Citations sur Une histoire de la violence, de la fin du Moyen Âge à no.. (5)
La jeunesse ne peut évidement pas être parfaitement contrainte.
Dans une telle hypothèse, la relation existant entre l'homicide et le suicide serait inversement proportionnelle, la quasi-disparition du premier ayant pour prix une forte augmentation du second à l'heure du bilan, lors de l'entrée dans la maturité ou dans la vieillesse. La mort de soi pourrait ainsi révéler le rejet, décalé dans le temps, longtemps après la puberté, de la puissance symbolique de l'interdit du meurtre de l'autre, devenu incontournable dans notre civilisation. En France, le taux de suicide atteint 8,9 pour 100 000 au milieu du XIXe siècle. Il bondit à son maximum absolu de 20,8 entre 1896 et 1905, à un moment où le nombre des crimes contre les personnes n'a jamais été aussi bas.
Le pénal, on le sait, n'est pas un phénomène isolé. Il épouse étroitement la vie des sociétés et se module en fonction des groupes qui composent ces dernières.
Au début du XXIe siècle, les risques d'homicides sont très inégaux selon les régions du globe. En 2000, le taux annuel pour 100 000 habitants est de 60,8 en Colombie, de 0,6 au Japon, de 0,7 en France ou en Angleterre. Les statisticiens proposent d'affiner l'approche en tenant également compte des suicides et de la mortalité par accident de transport, afin de mieux évaluer la dangerosité de chaque pays. Ceux où le total cumulé des trois causes n’atteint pas 10% des décès présentent le risque global le plus faible. Tel est le cas du Royaume-Uni (3%), de l'Allemagne et de la Suède (4%), des États-Unis (6%), de la France et du Japon (8%), alors que l'Ukraine affiche 10%, la Russie 18% et la Colombie 24%.
Alors que se profile le premier conflit mondial, le déferlement de fantasmes sanguinaires sur l'imaginaire occidentale indique que n'a pas été résolue une contradiction fondamentale entre la douceur relationnelle exigée de tout être civilisé dans les échanges quotidiens et l'exaltation guerrière des vertus nationalistes.