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EAN : 9782918767282
192 pages
Asphalte (10/01/2013)
3.94/5   32 notes
Résumé :
Tous les jours, Jeremías traverse en bus ou en combi la capitale péruvienne pour se rendre à l’université. Sous son regard sensible et lucide défile la Lima d’aujourd’hui, où coexistent quartiers pauvres et zones richissimes. Désenchanté, Jeremías est le représentant parfait d’une génération qui n’a jamais pu intégrer la prétendue « société parfaite » des années 1990 en Amérique du Sud. Récit poétique, portrait urbain, roman social, Tes yeux dans une ville grise est... >Voir plus
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Coup de cœur!
Jeremias Carpio,jeune étudiant métisse ,sans pére et une mère trop occupée à survivre, a grandi à Lima chez son grand-père,du côté pauvre.A la mort de ce dernier, il se réfugie avec sa mère,de l'autre côté du Mur,chez un riche "oncle".Ce Mur, qui existe vraiment, matérialise la ségrégation sociale, scindant la population de Lima en riches et pauvres.Jeremias, lui ,à la longue ne parviendra pas à le franchir,aussi bien au propre qu'au figuré.
C'est un Lima des années 90 que nous raconte Jeremias,à travers ses périples en bus ou en combi ,d'un bout à l'autre de la ville.Une description tres visuelle des gens,de leur vie,de la ville, une critique sans pitié de la société péruvienne de Lima,riches,pauvres,classe politique..une ville où les pickpockets,les piranitas(gamins des rues), les criminels "sans classe", les pervers de bus ou de la rue sont de service vingt-quatre heures sur vingt-quatre ( une ville où j'ai passé une semaine,il y a dix ans, une ville vraiment grise et sans charme).
Dans la dernière partie du livre,l'auteur donne la parole aux personnages qui ont partagé la vie du jeune homme,complétant ainsi les quelques pièces manquantes de l'histoire,et nous rapprochant encore plus de Jeremias.
Ce livre me rappelle beaucoup "Camanchaca" de l'auteur chilien, Diego Zuniga(un autre coup de cœur!), meme style d'écriture sec et sans effets (j'adore), et meme ton détaché, teinté d'humour pour raconter une ville et une vie infiniment triste, sujette à la violence physique et psychologique.
Beaucoup de musique aussi dans ce livre, qui apporte des moments de pure poésie à ce très beau roman qui m'a énormément touchée!
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Tous les jours, Jeremias traverse Lima en bus ou en combi pour rejoindre l'université où il est étudiant. Il s'entasse avec ceux qui n'ont pas de voiture et pas les moyens de prendre un taxi, dans une promiscuité propice aux vols, aux attouchements, aux viols même, pour un trajet long et chaotique dans une ville où la misère la plus crasse côtoie l'opulence la plus ostentatoire. Abandonné par son père, élevé par une mère ruinée par la crise financière, Jeremias a vécu chez son grand-père jusqu'à la mort de celui-ci, du mauvais côté du mur qui sépare riches et pauvres. Maintenant, il vit chez son oncle dans une belle villa mais dans sa tête rien a changé. Il est toujours un de ces indiens pauvres descendus de la montagne avec l'espoir de s'intégrer dans une ville et une société qui ne leur ont pas fait de place.

Roman plus noir que gris, Tes yeux dans une ville grise, outre un joli titre, possède une extraordinaire force de narration, portée par le style à la fois brut et poétique de Martin Mucha. A travers son personnage qui sillonne la ville dans une errance désespérée, il porte un regard lucide sur la société péruvienne où règne la corruption, où la violence est quotidienne, où la pauvreté est devenue de la misère. Cet étudiant qui en a trop vu pour croire encore à l'ascenseur social traîne son mal-être parmi les pickpockets, les pervers, les enfants des rues, les mendiants dans un Lima tentaculaire où la vie ne vaut guère plus qu'un ticket de bus.
Cette vision sombre et désenchantée laisse un goût amer, dépeignant une société désincarnée qui ne tient plus compte des individus. Fatalistes, les péruviens n'ont plus confiance en rien, ne croit plus en leur avenir, s'accommode d'un pays où la loi du plus fort régit les rapports humains. Une belle découverte, sordide et brutale, de la vie au Pérou. A lire.
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Jeremias Carpio prend chaque jour le bus ou le combi pour aller à l'Université. Il a 22 ans et vit à Lima.
Lima une ville où le ciel n'est jamais vraiment bleu, où il ne pleut pas vraiment, seul un crachin mouille un peu les visages. Une ville pas tout à fait comme les autres.

