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Critique de lousalinger


En interview, Thomas Mullen ne cache pas son amour pour les oeuvres mêlant la petite à la grande Histoire. Il n'est donc pas anodin que l'écrivain tente le grand saut avec un thriller dont la toile de fond évoque l'embauche des huit premiers agents afro-américains intégrés à la police d'Atlanta, état sudiste encore bien imprégné de ses traditions racistes (nous sommes en 1948). Si l'évènement ressemble à une évolution, les conditions dans lesquelles cette unité doit travailler remet les pieds sur terre : plaque ou pas, les lois Jim Crow (petit manuel du ségrégationnisme décomplexé) s'appliquent autant à eux qu'à n'importe quel citoyen noir. Pas le droit de frayer dans les quartiers blancs, pas le droit de conduire une voiture de police, demandes de renforts traitées en dernier et leur QG est un sous-sol crasseux, etc...Juste pour vous donner une idée.
Quand le meurtre d'une jeune femme de couleur est outrageusement négligé par leur hiérarchie, trois sergents décident de se lancer à corps perdus dans une enquête qui va se révéler beaucoup plus tortueuse et choquante que prévu. Darktown est le premier volet d'une trilogie policière aux accents de drame historique, ce qui le rapproche inévitablement des travaux de James Ellroy. Mullen sait ce qu'il doit aux maîtres du genre, aussi décide-t-il de leur rendre quelques hommages directs ou indirects (D.Hammett, R.Chandler et une petite référence à R.Stark). Il n'a peut-être pas un style distinctif comme ses pairs, n'empêche que Darktown file droit, ne laissant jamais une occasion à l'intrigue de piétiner. La trame policière semble pourtant secondaire face à la charge extrêmement violente contre les pratiques et moeurs de l'époque.
La partie consacrée à l'investigation ne manque pas d'intérêt, loin de là. Les indices ou retournements de situation sont disposés pile au bon moment pour relancer la partie. Je suis moins convaincu par la manière de dénouer le sac de noeuds. Un habitué saura déceler les ficelles sans que cela impacte la découverte. le point noir si situe aux moments des révélations dévoilées en "hors-champ" à plusieurs reprises, ce qui a tout de l'artifice un peu rabâché. Difficile d'en vouloir à Thomas Mullen, il est vrai que l'exhumation de ce passé pas si lointain est d'intérêt public, nombre de lecteurs peu familiers avec l'Histoire du racisme aux U.S.A pourront en appréhender la profondeur. Dans une optique moins sarcastique qu'un Chester Himes et la saga Cercueil et Fossoyeur, la création très réaliste de Mullen est une porte d'entrée recommandable en plus d'un thriller prenant.
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