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EAN : 9782490580125
160 pages
Editions le Chant des Voyelles (02/11/2021)
4.08/5   6 notes
Résumé :
Janvier 1799, le peuple de Naples est ivre de joie. Domenico Cimarosa, dont la musique a eu du succès dans toute l’Europe, est enchanté par cette révolution parthénopéenne, inspirée par celle des Français. Il compose un hymne populaire dont le refrain est : Liberté, égalité, fraternité ! Mais le grand rêve napolitain échoue.

Le roi de Naples revient au pouvoir, grâce à la Sainte Foi et à la flotte anglaise dirigée par l’amiral Nelson. Cimarosa, qui pe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Les jours de bonheur, vous préfèrerez Cimarosa ; dans les moments de tristesse, Mozart aura l'avantage. » écrivait Stendhal à propos de son compositeur de prédilection.

Voici un roman original, présentant les dernières années de la vie d'un musicien majeur du XVIIIe siècle, célèbre alors dans toute l'Europe et même jusqu'à la Cour de Russie. Elisabeth Motsch parvient à nous communiquer l'esprit du chant napolitain, la joie de vivre, l'ivresse de la musique tourbillonnante alliée aux espiègleries d'opéras qui ne se prennent pas trop au sérieux. Cette biographie romancée, permet de s'immerger dans une fin de siècle mouvementée. Il y a beaucoup à dire et à apprendre entre la Révolution française qui tente de s'exporter et l'Empire napoléonien en devenir. Un délice pour un lecteur curieux tel que moi. Amateur d'opéra ou pas, on a vite envie d'écouter cette musique dont il est largement fait état dans le récit. Entre Mozart et Rossini, ce Cimarosa est à découvrir ou redécouvrir. Pour commencer, avec ce final de « le astuzie femminile » qui donne le ton et permet d'aborder le tragique des évènements avec légèreté.

Janvier 1799, Domenico Cimarosa, s'engage au côté des révolutionnaires napolitains en saluant la proclamation de l'éphémère République parthénopéenne par la composition d'un hymne patriotique dont le refrain est : Liberté, égalité, fraternité. Ce qui ne plaît pas, mais pas du tout à Marie-Caroline, la soeur ainée de Marie Antoinette, reine de France guillotinée en 1793. Au retour de Ferdinand IV et de Marie-Caroline cinq mois plus tard, grâce à l'appui des navires anglais de l'amiral Nelson, Cimarosa est emprisonné à la forteresse de Sant'Elmo, celle-là même conquise par les révolutionnaires le 21 janvier.

Le compositeur, raconte ici son enfance, son éducation musicale chez les moines, son séjour auprès de Catherine II à Saint-Pétersbourg, sa vie en prison en tant qu'hôte de marque, menacé malgré tout de mort !

L'ivresse de la liberté, de l'égalité, de la fraternité dans cette république parthénopéenne se marie parfaitement à la musique joyeuse, lyrique et tendre de Cimarosa. Il est aussi question de tendresse quand il parle de Sapienza, « soprano légère » avec qui il a une liaison, de Paolo, son ténor « à la voix souple... libre et fou », de son valet et garde du corps, le taciturne Amadeo, et plus encore quand il s'agit d'évoquer la poétesse et révolutionnaire Eleonora di Fonseca Pimentel.

Grande figure cette Eleonora qui comme la plupart des personnages du livre a bien existé. Elle occupe une belle place et ce n'est que justice au vu de son tragique et injuste destin.

L'écriture est fluide pour ce livre rappelant à notre souvenir une période assez oubliée et bien peu commentée de notre histoire. Les français à Naples en 1799 avec ce Général Championnet pour défendre la République parthénopéenne ? C'est un nom que j'entendais pour la première fois, il évoquerait Parthénope, sirène légendaire obligeant Ulysse à se faire attacher au mât du bateau afin de ne pas succomber à son chant.

