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EAN : 9782226456649
416 pages
Albin Michel (17/08/2022)
4/5   572 notes
Résumé :
Kiara, dix-sept ans, et son frère aîné Marcus vivotent dans un immeuble d’East Oakland. Livrés à eux-mêmes, ils ont vu leur famille fracturée par la mort et par la prison. Si Marcus rêve de faire carrière dans le rap, sa soeur se démène pour trouver du travail et payer le loyer. Mais les dettes s’accumulent et l’expulsion approche.

Un soir, ce qui commence comme un malentendu avec un inconnu devient aux yeux de Kiara le seul moyen de s’en sortir. Elle... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (172) Voir plus Ajouter une critique
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sur 572 notes

°°° Rentrée littéraire 2022 #4 °°°

Lorsqu'on referme ce premier roman, on ne peut qu'être estomaqué par l'incroyable maturité littéraire, émotionnelle et romanesque dont fait montre Leila Mottley, dix-neuf ans seulement ( dans les notes finales, elle dit même l'avoir démarré à dix-sept ans ! ). C'est d'autant plus remarquable qu'elle ne se complait pas dans un récit autofictionnel déguisé mais propose une fiction dont la matrice est inspirée d'un scandale qui a secoué la ville d'Oakland en 2015 : la lettre de suicide d'un policier a lancé une enquête impliquant plusieurs services de police corrompues, accusées d'exploitation sexuelle d'une prostituée mineure. A partir de ces grandes lignes, l'auteure imagine la vie d'une jeune afro-américaine de dix-sept ans, Kiara Johnson, emportée dans une spirale descendante dès qu'elle commence à se prostituer.

Kiara rejoint mon panthéon des héroïnes anglo-saxonnes inoubliables : Duchess ( de Chris Whitaker ), Turtle ( My favorite darling, Gabriel Tallent ), Tracy ( Sauvage, Jamey Bradbury ) et Lady Chevy ( de John Woods ). Leila Mottley développe un exceptionnel degré d'empathie auquel adhère immédiatement le lecteur, et pas seulement parce que la vie de Kiara est précocement brisée : père décédé juste après son retour de prison, mère oscillant entre prison, dépression et centre de réhabilitation sociale, frère aîné refusant de travailler pour tenter de percer dans le rap malgré une absence de talent évidente ; misère la poussant à arrêter le lycée pour accumuler les petits boulots ; avis d'expulsion en cours. Et puis la prostitution qui lui semble être un choix économique rationnel pour payer ses factures avant qu'elle ne se retrouve totalement piégée. Nous la regardons, impuissants face aux décisions qu'elle prend et qui la conduisent dans les rues sombres de la ville.

Pourtant, Arpenter la nuit ne raconte pas l'histoire d'une jeune fille qui s'effondre. Kiara est un être résolu avant d'être en chute. L'auteure donne un accès direct à cet esprit, ce corps, ce coeur qui gère le chaos intérieur et extérieur avec une candeur flamboyante, porte d'entrée rare à la méditation des impuissants. Jamais elle ne dérive du point de vue de Kiara. L'abandon lyrique de l'écriture sait aussi bien dire la violence que la beauté brute, offrant à Kiara une voix impossible à quitter, de nombreux passages sont éblouissants et résonnent très fort tant elle parvient à insuffler de la poésie dans la laideur du monde de Kiara ( bravo à la finesse de la traduction de Pauline Loquin ) :

« Il creuse ma chair et c'est exactement comme on m'avait dit que ce serait, et je suis tellement triste que ça ait l'air si normal. C'est juste une nuit comme les autres, pas vrai ? Il y a énormément de façon de marcher dans la rue et moi je suis juste une fille recouverte de chair. »

« Le plus souvent, je me dis que je ne crois en rien, sauf que la façon dont la nuit met des couleurs sur tout me donne envie de croire. Pas à l'au-delà, ni au paradis, ni à aucune de ces conneries. Ça, c'est juste des trucs qui nous font sentir mieux par rapport à la mort et moi je n'ai aucune raison de craindre la mort. Je crois simplement que les étoiles pourraient s'aligner et atteindre un autre monde. Pas la peine que ce soit un monde meilleur parce que ça, ça n'existe sûrement pas. Je pense que c'est autre chose, un quelque part où les gens marchent un peu différemment. Si ça se trouve, ils parlent par vibrations. Ou alors ils ont tous le même visage, ou pas de visage du tout. Quand j'ai le temps de fixer le ciel, j'imagine avoir assez de chance pour apercevoir ce quelque chose. Mais je finis toujours par être ramenée sur cette planète. »

