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Critique de Sachenka


Avec un titre pareil, je m'attendais à l'histoire d'amour d'un jeune homme, sa première, à peine sorti de l'adolescence. Toutefois, le roman s'ouvre sur un homme d'âge mûr (et casanier) qui tient un journal. Alors, je me suis dit qu'un événement, les pages de son journal, le ramèneront en pensées à une histoire d'une autre époque, de sa jeunesse. Eh bien non. Deux fois non. Cet homme, le narrateur, passe quelque temps dans un hôtel puis retourne à son travail, dans une ville quelconque de Hongrie. Là, il est professeur au lycée. le temps s'écoule lentement. On découvre ses amitiés (si on peut qualifier ainsi le type de relation distante qu'il entretient avec les gens de son entourage, surtout des collègues) puis ses élèves. On découvre surtout un homme qui a toute l'apparence de la normalité et de la stabilité - du moins, c'est ce que laissent supposer ses observations dans son journal - mais qui cache au fond de lui un je-ne-sais-quoi de troublé.

J'ai ressenti une certaine lassitude vers le milieu du roman. Les choses semblaient s'étirer, sans trop savoir où elles s'en allaient. Les descriptions des faits et gestes des collègues et des élèves, bof. Ce n'était pas mal écrit, au contraire. Après tout, c'est du grand Sandor Marai qu'il s'agit! En effet, je sentais une sorte d'oppression, une aura lugubre qui flottait au-dessus d'eux. Une menace? C'était curieux parce que ça semblait inusité compte tenu du caractère et de l'occupation du narrateur. Je supposais qu'un drame allait suivre. Et, puisque l'écriture était bien, je continuais. Il faut dire que, depuis quelques années, j'ai développé une passion pour la Hongrie, surtout celle de l'Âge d'or de Budapest. En blaguant, je dis souvent que j'ai dû vivre là-bas dans une vie antérieure, si je croyais à ce genre de trucs.

Dans tous les cas, pour revenir au roman, tout se met en branle vers la fin. le narrateur, lors d'une de ses promenades solitaires en soirée, croise le chemin de deux de ses élèves, Madar (qui passe pour son préféré, bien qu'il ne l'apprécie pas beaucoup) et Margit. La relation entre ces deux-là provoquera une obsession chez le professeur : pourquoi cette fille-ci apprécie-t-elle ce garçon-là? Il ne comprend pas et ça devient une idée fixe chez lui. Ajouté aux remises en question d'un homme vieillissant et désillusionné par son entourage et la société, cela crée un roman plus complexe qu'il ne le semblait à première vue. Puis, le dénouement est tout à fait inattendu vient tout ramasser. C'est que l'introspection à laquelle il s'est prêté, au lieu de l'amener à sortir de sa solitude, l'amène plutôt à sombrer vers des comportements négatifs, presque inexplicables. Voire inexcusables. Cette fin compense amplement pour le rythme lent (et habituel) auquel Marai a recouru pour déployer son intrigue. Ce roman ne constitue pas un de mes préférés de l'auteur mais je l'ai bien apprécié.
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