ici son enfance, son éducation musicale chez les moines, son séjour auprès de Catherine II à Saint-Pétersbourg, sa vie en prison en tant qu'hôte de marque, menacé malgré tout de mort !

L'ivresse de la liberté, de l'égalité, de la fraternité dans cette république parthénopéenne se marie parfaitement à la musique joyeuse, lyrique et tendre de Cimarosa. Il est aussi question de tendresse quand il parle de Sapienza, « soprano légère » avec qui il a une liaison, de Paolo, son ténor « à la voix souple... libre et fou », de son valet et garde du corps, le taciturne Amadeo, et plus encore quand il s'agit d'évoquer la poétesse et révolutionnaire Eleonora di Fonseca Pimentel.

Grande figure cette Eleonora qui comme la plupart des personnages du livre a bien existé. Elle occupe une belle place et ce n'est que justice au vu de son tragique et injuste destin.

L'écriture est fluide pour ce livre rappelant à notre souvenir une période assez oubliée et bien peu commentée de notre histoire. Les français à Naples en 1799 avec ce Général Championnet pour défendre la République parthénopéenne ? C'est un nom que j'entendais pour la première fois, il évoquerait Parthénope, sirène légendaire obligeant Ulysse à se faire attacher au mât du bateau afin de ne pas succomber à son chant.

J'ai beaucoup aimé ce récit parfaitement présenté par la photo de couverture invitant à la joie du partage, la liberté de la musique et de la culture sous toutes ses formes. Une bouffée d'ivresse joyeuse et musicale appréciable dans une époque moderne privilégiant le triste, les catastrophes, la peur de l'avenir, tel un nouveau carcan afin de contenir les velléités de rébellion des peuples. Nouveau chant parthénopéen dont il faudrait, comme Ulysse, se soustraire afin de conserver la possibilité de parvenir à un monde meilleur.

Elisabeth Motsch est écrivaine et éditrice. Après avoir écrit pour la jeunesse à L'Ecole des loisirs et des romans pour adultes chez Grasset et Actes Sud, elle a créé une nouvelle maison d'édition, libre et engagée – selon les termes de la quatrième de couverture –, Les Editions le Chant des Voyelles. Elle y a déjà publié le désarroi de l'enfant de choeur.

Je la remercie sincèrement pour cette lecture et souhaite longue vie au Chant des Voyelles, un nom vraiment bien trouvé, une maison d'édition dont je vais suivre – Avec joie – les publications...
******
Composition photo à partir de la belle couverture du livre et extrait musical sur Bibliofeel ou page Facebook et Instagram à clesbibliofeel...

Lien : https://clesbibliofeel.blog
Commenter  J’apprécie          270



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}