"À Lima le panorama change à chaque rue. La ville est grise. Mais ses contrastes sont sauvages. Sa mer a des falaises. Ce sont deux beaux mots, rythmés. Il faut pourtant souligner un détail : Lima a son propre mur de Berlin. Il ne sépare ni des opinions, ni des religions, ni des choix politiques. Les gens le regardent et ne font pas de commentaires. On n'en parle pas. Je n'ai jamais rien lu à son sujet. On dirait qu'il est là et qu'il n'y est pas. Son acceptation est tacite. C'est une cicatrice ; ce mur long de plusieurs kilomètres situé au sommet des collines de Las Casuarinas" p 35

Jeremias est un enfant métis, indien par sa mère , il a été élevé par son grand-père maternel sans la présence du père. Quand il découvre la vie de l'autre côté du mur son monde s'effondre et quand il a l'opportunité d' y vivre, il reste le môme miséreux de Pamplona.

le bus défile et Jérémias observe sans relâche le monde qui l'entoure, celui des petites gens, des miséreux, des mendiants, des pervers, des voleurs, des survivants en quelque sorte. le lecteur découvre une succession de portraits instantanés au milieu du bruit, de la cacophonie, des cris et des silences ... à chacun de découvrir Lima avec ses propres yeux.
Une lecture aussi époustouflante que tragique.

Martin Mucha vit à présent à Madrid et y exerce le métier de journaliste. A noter l'époustouflante traduction d' Antonia Garcia Castro à qui j'emprunte ces quelques mots de sa préface:
"Écrit loin de Lima, Tes yeux dans une ville grise ne nous parle que de Lima. Et du drame de la terre qu'on ne quitte pas. Qu'on ne peut pas quitter parce qu'on la porte en soi, parce qu'on fait corps avec elle."

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Regarde bien petit,
regarde bien *
Dans sa très intéressante préface, la traductrice, Antonia García Castro nous donne quelques clefs pour mieux appréhender ce livre, car honnêtement mes connaissances sur Lima sont plus que sommaires.
Un jeune homme pour suivre ses études doit tous les jours prendre les transports en commun pour traverser Lima, ses quartiers et ses paradoxes en tous genres.
Actualités malheureusement, nous ne sommes pas en Inde, mais les bus semblent être régis par les mêmes lois, celle du plus fort et du silence. Laura a capitulé et une autre jeune fille, victime elle aussi d'attouchements a été retrouvée morte dans un jardin. le narrateur aussi fut la proie de certains pervers sans compter les pickpockets et contrôleurs abusant de leurs fonctions! La jungle urbaine dans toute son horreur. Mais Pablo Escobar y avait une maison surnommée "La Villa Coca".
Dans son enfance, Jeremías Carpio se souvient d'avoir échappé de peu à un attentat du "Sentier Lumineux" et aussi à la sauvagerie au quotidien, il se rappelle une autre jeune fille violée par son père et une autre par un ami. Il se remémore aussi un passage à tabac, puis s'est retrouvé avec un pistolet sur la tempe pour le prix d'un ticket de car...Il repense à sa famille, en particulier sa mère ruinée par des hommes d'affaires avec la bénédiction du monde politique et une hyper inflation de un million pour cent...
Une certaine apathie fait que peu de choses bougent...chacun reste sur ses désillusions et ressasse son amertume en se préservant au maximum dans une société égoïste où le seul mot d'ordre est "Chacun pour soi", Que peut-on attendre d'un pays où certaines personnes sont contraintes de mettre leurs dents en or en gage ! Que reste-t-il : la musique? * Et le football en parfait opium du peuple.
Jeremías ne croit pas beaucoup en son avenir car il se définit lui-même comme indien et pauvre ; alors le fatalisme aidant, il regarde avec résignation le monde qui l'entoure. Et c'est déprimant. Il pense au suicide souvent. Il se sent depuis très longtemps responsable de la mort de son grand-père. Son père l'a abandonné, sa mère est seule, ils sont hébergés chez un oncle qui a une grande maison. Elle travaille dur pour pas grand chose ayant tout perdu elle aussi comme la plupart des Péruviens.
Il a peu d'amis, mais il est proche de l'un d'entre eux ; malgré tout il a embrassé sa petite amie...sans y prendre particulièrement de plaisir. Ses relations avec les femmes sont pour le moins ambiguës et compliquées car il en a peur et ne les comprend pas, mais ne cherche pas non plus à remédier à cela!
Mais laissons les autres parler de lui, sa famille, certains amis, une jeune fille, son chien....
Des personnages hors-normes, car leur seul but est de survivre. Alors il y a les prédateurs et les autres qui subissent et se taisent n'ayant malheureusement guère d'autres choix. La Loca Très Pieles est un travesti noir qui loue des enfants pour faire l'aumône, le Prophète est un vagabond divin et alcoolique qui un jour creva l'oeil d'une femme, et fut mis à mal par les voyageurs ! Des clochards et des prostituées de la drogue aussi et parfois de pauvres enfants qui tentent de garder une certaine dignité au milieu d'une violence latente en vendant par exemple des fleurs dans le bus.
Mais le principal sujet de ce livre, c'est la ville de Lima elle-même ! Terre de contrastes, la misère la plus noire y côtoie la plus folle opulence, les quartiers de Pamlona et son opposé Las Casarinas, trajet quotidien de Jeremías.
Une série de faits de la vie courante (souvent ici, des faits-divers) d'une ville que l'on découvre à travers le prisme d'un de ses habitants et non pas par une image d'Épinal tronquée et truquée!
L'auteur ne s'embarrasse pas de fioriture pour parler du monde de la finance et de la classe politique du pays. Exemple, ce professeur ancien ministre qui coula le pays :
-"Il a converti les 10000 dollars d'un compte bancaire en 100 dollars"
ou l'ancien président Alberto Fujiromi décrit ainsi par Mucha :
- Un fils de japonais qui était arrivé au pouvoir dans une hypnose générale. Il ressemblait à une caricature de président qui s'humiliait en permanence pour parvenir à gagner des élections.
Les pays d'Amérique du Sud ont une longue tradition de gouvernements pour le moins très limites comparés avec nos conceptions de la démocratie.
Des chapitres très courts, donc rythmés, sorte de symphonie musicale avec des faux airs de musique sud-américaine bercés par les roues du bus ou des combis.
Ici, les nuances de gris sont très foncées!
Titre original :Tus ojos en una ciudad gris (2011)
* Jacques Brel.
* *Voir l'habituelle playlist musicale en fin d'ouvrage.
Lien : http://eireann561.canalblog...
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Jeremias, jeune étudiant, traverse tous les jours la ville de Lima sur de nombreux kilomètres en bus ou combi. Il s'agit ici d'une errance urbaine avec les rencontres que cette dernière impose. Jeremias a toujours vécu à la marge de la haute société liménienne et pourtant il entre à l'université et a fait sa scolarité dans une école réputée où les enfants bourgeois le traitaient de "cholo" terme péjoratif pour nommer les indiens. La fissure est effectivement très profonde entre les riches et les pauvres et le narrateur nous la fait pleinement sentir, au Pérou il n'y a pas de transfuge de classe malgré les efforts personnels de Jeremias pour changer de vie. D'ailleurs il nous le dit, les gens aisés n'empruntent dans cette ville jamais les transports en commun. Il se sait condamné dans cette société hyper inégalitaire. Dans ces pages, aucun espoir, tout est gris à l'image de Lima, souvent plombée par un ciel gris.

