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Critique de bdelhausse


Herta Mueller nous livre une plongée dans l'obsession, la perte des repères, la dépossession de soi.

Obsession de la personnage principale qui se rend à une énième convocation de la police politique. Perte de repères car la réalité et l'imaginaire vont se mélanger, s'entremêler. Notamment à la fin où elle mélange les lieux, les personnages... montrant l'angoisse qui monte à mesure qu'elle se rapproche du lieu de l'interrogatoire. Dépossession de soi, car elle ne saura plus qui elle est, si elle est saine d'esprit, de corps, ce qu'elle veut.

L'interrogatoire est mené par un homme qui joue au chat et à la souris avec elle, il joue le registre de la compréhension, de la séduction, des menaces. Tout cela concourt à lui faire perdre la tête. Mais il ne faut pas perdre la tête. Herta Mueller le lui fait dire à plusieurs reprises.

Elle est obnubilée par la mort de sa meilleure amie, exécutée. Ce qui lui pend au nez, à elle aussi.

Son compagnon perd pied, renvoyé de son propre boulot pour des broutilles. Elle aussi risque cela pour avoir mis quelques messages dans des pantalons qu'elle confectionne et qui partaient vers l'Italie. Et leurs connaissances sont aussi convoquées de temps à autre... c'est le régime de la terreur, qu'Herta Mueller connaît bien et qu'elle décrit simplement, à la perfection.

Le livre prend place sur le chemin de la convocation. Certain.e.s peuvent juger le livre décousu... le lecteur suit le fil des pensées de la personnage principale. Pensées angoissées, mortifères, noires... qui dénotent la persécution permanente, le lavage de cerveau, le doute de tout, et qui mélangent le passé et le futur, les vivants et les morts... en une sorte de prière pour que tout se passe bien (comme si les choses pouvaient bien se passer dans les locaux de la police politique).

C'est lourd, à sens unique, sans espoir, sans rayon de soleil, et cela m'a -quand même- gêné à la longue. Les seules échappatoires sont des variations sur la mort, finalement: alcool, suicide, folie... Cette folie qui monte petit à petit dans le cheminement des pensées de la personnage principale.
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