Ces passages de catharsis émotionnelle ravagent le lecteur autant que les scènes traumatisantes d'une noirceur extrême, sans pour autant désespérer totalement. Malgré tout ce qu'elle subit, Kiara est encore capable d'aimer et d'apprécier les petits bonheurs de la vie. Ainsi sa relation avec son petit voisin de neuf ans, abandonné par sa mère toxicomane au crack, illumine tout le roman, son instinct maternel inébranlable constituant une bouée. Dans ce monde brutal gangréné par le racisme et le sexe tarifé, où les jeunes femmes noires pauvres sont particulièrement vulnérables et invisibilisées, Leila Mottley révèle à quel point l'amour se trouve dans les liens profonds d'une famille choisie.

Mes seules petites réserves concernent la longueur du roman, il aurait pu être un tout petit peu plus resserré pour éviter quelques répétitions sans perdre pour autant ni en densité ni en intensité. La romance débutante avec son amie Alé est par exemple sous-développée et n'apporte rien de plus au récit. Ce qui est sûr, c'est qu'une formidable écrivaine est définitivement née et que ce roman puissant et déchirant va laisser une empreinte éclatante dans le coeur de nombreux lecteurs.
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C'est en compagnie de Kiara Johnson, une jeune afro-américaine de dix-sept ans, que le lecteur va arpenter la nuit, même en plein jour, dans les rues d'East Oakland en Californie. Depuis le décès de son père et l'emprisonnement de sa mère, elle vit seule avec son frère Marcus dans un quartier déshérité avec vue sur une piscine ou flottent des merdes de chien. Comme son grand frère passe ses journées à rapper en studio dans l'espoir de devenir aussi célèbre que leur oncle Ty, c'est elle qui se démène pour payer le loyer de leur appartement. L'augmentation de ce dernier combiné aux nombreux refus d'embauches vont pousser l'adolescente vers l'argent facile… le début d'une longue descente aux enfers, surtout lorsque les flics s'en mêlent !

S'inspirant d'un fait divers réel qui a secoué la ville d'Oakland en 2015, Leila Mottley dénonce l'exploitation sexuelle de jeunes femmes noires par des représentants des forces de l'ordre. En se glissant dans la peau d'une jeune fille de son âge, l'autrice développe un niveau d'empathie immense envers cette héroïne qui ne laissera personne indifférent. Partageant l'impuissance de cette gamine face à l'engrenage qui vient détruire son innocence, le lecteur se prend claque sur claque et ressort totalement KO de cette lecture absolument bouleversante.

En dressant le portrait d'une ville où il ne vaut mieux pas être noir et pauvre, tout en abordant des thématiques d'une noirceur extrême, tels que la prostitution juvénile, le racisme, la corruption, la pauvreté, les communautés opprimées et la condition des jeunes filles noires, Leila Mottley livre certes un premier roman particulièrement sombre, mais également assez lumineux grâce à la force extraordinaire de cette héroïne encore capable d'embrasser tous les petits bonheurs de la vie. Kiara a beau progressivement se noyer dans cette piscine remplie de merdes de chiens, qui sert admirablement de métaphore à la vie et au désespoir dans lesquels elle baigne, elle trouve néanmoins la volonté et le courage de s'accrocher à une bouée de sauvetage nommée Trevor. Ce petit voisin de neuf ans, délaissé par une mère toxicomane, lui offre une raison d'exister et illumine les pages de ce récit. Un peu de tendresse dans ce monde débordant d'injustice !

Oeuvre engagée, abordant des thématiques sombres avec grand brio, « Arpenter la nuit » prend aux tripes tout en livrant des moments de beauté particulièrement émouvants. Ayant entamé l'écriture de ce premier roman à seulement 17 ans, Leila Mottley fait cependant preuve d'une maturité incroyable, tout en proposant une écriture poétique sublime. Je suis fan !