J'ai beaucoup aimé ce récit parfaitement présenté par la photo de couverture invitant à la joie du partage, la liberté de la musique et de la culture sous toutes ses formes. Une bouffée d'ivresse joyeuse et musicale appréciable dans une époque moderne privilégiant le triste, les catastrophes, la peur de l'avenir, tel un nouveau carcan afin de contenir les velléités de rébellion des peuples. Nouveau chant parthénopéen dont il faudrait, comme Ulysse, se soustraire afin de conserver la possibilité de parvenir à un monde meilleur.

Elisabeth Motsch est écrivaine et éditrice. Après avoir écrit pour la jeunesse à L'Ecole des loisirs et des romans pour adultes chez Grasset et Actes Sud, elle a créé une nouvelle maison d'édition, libre et engagée – selon les termes de la quatrième de couverture –, Les Editions le Chant des Voyelles. Elle y a déjà publié le désarroi de l'enfant de choeur.

Je la remercie sincèrement pour cette lecture et souhaite longue vie au Chant des Voyelles, un nom vraiment bien trouvé, une maison d'édition dont je vais suivre – Avec joie – les publications...
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Composition photo à partir de la belle couverture du livre et extrait musical sur Bibliofeel ou page Facebook et Instagram à clesbibliofeel...

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Nous étions ivres de joie le 21 janvier 1799 car le général Championnet et les troupes françaises ont libéré Naples du joug de Ferdinand IV et de son épouse Marie-Caroline !
Les jacobins acclamaient les français : c'était la fête ! Tous chantaient, buvaient, dansaient : artistes, musiciens, artisans, lettrés et même les lazzaroni ! C'était la révolution parthénopéenne, inspirée de celle des Français et, Domenico Cimarosa va composer un hymne à la demande du peuple libéré de Naples avec dans le refrain : liberté, égalité, fraternité !
Domenico Cimarosa est issu d'une famille modeste et joyeuse mais, son père maçon décède en tombant d'un échafaudage et, sa maman va être obligée de trouver du travail, elle sera engagée comme blanchisseuse au Couvent de San Severo, l'enfant qui était apprenti boulanger va être pris sous l'aile du frère Polcano qui est un excellent musicien . Il va lui apprendre le solfège, le violon, le chant et, comme l'enfant est très doué, il va l'envoyer au Conservatoire de Naples.
Domenico est un homme grassouillet qui aime les vins et en particulier le" Lacrima Christi " les femmes, sa ville de Naples, composer, écrire des opéras "bouffe"..
Mais, la révolution prend fin avec l'arrivée de l'Amiral Horatio Nelson et de la Sainte Foi : Ferdinand et Marie-Caroline sont de retour 5 mois après leur fuite à Palerme.
Cimarosa sera emprisonné dans la Forteresse Sant'Elmo avec un statut privilégié, d'autant que le directeur Pintorecchi, mélomane lui confie la direction de l'ensemble musical de la prison ! Il aura de nombreuses visites : celle de la grande Eleonora di Fonseca Pimentel qui est la Madone de la révolution et qu'il admire et aime, ( même s'il a été marié à Constanza et ensuite à sa soeur Gaetana ) .
Cimarosa a écrit 110 oeuvres dont 60 opéras légers, il est allé vivre pendant 4 ans à la Cour de la Grande Catherine de Russie, a séjourné à Vienne, en Italie car son opéra " il matrimonio segreto " l'a rendu célèbre dans toute l'Europe et, il figure parmi les grands classiques, à coté des " Noces de Figaro "de Mozart et du "Barbier de Séville " de Rossini.
Il a fait travailler son ténor Paolo, jaloux des privilèges des castrats, Sapienza son amante , Amadeo son valet et garde du corps depuis le Couvent ou il l'a rencontré et, il s'est entouré d'un grand librettiste : Giovanni Bertati à Vienne.
Suite à la visite en prison de Lady Emma Hamilton, ( maîtresse de l'Amiral Nelson et admiratrice du Maestro ), il sera libéré mais frappé de bannissement, ce qui va l'obliger à partir à Venise ..
Un roman historique et musical révélé par le talent littéraire de Elisabeth Motsch ! Merci pour ces lignes de pur bonheur !
Et, aussi avec tous mes remerciements à babelio pour cette Masse Critique de janvier 2022 et aux éditions " le chant des voyelles ".
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"Je ne suis qu'un musicien mais j'ai commis le pire : écrire un hymne à la gloire des révolutionnaires."
