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Critique de Acerola13


Inyenzi ou les cafards est le troisième ouvrage de Scholastique Mukasonga que je lis, et de loin mon préféré. Son écriture y est moins "naïve" que dans les deux autres livres d'elle que j'ai lus (Notre-Dame du Nil et La femme aux pieds nus), et retrace la seconde partie du 20e siècle rwandais, à la chute annoncée et si sanglante.

Cette façon de raconter les prémices du génocide met le lecteur sous tension : quarante années auparavant, les signes sont déjà là, et le récit se déroule sans qu'on ne puisse l'arrêter vers son effroyable conclusion.

On y découvre donc les premiers déplacements de la famille de Mukasonga de Nyungwe vers Magi, puis vers Nyamata, loin de leur lieu de vie initial. L'épuration ethnique est lancée dès l'automne 1959, avant même la déclaration d'indépendance et la date officielle de rupture avec la Belgique, en 1962. Loin d'être un simple récit de l'instant présent, Inyenzi fournit au lecteur de nombreuses remarques et anecdotes qui s'insèrent parfaitement dans la narration et apportent un éclairage postérieur fascinant sur les évènements : déplacements des Tutsis vers des régions peu peuplées mais que les Belges avaient prévu de coloniser, obligation de cultiver du café pour les réfugiés (malgré la difficulté et le temps nécessaire à faire croître une plante qui ne fournit aucun apport nutritionnel à ses cultivateurs, déjà pauvres), distribution de riz subordonnée à la fréquentation de l'école, simulacre de démocratie lors des élections, où les Tutsis se voient forcés de voter pour celui qui mettra en oeuvre leur extermination, ou encore instrumentalisation des réfugiés au Burundi, fausse menace justifiant la mise à sac des villages des déplacés au Rwanda.

Un éclairage bienvenu, aussi cruel que violent, sur le prélude au génocide rwandais et la difficulté pour les survivants de faire le deuil de leurs familles décimées. Sans aucun doute un de mes coups de coeur de l'année.
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