Mon premier gros coup de coeur de cette rentrée littéraire !
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Depuis la mort de leur père et l'internement de leur mère, Kiara, dix-sept ans, et son frère aîné Marcus vivent d'expédients, seuls dans leur appartement miteux d'un quartier noir défavorisé d'East Oakland, sur la côte californienne. Pendant que Marcus, caressant le doux rêve de percer dans le rap, s'échine avec quelques comparses sur un projet d'album qui ne verra jamais le jour, la jeune fille cherche désespérément le moyen de payer leur loyer et d'éviter l'expulsion. Faute de trouver le moindre emploi, elle finit par se résoudre à arpenter la nuit et ses trottoirs, et se retrouve rapidement sous la coupe de policiers véreux qui l'exploitent sexuellement en échange d'une vague protection. de passes furtives en soirées gang bang, sa descente aux enfers la mène droit au coeur de la tourmente médiatique et judiciaire qui se déchaîne lorsque le scandale éclate.


Inspiré de faits réels survenus à Oakland en 2015, le récit se nourrit de la proximité de l'auteur avec son personnage, une fille noire du même âge et de la même ville en qui elle se projette avec une profondeur de ressenti et un réalisme impressionnants - lui prêtant beaucoup d'elle-même et jusqu'à une compagne calquée sur la sienne propre -, pour nous plonger dans une narration puissante, intelligente, sublimée par le naturel sobre et direct et par la poésie d'une plume si parfaitement mature et maîtrisée que l'on s'ébahit de ses même pas vingt ans et d'un talent déjà si éclatant.


Sans colère ni amertume, mais avec une lucidité désabusée qui en dit long sur la désespérance afro-américaine dans ces quartiers où la vie semble sans issue, Leila Mottley prête une voix et un visage à toutes ces femmes noires, en butte à des violences sexuelles en plus des persécutions policières habituelles, et qui, oubliées des mouvements comme Black Lives Matter – nés pour la défense de victimes jusqu'ici masculines -, demeurent désespérément invisibles. Loin de la représentation diabolisante et réductrice entretenue par les médias, son meilleur argument est l'empathie qu'elle suscite pour une poignée de personnages très jeunes et attachants, dont la profonde détresse ne vient jamais assombrir la lumineuse tendresse, pour un frère, pour un enfant, pour une amante.


Si, avec ce premier roman confondant de maturité, Leila Mottley n'a pas remporté le prestigieux Booker Prize dont elle était la plus jeune sélectionnée depuis que ce prix littéraire existe, gageons que ce n'est que partie remise et que cette magnifique nouvelle plume fera encore parler d'elle. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Kiara, presque 18 ans, et son frère, Marcus, de 3 ans son aîné, vivotent et se démènent comme ils peuvent depuis le décès de leur père et le placement en maison de redressement de leur mère. Depuis le succès d'Oncle Ty, Marcus ne rêve que d'une chose : sortir un disque de rap. Aussi a-t-il abandonné son ancien job et passe son temps dans le studio d'enregistrement de fortune de son meilleur ami, Cole. Kiara, elle, a abandonné les études et essaie de trouver des petits boulots, tout juste de quoi pouvoir manger et payer le loyer qui, malheureusement, va augmenter. Heureusement que sa meilleure amie, Alé, est là pour la soutenir et que les rires de Trevor, un petit voisin âgé de 9 ans, dont elle s'occupe parfois, sa mère étant bien trop occupée à se droguer, sont là pour égayer ses journées. Par un malencontreux hasard, alors qu'elle a passé une partie de la soirée dans un bar de striptease, un homme la prend pour une fille facile, l'entraine sur un toit, fait sa petite affaire et lui file deux billets. L'idée germe alors dans sa tête : vendre son corps...