Don Domenico Cimarosa est un "artiste pestiféré", un de ces artistes que l'on retrouve dans toute révolution, emprisonné on ne sait trop pourquoi, emprisonné pour des mots, pour des idées, comme de nombreux artistes le sont, ou l'ont été, dans chaque mouvement populaire de révolte.
Nous sommes le 21 janvier 1799 : dans la rue, on trinque à la Révolution parthénopéenne, la Révolution napolitaine.
21 janvier, jour de sinistre mémoire : ailleurs, en France, ce n'est pas dit dans le texte, les royalistes français pleurent depuis 6 ans la mort du roi, guillotiné !
Lui aussi s'attend à partir d'un jour à l'autre pour son exécution. Il est devenu un être dangereux, dangereux pour des mots prononcés.
Belle occasion pour Elisabeth Motsch de nous transporter dans cette cellule, de nous faire partager la vie de cet artiste, la vie de ces napolitains vivant cette révolution et les angoisses de ceux qui redoutent le peloton d'exécution. Les armées françaises sous l'autorité du général Championnet , ne sont pas étrangères à cette révolution. Mais à Paris, le Directoire a décrété que le général Championnet était un ennemi de la Révolution ! Une révolution chasse l'autre ! Les Anglais dirigés par Nelson sont également à Naples
Don Domenico Cimarosa est un "prisonnier politique", "un privilégié" qui n'a pas "été exécuté tout de suite" mais il doit l'être : "Je ne suis qu'un musicien mais j'ai commis le pire : écrire un hymne à la gloire des révolutionnaires."
Le directeur de la prison lui apporte une lettre lui disant que sa situation doit être revue car "les prisons sont trop pleines, un procès décidera de mon sort"
Alors il revit sa vie, ses rencontres, ses voyages en Russie, nous fait partager cette révolution, dont je n'avais jamais entendu parler...et s'interroge quant à la politique des armées françaises qui occupent son pays.
Angoisses d'un homme qui sait qu'il va être exécuté! Il entend tous les jours, des crépitations d'armes dans les cours...Sinistres exécutions....
Dans sa cellule, il reçoit de temps à autre des visites, aujourd'hui c'est "Lady Emma Hamilton, la maîtresse de cet infâme Nelson"
La situation est aussi trouble dehors qu'entre les quatre murs de sa cellule
Elisabeth Motsch lance le lecteur sur la piste d'un autre ouvrage, écrit par Alexandre Dumas comparant les deux révolutions, la Révolution française et cette révolution Napolitaine...ouvrage semble-t-il disparu.
J'ai découvert Elisabeth Motsch il y a trois ans avec un tout autre livre, "Le désarroi de l'enfant de coeur", gamin victime d'un prêtre pédophile.
Elle dirige également les éditions le chant des Voyelles et évoquait avec "Le Voile de la Mariée" écrit par Kabira Beniz un autre désarroi, celui d'une jeune femme musulmane fuyant un mari violent et découvrant la France.
Désarrois et inquiétudes différents les uns des autres, qu'elle sait partager avec le lecteur....
Merci pour cette découverte
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Allier la littérature à l'art musical. Deux arts qui se complètent si bien. Faire des mots une sorte d'ode au bonheur, à la liberté, à la tristesse et à la peur. Pas si facile. Pourtant, l'auteure nous invite à les découvrir au travers d'une histoire bouleversante. Elle l'a écrite avec une telle facilité que nous entendons des sonates, des symphonies dans chaque mot, dans chaque phrase. C'est un bonheur renouvelé durant toute la lecture. La musique baigne et accompagne le récit, le berce et nous l'offre pour mieux le découvrir. Une musique littéraire ou une littérature musicale prémice de la liberté napolitaine.

Naples au XVIIIème siècle. Des esprits libres se prennent à rêver: ils veulent abolir la royauté et instaurer la république, selon le modèle français. Don Domenico Cimarosa, musicien, fait partie de ces révolutionnaires. Il compose les chants qui sont repris par la population. Ce qui, somme toute, n'est pas sans danger. Il vit entièrement cette révolution au détriment de sa musique. du fond de sa prison, il raconte son histoire. Son récit est fleuri d'expressions musicales telles que vibrato, allegro, prestissimo, entre autres. j'avoue que j'ai découvert des termes typiques au milieu de la musique. Je n'ai pas trop fait la différence sur les tons des musiciens et des chanteurs.

