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Critique de jazzman


Rencontre très intéressante que celle que nous faisons ici avec Abir Mukherjee. Il est né en Écosse, fils d'immigrés indiens. La dédicace à son père laisse penser que l'auteur a été élevé dans le respect du pays d'origine de ses parents et de leurs traditions. Sans doute une transmission orale qui aura imprégné à jamais son esprit et lui aura donné envie de se lancer dans le roman policier historique. Nous sommes en 1919, la guerre est finie mais elle a transformé Sam Wyndham, ancien inspecteur de Scotland Yard : sa femme est décédée et son expérience de soldat l'a conduit vers l'opium. Plus rien ne le retient désormais en Europe et il décide d'intégrer la police impériale à Calcutta. Il est vite confronté au meurtre barbare de MacAuley, membre de l'administration coloniale, retrouvé poignardé et égorgé : dans sa bouche un message demandant le départ des Britanniques.
Mukherjee décrit très bien le mode de fonctionnement de l'Empire dans le sous-continent : racisme des Blancs envers les Indiens, méfiance des seconds envers les premiers, corruption du système colonial dont les heures semblent désormais comptées. Une excellente étude des milieux qui gravitent autour du pouvoir et de l'argent et sont prêts à tout pour « gagner encore plus de galon ». Un univers très glauque où la loi du silence est certes de mise mais où tous les coups sont permis y compris les plus meurtriers : il n'y a pas de pitié pour les traîtres à la « bonne cause » ! L'auteur n'a pas choisi au hasard ce climat humide et moite du nord-est de l'Inde que nous ressentons au fil des pages et qui participe de cette atmosphère plombée. La scène aurait été moins crédible dans le nord au climat plus sec. L'ambiance est très importante dans un roman policier car le climat exacerbe les tensions !
En toile de fond, l'émergence de la cause nationaliste indienne qui se divise en deux branches : celle des «  terroristes » et celle des apôtres de la non violence. Comment ne pas penser à Gandhi lorsque l'on croise le personnage de Benoy Sen ? Et le gouvernement colonial a bien compris qu'il pouvait utiliser les uns contre les autres pour ne pas laisser lui échapper la suprématie. La condamnation d'un Indien innocent ne pose aucun problème de conscience ni à la justice impériale ni à ceux qui en sont les valets (du moment qu'elle sert ses intérêts !) J'avais très vite trouvé le coupable mais le plus important sont ses motivations…..
Se profile aussi à l'horizon cette génération d'Indiens comme Banerjee qui maîtrise aussi bien la langue de Shakespeare que les colons eux-mêmes et dont la logeuse de Wyndham dit avec sarcasme  que l'Empire britannique leur a apporté une civilisation qui va se retourner contre ses « bienfaiteurs » . Banerjee a ceci de supérieur à Wyndham que non seulement il maîtrise la langue de l'occupant mais qu'en plus il connaît très bien son pays, c'est à dire ses langues et ses coutumes. Sans lui, Wyndham n'aurait pas pu mener à bien son enquête et n'aurait probablement pas échappé à la mort. C'est d'ailleurs sans doute la raison pour laquelle tous les deux vont , si j'ai bien compris, s'associer. Je lirai avec plaisir les tomes suivants.
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