À partir de sombres affaires qui ont défrayé la chronique, à partir de 2015 et suite au suicide de l'un d'eux, accusant certains membres de la police d'Oakland et plusieurs services de police de la baie de San Francisco soupçonnés d'exploitation sexuelle sur une jeune femme, Leila Mottley donne la parole, à travers le personnage de Kiara, à toutes celles, victimes de violence de la part de la police, qui n'ont pas eu/pu la possibilité de s'exprimer. Dès lors, l'auteure s'imagine ce que peut être la vie de ces jeunes filles. Par manque d'argent, délaissée par sa mère, Kiara voit en la prostitution un moyen facile et rapide d'en gagner. Un moyen qu'elle croyait sans nul doute indolore jusqu'à ce qu'elle tombe sur ces policiers corrompus, abusant de leur pouvoir. de sa plume riche, parfois poétique, parfois écorchée, Leila Mottley nous entraine dans les bas fonds d'Oakland, une ville que l'on ressent chère à son coeur, où la misère suinte, où la violence s'immisce, où les coeurs se fêlent et où, pourtant, l'amour transparait par vagues qui nous emportent, où l'air iodé permet de reprendre son souffle entre deux asphyxies, où les matins clairs font oublier pour un temps les nuits sombres, où les caresses apaisent ces corps écorchés et où un rire permet de sécher quelques larmes. Kiara est de ces jeunes héroïnes inoubliables, dont les épreuves témoignent de sa force, de son courage, de sa foi en la vie, bien qu'elle ait côtoyé la noirceur humaine. Autour d'elle, l'on n'oubliera pas non plus l'amitié indéfectible d'Alé, le soutien infaillible de Tony, la fougue de Marcus et les rires et l'innocence de Trevor.
Un premier roman remarquable, tout à la fois émouvant et déchirant...
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Elle a tout d'une grande… Non, il ne s'agit pas d'un remake pour une marque de voiture, mais de Leila Mottley. Leila Mottley a commis un époustouflant roman de 397 pages, alors qu'elle n'avait que dix-sept ans, qui sonne comme une bonne claque.
Comme Leila, son héroïne de papier Kiara, est une jeune fille noire de dix-sept ans. La comparaison s'arrête là. Kiara va être obligée de se prostituer pour payer les factures du loyer qui s'amoncellent et que son frère aîné ne prend plus la peine de payer, occupé à faire du mauvais rap toute la journée, et à partir petit à petit à la dérive, mêlé à des affaires louches. Kiara se retrouve alors très seule, son père étant décédé et sa mère en centre de réinsertion (le lecteur en découvrira plus tard le motif).
Kiara sacrifie sa jeunesse et son innocence sur le trottoir, dans l'indifférence de son frère et de sa mère. Ce qui la fait tenir, au-delà de la peur de se retrouver à la rue, c'est Trevor, le fils de Dee, la voisine. Dee est toxico, et elle laisse de plus en plus souvent Trevor, 9 ans, se débrouiller tout seul. Alors, Kiara devient une grande soeur pour Trev, lui donne ce qui lui reste de sa part d'enfance, le chérit, le nourrit, paye aussi son loyer.

