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Critique de VALENTYNE


Dans l'Italie d'après-guerre (1948), la vie s'écoule à Naples, plus particulièrement dans le quartier de Pausilippe. Les gens sont très pauvres mais plutôt joyeux. Ils prennent la vie comme elle vient, restent solidaires, reçoivent avec bonhommie et chaleur le neveu émigré aux Etats Unis, qui revient voir la famille. Ils discutent aux terrasses des cafés, se promènent dans les rues, prient (un peu) dans les églises. Ce livre présente ce quartier pittoresque de Naples, où les gens manquent cruellement d'argent , de nourriture et sont nombreux à être au chômage.
Dans la première partie, tout le monde parle de deux personnages, un homme et une femme, qui viennent de derrière le rideau de fer. Chacun imagine leurs motivations, leurs vies. Mais ils ne parlent pas que d'eux mais aussi des étrangers en général. Certains passages sont très drôles, tout en subtilité, comme celui ci sur les anglais :
"Avez vous remarqué, amiral, que ceux qui, dans notre région, ont une réputation de prophète, gardent le silence ? Je crois que loin d'être prophètes, ce sont tout simplement des anglais un peu fous, les fous sont d'ailleurs nombreux en Angleterre. L'un de mes oncles a fait ses études à Oxford, à une époque où les paysans siciliens travaillaient encore.... Les propriétaires terriens pouvaient alors se permettre d'étudier, contrairement à ce qui se passe aujourd'hui où les paysans refusent de travailler et revendiquent les terres des seigneurs. Bref, mon oncle rapporte que dans certaines maisons de la campagne anglaise, on voit souvent, au premier étage, des messieurs d'un certain âge qui passent leur journée à découper des étoiles avec des ciseaux à ongles dans une feuille de papier mauve. Leurs logeurs ne s'en inquiètent guère : "C'est un hobby", répètent ils . le saviez vous ?
- Oui, je le savais , répondit calmement l'amiral. Un jour, ma flotte s'est arrêtée à Southampton, où je puis vous affirmer que les fous sont tout aussi nombreux.
- Les étrangers qui vivent ici sont des anglais désargentés, insista le baron. Ils sont taciturnes, comme tous ces britanniques un peu loufoques. Il me semble qu'il n'est pas trop difficile d'apprendre à parler anglais. Non, ce qui est vraiment difficile, c'est d'apprendre à se taire en anglais.
- Les Anglais savent très bien se taire en anglais, objecta l'amiral. p71
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Sandor Marai décrit en quelques phrases et avec humour les croyances et coutumes locales, que ce soit la place des églises "Une napolitaine de bonne famille , ayant reçu une éducation digne de ce nom, ne donnait jamais rendez vous à ses amies ou à ses amants ailleurs que dans une église"( p101) ou de celles des saints : "Les napolitains ne s'adressaient guère aux saints de Rome. Ils n'allaient pas davantage à la capitale pour consulter médecins et avocats. Non, ils voyageaient rarement et quand ils se décidaient, ils choisissaient plutôt comme destination Milan, où ils pouvaient espérer trouver quelque travail. Rome avait la réputation d'une ville extrêmement bureaucratisée où tout, y compris l'accès aux saints patrons, était d'une rigidité administrative".(P 105)
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En fin de première partie, on apprend que l'homme est retrouvé mort en bas d'une falaise (ceci n'est pas raconter l'histoire puisque la quatrième de couv l'annonce elle aussi). Meurtre, accident ou suicide ? Là n'est pas l'essentiel. L'essentiel est plutôt de comprendre , d' analyser le ressenti de ce que vivent les expatriés politiques (et apatrides). On entendra assez peu parler l'homme, ce que l'on apprend de lui se fait beaucoup par personnes interposées. La femme parlera plus longuement, évoquant leur fuite, leur désir mais aussi leur peur d'émigrer aux Etats unis ou en Australie.
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J'ai beaucoup aimé ce livre, plus la première partie, haute en couleurs que la deuxième très introspective.
Lien : http://l-echo-des-ecuries.ov..
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