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Critique de Sachenka


Cent ans de solitude m'avait marqué et transporté. Mieux, envoûté, comme peu de chef d'oeuvres ont su le faire depuis. Mais, une dizaine d'années avant la parution de ce roman-phare était sorti Des feuilles dans la bourrasque, qui se déroule dans le même univers, celui du village fictif de Macondo. Mieux, on y retrouve également un certain Aureliano Buendia. le colonel. Exactement le même ? Surement pas. Ici, il a pour toute famille une fille, Isabel, et un petit-fils. Ces trois personnages se partagent la narration de cet après-midi du mercredi 12 septembre 1928 où ils risqueront la colère de tout Macondo pour offrir une sépulture chrétienne au docteur.

Ce dernier, athée (ou, du moins, pas pratiquant), s'était attiré la haine des villageois pour l'attention marquée qu'il portait aux femmes mais, surtout, retraité, pour avoir refusé de soigner de blessés revenus de la guerre. Isolé, mis au ban de la petite société, il s'est suicidé. Pendant cet après-midi du 12 septembre 1928, alors que le petit-fils observe le mort, le colonel et sa fille Isabel décident des actions à entreprendre, ils se remémorent la venue du docteur, son histoire, etc.

Par moment, j'éprouvais de la difficulté à suivre cette trame. Au-delà du fait que la chronologie était assez bousculée avec tous ces retours en arrières pas toujours annoncés, les changements de narrateurs n'étaient pas plus évidents. Qui narre cette fois-ci ? le petit-fils, la fille ou le patriarche ? Et c'est beaucoup dire, compte-tenu qu'il s'agit essentiellement d'un huis-clos, dans lequel n'apparaissent que peu de personnages (outre ces trois-là, on retrouve le docteur, la vieille servante amériendienne Mémé, le mari d'Isabel et à peine une poignée de figurants colorés).

Aussi, il faut le dire, Gabriel Garcia Marquez n'était pas encore le grand écrivain qu'il est devenu et Des feuilles dans la bourrasque est davantage réaliste que magique. L'écriture est plus sèche, l'histoire est plus sombre, ou du moins elle semble ainsi parce que les moments durs ne sont pas relevés par d'autres, plus festifs ou légers.

Mais les thèmes, ceux qui seront chers à l'auteurs, on peut déjà les voir pointer. L'isolement ou la solitude. Par exemple, le docteur, malgré qu'il ait habité au village de nombreuses décennies, reste et finit seul. Même Aureliano et Isabel le sont à leur façon. Et que dire de Macondo, tropicale mais pas encore diluvienne. Elle est surtout morbide, abandonnée par les uns, marquées par les conflits des autres, où les villageois ne forment qu'une masse indistincte haineuse. Bref, une génèse, en quelque sorte.
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