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Critique de Levant


La mère est absente. Disparue. Cela n'inquiète personne, elle était bizarre. Daniel et Cathy ses deux enfants adolescents vivent avec leur père. le garçon d'une quinzaine d'année est le narrateur. Il est tout entier tourné vers l'intérieur, aime s'instruire auprès de celle qui leur fait école. Sa soeur aînée aime courir les bois. C'est une fille tournée vers l'extérieur. C'est elle qui prend les décisions. Son frère se complaît sous sa tutelle.

Avec leur père, ils forment une famille singulière mais solidaire, vivant dans une maison que le père a construite. le problème est que le terrain ne lui appartient pas. Avec sa taille de géant il gagnait sa vie en faisant usage de sa force. Il s'engageait dans des combats sur lesquels des paris étaient lancés. Dans l'Angleterre contemporaine c'est encore autorisé. Mr Price, le propriétaire du terrain, veut qu'il travaille pour lui. Il veut utiliser sa force pour intimider les mauvais payeurs de loyer, les employés revendicatifs. Lui, ne veut plus se battre. Sauf une fois, une dernière, quand Mr Price met en jeu la propriété du terrain sur lequel est bâtie sa maison.

Ce premier roman de Fiona Mosley se tient sur fond de lutte des classes, si on peut encore employer cette expression de nos jours, et dans un contexte de vie proche de la nature. C'est en tout état de cause un drame social qui place le démuni aux prises avec le possédant. Si le lecteur s'alanguit quelque peu dans une première partie, le rythme change brutalement quand un fils de Mr Price est trouvé mort dans les bois.

Roman à deux vitesses, roman à deux ambiances. le côté bon enfant d'une vie de famille certes originale mais sans histoire vire au cauchemar, sombre dans la violence. Roman étonnant qui a pu naître dans l'esprit d'une jeune anglaise passionnée par le moyen âge. le style est clair, modeste dans ses prétentions grammaticale et sémantique, ce qui a le mérite de qui rendre la lecture fluide. Un roman tout en ambigüité. Entre deux époques, moderne et ancienne, entre deux classes sociales, entre deux affinités sexuelles. Avec ces adolescents, il y a comme une inversion des genres. Ambigüité dans les sentiments aussi. L'attachement qui fait la cohésion de la famille est toutefois empreint d'une certaine froideur.

Un roman atypique qui laisse une curieuse impression dans l'esprit du lecteur que je suis. Surement un style nouveau, à la fois classique et innovant – encore une ambigüité - qui se confirmera si l'auteur persiste dans l'écriture. Ce à quoi le succès réservé à cet ouvrage ne saurait que l'encourager, même si elle avoue avoir été gênée de se voir réclamer son ouvrage dans la librairie qui l'emploie à mi-temps pour financer ses études. le succès peut griser, mais il peut aussi surprendre et déstabiliser. Et au final encourager, n'en doutons pas, au bénéfice du lecteur conquis.
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