AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ernest


A travers Sindbad, écrivain de son état et personnage principal du roman, l'auteur rend hommage à Gyula Krúdy, autre écrivain hongrois du début du XXème siècle. Il rend également hommage à l'oeuvre de Gyula Krúdy, aux personnages de ses romans, à l'époque à laquelle il a vécu et aux autres écrivains de la scène littéraire de cette époque. Tout le livre est donc une mise en abyme qui offre une immersion totale dans plusieurs univers assez hermétiques : les pensées profondes, rêveries et états d'âme de l'écrivain ; les relations au sein du monde littéraire du Budapest de l'entre-deux-guerres ; l'évocation perpétuelle d'un passé en train de disparaître, magnifié, idéalisé, sur un mode extrêmement nostalgique.
Cette immersion est riche, car extrêmement évocatrice. Elle convoque aussi bien les codes de conduite désuets dans les cafés et les restaurants que les souvenirs olfactifs de bonnes tables et de bons vins dans les maisons bien tenues, les rêveries orientales auxquelles portent les ambiances d'établissements de bain de la ville ou encore les mille détails du mode de vie des Hongrois de la province.
Avec Sindbad, marin sans bateau (clin d'oeil à l'amputation territoriale de la Hongrie après la Grande Guerre), on voyage en plongeant dans tous ces univers, mais on finit par se noyer dans les détails. Les phrases sont très longues, les analogies et évocations s'empilent parfois laborieusement les unes sur les autres. On appréciera que le style traduise l'état d'esprit de Sindbad, qui est las, terriblement las, désespéré de voir disparaître un monde auquel il était tant attaché, parce que dans les années 1930 le monde avait changé, les tramways avaient déjà remplacé depuis longtemps les fiacres à Budapest. le récit a quelque chose de crépusculaire, c'est un adieu déchirant au monde d'avant, qui n'en finit pas de s'appesantir sur les détails, avec une nostalgie qui confine à l'obsession. A l'instar des pensées de Sindbad (qui prononce un nombre extrêmement réduit de mots), les phrases retiennent le passé autant qu'elles peuvent, mais il en résulte une lecture assez fastidieuse.
Le roman foisonne par ailleurs de références, allusions et descriptions qu'il est difficile d'apprécier à leur juste valeur lorsqu'on n'a pas déjà une connaissance assez poussée de la Hongrie.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}