Une ville telle que Naples où des esprits éclairés souhaitent instaurer la République ainsi que l'a fait la France qui vient de mettre fin à la royauté. Cette aventure est racontée par un musivien qui faisait partie de cette révolution napolitaine. le langage est musical et rythmé. Au XVIIIème siècle, les opéras étaient souvent accommpagnés au clavecin et au hautbois. Aussi, ce roman pourrait être un opéra, une ode à l'histoire d'une révolution éphémère qui connut sa période d'allégresse. Un récit qui nous entraine dans des termes musicaux qui nous font voyager et rêver. Un récit qui donne l'impression d'assister à un superbe opéra où les personnages font partie du quotidien tout en souhaitant entrer dans l'histoire avec un grand H. Sublime.
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Ivres de joie joue avec brio une partition à deux voix : roman historique et histoire musicale. La révolution parthénopéenne échoue rapidement grâce à l'interventionnisme britannique. Domenico Cimarosa, sympathisant et surtout compositeur italien célèbre écrit la partition de son hymne populaire. Emprisonné dans les hauteurs de Naples au sein de la forteresse Sant'Elmo, il confie en qualité de narrateur ses inquiétudes, décrit les protagonistes de cette révolution du siècle des lumières et nous éclaire sur l'ambiance qui règne au sein de la ville qui chante par excellence dans Italie du XVIIIème, Naples. J'ai particulièrement aimé la part accordée par Elisabeth Motsch aux figures féminines qu'elles soient illustres comme Eleonora di Fonseca Pimentel (égérie et tête pensante de la révolution napolitaine en 1799) ou muses comme les chanteuses des pièces du musicien Cimarosa. le contexte politique et l'assujettissement de l'artiste au sein des cours européennes comme Prague ou Vienne sont très bien restitués. le ressenti et la désillusion de Cimarosa devenu malgré lui un personnage romantique n'en sont que plus prégnants, aura t-il la vie sauve ? C' est assurément un bel essai où l'on entend la confusion populaire et le fourmillement intense de la vie napolitaine, où on effleure le quotidien d'un des plus prolixes compositeurs de son époque, contemporain de Mozart et Haydn. Merci à Babelio et à l'éditeur pour cette belle incursion dans l'Italie classique, un livre assurément pour un public averti mais qui se lit facilement.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je monte sur mon escabeau pour voir le paysage à travers les barreaux. J'aime ma ville de Naples, sa forme d’amphithéâtre romain avec le grand M du Vésuve en décor d'arrière-plan et ce golfe magnifique tracé par l'un des volcans éruptifs de ces champs phlégréens.
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Les jours de bonheur, vous préférerez Cimarosa ; dans les moments de tristesse, Mozart aura l'avantage.
Stendhal.
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Celle que nous admirions et suivions les yeux quasi fermés c’était Eleonora di Fonseca Pimentel, une femme exceptionnelle. Poétesse et bibliothécaire, elle s’était tournée très vite vers la République. J’ai gardé le Monitore napoletano du 2 février 1799 où elle avait écrit : Est arrivé pour nous le jour où nous pouvons enfin prononcer les mots sacrés : Liberté et égalité.
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Mais à ma chère Gaetana je dois aussi quelques pages inspirées après une superbe scène de jalousie. J’ai écrit très vite la partition de l’opéra Le astuzie femminile, qui lançait des aigus foudroyants au visage du baryton et a connu un beau succès. Je n’ai pas osé la remercier pour cette réussite qui lui était dûe !
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Restent, paradant au grand air, les royalistes et tous ceux qui ont déjà retourné leur veste. Avant je ne les voyais pas trop, je regardais de côté. Mais aujourd’hui, dans mon état misérable, la traîtrise, l’inconstance, le mensonge grossier m’apparaissent dans leur énormité, comme une marque de notre époque.
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