L'écriture est comme parlée, comme si Jeremias avait écrit tous ces mots dans un carnet qu'il aurait publié. Quel meilleur moyen que ce type d'écriture pour montrer la réalité ? Presque un documentaire. Une perle rare de livre, d'un auteur péruvien, d'une littérature péruvienne trop peu souvent traduite.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
La plupart des gens chantent faux. Mais pas l’enfant qui est en train de la chanter. Sa petite chemise est trouée par endroits. Il a de grosses joues toutes roses, on les croquerait. Des ongles courts ; il doit sûrement les ronger. Mais il a une voix chaleureuse. Parfois la beauté peut se présenter habillée de la sorte. Et elle n’est pas évidente à saisir. C’est très difficile de ne pas être ébloui par un crépuscule ou par un Monet. Ce qui est vraiment compliqué, c’est de capituler devant des faits qui n’ont pour eux que la simplicité.
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Mon premier élan a été de faire demi-tour et d'éviter sa présence. Je fuis toujours. En particulier, je les fuis. Elles. Ce sont des êtres que je ne comprends pas. Je sais que beaucoup de gens - même plus moches et moins intelligents - affrontent leur énigme avec une autre attitude, mais c'est qu'ils ne les comprennent pas.
L'ignorance atténue la peur. Elles me font peur. Elles ne m'ont jamais blessé, ni rien. Elles et moi sommes des corps différents, qui ne s'entendent pas. Je déteste Platon et son idée selon laquelle nous sommes deux êtres destinés à se rencontrer. Avant de le faire nous sommes des ombres ; des fantômes dans la plénitude du néant. La moitié de ce que nous devrions être. Je suis un putain de spectre sidéral, alors.
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La monotonie permet parfois le bonheur de se trouver soi-même. Dans cette routine d’aller d’un bout à l’autre de la ville, la seule chose qui soit vraie, c’est que c’est moi qui fais ce parcours. Je peux être et j’ai été plusieurs personnes. La plupart sont mortes au fil des désirs et des absences. Si quelque chose me définit, ce ne sont pas tous ces souvenirs malsains, en réalité j’assume le fait que je suis au-dessus de tout ça.
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Ma mère a eu un moment l’idée d’avorter et de me jeter dans une poubelle remplie d’autres bâtards qui me ressemblaient. Si elle l’avait fait, peut-être qu’elle serait heureuse à l’heure qu’il est. Maintenant, nous sommes deux malheureux. Mais nous nous aimons.
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Le combi arrive.C’est le type de transport que j’utilise depuis seize ans. Ceux d’avant étaient pires. Des autobus bondés avec des voyageurs accrochés aux portes. Tous les jours, tu en avais un qui tombait. Maintenant les deux types de transport cohabitent. Comme des putes.
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