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Critique de Athouni


Les éditions l'Asphalte m'avait déjà assis avec « L'employé » de l'argentin Guillermo Saccomanno. Cette fois l'auteur est péruvien mais le résultat est le même : je me suis pris un mur.

Il faut dire que les deux romans ont recours à des tonalités similaires : le récit est âpre, désenchanté, sinon désespéré, dans les deux cas. Cette noirceur colle parfaitement aux mondes urbains décrits dans les deux romans. Autre point commun : le narrateur n'inspire aucunement la sympathie, il ne se cache pas derrière de beaux atours, il est à l'image de son environnement : triste et gris, parfois sordide.

« Tes yeux dans une ville grise » est un roman fragmentaire, volontiers digressif, sur Lima, capitale du Pérou et ville réputée pour son effarante violence. le lecteur suit le trajet quotidien du narrateur pour se rendre à l'université. Un combi puis un bus à travers Lima. Les anecdotes du narrateur sont autant de règlements de compte saturé de résignation : avec lui-même, avec une société détruite par la mondialisation heureuse, les ghettos des riches et ceux des pauvres, l'éreintante violence physique et morale, avec cette ville, Lima, synthèse monstrueuse des abjections contemporaines, etc.

Les courts chapitres se suivent et forment un nuancier de gris foncés. C'est que Martin Mucha ne fait pas dans la dentelle : aux chapitres courts, il faut ajouter un style lapidaire fait de phrases définitives. Martin Mucha écrit comme on tire à la mitraillette : de manière saccadée et implacable.

Une réussite.

NB : outre « L'Employé » de Saccomanno chez l'Asphalte, où le lecteur retrouvera une ambiance comparable, il est à signaler la parution récente chez un autre petit éditeur d'un livre sur Lima : « La conscience de l'ultime limite » aux éditions de L'Arbre Vengeur.
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