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Critique de le_Bison


Assis sur un banc en plastique d'un blanc sale, je regarde par la baie vitrée la neige tomber sur le tarmac de l'aéroport de Pittsburg, Pennsylvanie. Rien qu'à cette vue, j'imagine une chanson, un blues triste et mélancolique, une petite guitare ou deux qui grattent derrière l'oreille. le regard comme hypnotisé vers l'extérieur, la neige se couche presqu'à l'horizontal, le blizzard se déchaîne contre l'immense fenêtre. Il va y avoir du retard dans les départs, espérant que mon avion ne soit pas annulé, maigre consolation le bar de l'aéroport semble ne jamais baissé rideau, accueillant des gens épuisés, traînant leur spleen ou leurs solitudes à toute heure, en toutes langues.

Après trois gobelets de café lyophilisé au goût si acide qu'il écorche une grimace à mon sourire défait, je décide de prendre position, table du fond, le dos tourné à la tireuse à bière, le regard toujours plongé vers cette nuit sombre qui accueille ses flocons de neige blanche. A côté, je les entends parler, deux espagnols volubiles et enjoués. L'un, Marcelo, entrepreneur et homme d'affaire, file sur Miami, son soleil et ses filles en bikinis, belles comme des Andalouses. L'autre, Claudio, professeur de littérature, attend son avion pour Buenos Aires, sa pampa et ses filles caramélisées, souriantes comme des Argentines. L'un boit une Mahou cinco estrellas, l'autre une Quilmes. Dans leur conversation, il est question d'une femme, il est toujours question d'une femme avec les hommes. Et d'un hôtel. Un hôtel désuet mais avec du charme à Buenos. Et une femme, la plus belle femme qui soit, celle qui vous hante à jamais comme un esprit diaphane venu s'allonger près de ton corps nu d'entre les draps. Elle s'appelle Carlota, mais en fait peu importe son nom. Elle est là et se rappelle à votre mémoire à chaque jour de votre putain de vie.

Je l'imagine cette Carlota, ses seins, ses fesses, ses jambes, éloges de la douceur. Je la vois cette Carlota, son sourire, son parfum, éloges de l'envie. Comme une certaine fragrance du désir. La tempête se calme, les avions reprennent leur danse au milieu des étoiles. Je finis ma bière, il est temps que je prenne également mon envol vers d'autres cieux, toujours plus sombres. Direction Buenos Aires, un congrès sur Borges. Je descendrai à cet hôtel au charme authentique, ses poussières et son ascenseur avec liftier et je verrai cette femme, Carlota Fainberg, une beauté à mettre en exergue des mémoires de ma vie. Et demain, j'assisterai à la conférence, un programme alléchant, « From Aleph to Anus : Faces (and feces) in Borges. An attempt at Post-colonial Anal/ysis ». C'est que j'apprécie tout particulièrement la vulgarisation de ce genre d'anal/yse b/anale.
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