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Critique de ODP31


Ma série tandoori.
Quatrième titre autour des enquêtes du Capitaine Wyndham en Inde dans les années 20, période où l'emprise britannique devenait aussi populaire qu'une certaine réforme sur les retraites. Ils avaient Ghandi. On a nôtre syndicaliste à moustache, pas très sikh.
Le policier, pour qui le travail n'est pas qu'une corvée, a posé quelques RTT de l'époque pour une petite cure dans un ashram perdu dans l'Etat d'Assam, l'Alsace de l'Inde pour les tourmentés du GPS, mais plutôt calme côté cigognes. le Capitaine Wyndham n'a pas l'intention d'y ouvrir ses chakras et il ne s'agit pas d'une petite retraite ayurvédique dans un lieu de paix, de bonheur, de graines et d'ennui conseillée par son coach de vie et prof de paddle-yoga. Non, accro à l'opium, pas celui du peuple, le policier va suivre une cure de désintox à base de suées et de tisanes qui feraient passer la Chicorée de Mémé pour du Champagne millésimé.
Le manque de pavot ne va pas seulement peupler ses cauchemars d'insectes mais le confronter à de vieux fantômes londoniens qui vont le ramener à ses débuts et à une enquête pour le crime d'une ancienne conquête survenu dans les bas-fonds de Whitechapel. le récit offre deux enquêtes croisées pour le prix d'une puisqu'un pensionnaire de l'ashram est également retrouvé mort.
Cet opus passionnant s'éloigne du contexte de lutte pour l'indépendance des nationalistes indiens qui servait de toile de fond aux précédentes histoires tout en maintenant une ambiance désenchantée de fin de règne. A défaut de sapin, l'empire sent le teck.
Cette enquête qui n'est pas loin d'être ma préférée, est plus introspective car elle remue le passé et nous permet de mieux comprendre le personnage.
Mon seul regret réside peut-être dans le rôle trop secondaire joué dans ce récit par son adjoint Banerjee, personnage plus important dans cette série que Watson dans un Sherlock Holmes ou Hastings dans un Poirot (ou Sancho dans un Zorro…) car le sergent indien éduqué à Cambridge incarne à merveille le tiraillement entre deux cultures qui s'éloignent.
L'auteur, Abir Mukherjee, dont je ne saurai jamais écrire le nom sans jeter un oeil sur la couverture du roman, parvient à se renouveler, à ne pas sombrer dans les clichés de l'Inde coloniale et à glisser dans ses intrigues ses indignations actuelles. En l'occurrence, la peur de l'étranger et le repli sur soi post-brexit en Angleterre.
Moi qui me lasse en général assez vite des feuilletons-brochettes car j'ai l'impression de toujours retourner diner dans le même resto, je me surprends à prier Vishnou de ne pas interrompre cette série, à rendre hommage à Brahmâ en tong et tenue de gambas pour prolonger le plaisir de lecture et à implorer Shiva, avec son nom de SUV, de se rendre utile avec ses 4 bras pour activer l'écriture de la prochaine aventure.
Inutile de me sortir un 49-3 pour m'obliger à lire le prochain.
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