Quelle maturité, quelle maitrise pour le premier roman d'une si jeune femme. A la fin du livre, l'autrice déclare s'être basée sur des faits réels survenus dans sa ville d'Oakland dans la baie de San Francisco ; un scandale impliquant une jeune prostituée noire mineure abusée sexuellement par plusieurs membres de la police. Hantée par ce fait divers pendant plusieurs années, Leila Mottley a souhaité dénoncer, à travers l'écriture de ce roman, le fait que dans les affaires mettant en cause les policiers, les violences sexuelles arrivent en deuxième position après les coups et blessures, et concernent majoritairement des femmes de couleur.
Également, elle a voulu se révolter contre le fait qu'elle avait été élevée dans la croyance que son devoir de femme noire était de protéger les hommes de son entourage (père, frère, …) « leur sécurité, leur intégrité physique, leurs rêves ». Apprenant par la même occasion que sa propre personne n'est que secondaire, qu'il n'y a personne pour la protéger, elle.
Un premier roman déchirant écrit par une jeune femme bourrée de talent, illuminé par la superbe relation qui unit Kiara à Trevor. Une très jeune autrice, à suivre…
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critiques presse (5)
Elle
30 septembre 2022
Il est très difficile de croire que l’autrice avait le même âge que Kiara quand elle a écrit ce roman, tant sa maîtrise, sa maturité et sa finesse d’analyse impressionnent.
Lire la critique sur le site : Elle
LeMonde
12 septembre 2022
La jeune native d’Oakland est l’autrice d’un premier roman remarqué, « Arpenter la nuit », autour d’une adolescente prostituée par des policiers. Un engagement, parmi d’autres, pour les femmes et la cause afro-américaine.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeJournaldeQuebec
29 août 2022
Dans son premier roman, la jeune Américaine Leila Mottley a choisi de parler de prostitution juvénile. Un livre poignant qu’on n’est pas près d’oublier.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LesEchos
25 août 2022
Leila Mottley dénonce l'exploitation sexuelle de jeunes filles noires par la police d'Oakland. Inspiré d'un fait divers, « Arpenter la nuit » est tout à la fois un manifeste engagé et une ode à la tendresse, écrit dans une langue fiévreuse et poétique. Une grande écrivaine est née.
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeSoir
19 août 2022
Le premier roman de cette Américaine de 20 ans est un coup de poing. On ne pourra pas oublier son héroïne, Kiara, 17 ans, noire, qui fait tout pour s’extirper de l’enfer qui la consume.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (88) Voir plus Ajouter une citation
Je n’étais rien qu’une enfant. Rien qu’une enfant.

(Albin Michel, p.386)
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Quand ses jambes se sont mises à enfler, on l'a emmené voir un médecin qui a dit que c'était la prostate. Le cancer était tellement avancé qu'il n'y avait en fait aucun espoir que ça s'arrange, alors papa a dit non quand maman l'a supplié d'essayer la chimio et la radiothérapie. Il a dit qu'il refusait de partir en la laissant s'endetter à cause de ses factures d’hôpital.
Une mort rapide qu'on a trouvée particulièrement lente.
C'était un soulagement quand ça s'est terminé, quatre ans après sa sortie de Saint-Quentin, et on a enfin pu arrêter de se réveiller en pleine nuit avec la certitude qu'on allait le retrouver tout froid dans son lit. Le jour de son enterrement, j'étais trop fatiguée pour me soucier de porter du noir, et une partie de moi aurait préféré rester loin de tout ça comme mon frère. La mort, c'est plus facile à vivre quand on ne la voit pas.
(p. 25-26)
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Le plus souvent je dis que je ne crois en rien, sauf que la façon dont la nuit met des couleurs sur tout me donne envie de croire. Pas à l'au-delà, ni au paradis, ni à aucune de ces conneries. Ça, c'est juste des trucs qui nous font nous sentir mieux par rapport à la mort et moi je n'ai aucune raison de craindre la mort. Je crois simplement que les étoiles pourraient s'aligner et atteindre un autre monde
Pas la peine que ce soit un monde meilleur parce que ça, ça n'existe sûrement pas. Je pense que c'est autre chose, un quelque part où les gens marchent un peu différemment. Si ça se trouve, ils parlent en vibrations. Ou alors ils ont tous le même visage, ou pas de visage du tout. Quand j'ai le temps de fixer le ciel, je m'imagine avoir assez de chance pour apercevoir ce quelque chose. Mais je finis toujours par être ramenée sur cette planète.
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J'ai passé toute ma vie à attendre de basculer dans quelque chose qui encouragerait mon corps à devenir son propre instrument dans le seul but de pouvoir me joindre à toutes les chansons de funk, celles qui font danser tout le monde. (…) Parfois, quand je peins, j'ai l'impression de ressentir ce genre de choses, mais peindre ne suffit pas, ça n'efface jamais les moments durant lesquels je sens que je ne vais pas pouvoir trouver la paix.
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Je crois que ce jour pourrait être celui que j’attendais. Le jour où mon frère va décider de redresser la tête et de réapprendre à tenir plus ou moins le coup dans cette vie. Le jour où il va poser sa tête sur mes genoux et me laisser le bercer. Il pourrait même me prendre la main ou me demander pourquoi j’ai des bleus en travers de la poitrine. Il y a des moments comme ça où j’ai l’impression d’être coincée entre la mère et l’enfant. Où j’ai l’impression d’être nulle part.
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