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Critique de PetiteBichette


Elle a tout d'une grande… Non, il ne s'agit pas d'un remake pour une marque de voiture, mais de Leila Mottley. Leila Mottley a commis un époustouflant roman de 397 pages, alors qu'elle n'avait que dix-sept ans, qui sonne comme une bonne claque.
Comme Leila, son héroïne de papier Kiara, est une jeune fille noire de dix-sept ans. La comparaison s'arrête là. Kiara va être obligée de se prostituer pour payer les factures du loyer qui s'amoncellent et que son frère aîné ne prend plus la peine de payer, occupé à faire du mauvais rap toute la journée, et à partir petit à petit à la dérive, mêlé à des affaires louches. Kiara se retrouve alors très seule, son père étant décédé et sa mère en centre de réinsertion (le lecteur en découvrira plus tard le motif).
Kiara sacrifie sa jeunesse et son innocence sur le trottoir, dans l'indifférence de son frère et de sa mère. Ce qui la fait tenir, au-delà de la peur de se retrouver à la rue, c'est Trevor, le fils de Dee, la voisine. Dee est toxico, et elle laisse de plus en plus souvent Trevor, 9 ans, se débrouiller tout seul. Alors, Kiara devient une grande soeur pour Trev, lui donne ce qui lui reste de sa part d'enfance, le chérit, le nourrit, paye aussi son loyer.

Quelle maturité, quelle maitrise pour le premier roman d'une si jeune femme. A la fin du livre, l'autrice déclare s'être basée sur des faits réels survenus dans sa ville d'Oakland dans la baie de San Francisco ; un scandale impliquant une jeune prostituée noire mineure abusée sexuellement par plusieurs membres de la police. Hantée par ce fait divers pendant plusieurs années, Leila Mottley a souhaité dénoncer, à travers l'écriture de ce roman, le fait que dans les affaires mettant en cause les policiers, les violences sexuelles arrivent en deuxième position après les coups et blessures, et concernent majoritairement des femmes de couleur.
Également, elle a voulu se révolter contre le fait qu'elle avait été élevée dans la croyance que son devoir de femme noire était de protéger les hommes de son entourage (père, frère, …) « leur sécurité, leur intégrité physique, leurs rêves ». Apprenant par la même occasion que sa propre personne n'est que secondaire, qu'il n'y a personne pour la protéger, elle.
Un premier roman déchirant écrit par une jeune femme bourrée de talent, illuminé par la superbe relation qui unit Kiara à Trevor. Une très jeune autrice, à suivre…
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