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Philippe Bataillon (Traducteur)
EAN : 9782020530538
186 pages
Seuil (19/03/2002)
3.28/5   34 notes
Résumé :
Une tempête de neige s'abat sur l'aéroport de Pittsburg : deux hommes de nationalité espagnole se rencontrent dans une salle de transit. Ils ne se connaissent pas et ne se reverront jamais. L'un, Claudio, professeur de littérature, spécialiste de Borges, écoute alors la très étrange histoire d'amour que l'autre, Marcelo, un homme d'affaires madrilène, a vécu dans un hôtel de Buenos Aires. Puis les voyageurs se séparent et Claudio découvrira, dans ce même hôtel où a ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Deux personnages importants dans cette histoire. Ou plutot trois: deux hommes en chair et en os, et une femme revee, inventee, et pourtant omnipresente. Trio romantique s'il en fut, et triplet (reussi?) pour Munoz Molina.


Mais commencons par le commencement. Un espagnol americanise (de la tous les anglicismes qui enervent certains lecteurs), prof de litterature dans une minable universite US, doit se rendre a Buenos Aires y donner une conference. A l'aeroport il est happe et accapare par un autre espagnol qui a flaire son origine. Ils n'ont rien en commun. Claudio, le prof, est reserve, solitaire, presque timore. Marcelo est un homme d'affaires extraverti qui le force a ecouter ses souvenirs de Buenos Aires, la merveilleuse aventure qu'il y a vecu quatre ans avant avec une femme, le prototype de la tueuse d'hommes, Carlota Fainberg. Assez enerve au debut, excede par le sans-gene et le machisme de son interlocuteur, passif, notre prof se trouve peu a peu interesse par l'histoire. Fin de la premiere partie.


Une fois a Buenos Aires, Claudio se prend a visiter l'hotel ou s'est deroulee l'aventure de Marcelo, un hotel decrepit, au charme decadent. Il apprend que ladite Carlota a vraiment existe, habitant l'hotel qui appartenait a son mari, mais qu'elle est morte depuis une vingtaine d'annees. Il croit apercevoir son ombre, qui s'estompte des qu'il s'approche. Est-ce un fantome que Marcelo avait aime? Ou tout n'etait que pure affabulation de sa part? Comment lui, specialiste des artifices litteraires, est tombe dans les pieges d'un hableur?


En fait Munoz Molina veut nous faire partager son admiration pour l'art du conteur. Pour lui la "litterature orale" n'est pas forcement un parent pauvre, elle peut etre aussi sophistiquee que l'ecrite. Toutes deux ont pour vocation premiere de tenir l'auditeur/lecteur en haleine, condition sine qua non pour faire passer un quelconque message. Au passage il egratigne les critiques specialises, qui cryptent autant qu'ils decryptent les textes qu'ils etudient, ainsi que les abus du "politically correct", et les surencheres des "gender wars" a l'americaine. Tres rejouissant, tout ca.


Mais je ne place pas ce livre parmi les grandes oeuvres de Munoz Molina, et pas seulement parce qu'il est court. Peut-etre parce qu'il se disperse. Comme s'il contenait deux nouvelles differentes, de deux genres differents. D'un cote la rencontre des deux espagnols, ou l'ambiance de l'aeroport est tres bien rendue, ses bruits, sa musique qui te poursuit, les rumeurs de centaines de passants, et la communication entre eux, impossible mais qui aboutit a une sorte de communion disparate. de l'autre Buenos Aires, le decrepit hotel art-deco, ses longs couloirs obscurs, ses chambres rances de moisissure ou il s'est peut-etre passé quelque chose d'inquietant dans le passé, ou Munoz Molina flirte avec le fantastique. Chaque partie est interessante en soi mais le tout m'a laisse une impression d'ebauche, de piece qu'il aurait du plus limer.


Je reste avec la sensation bizarre que je n'ai eu droit qu'a l'ombre de Munoz Molina. Je retiens quand meme l'hommage a la literature orale, a l'art du conteur. Meme si sur ce theme il vaut mieux lire L'homme qui parle, de Mario Vargas Llosa. Beaucoup plus abouti.
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Assis sur un banc en plastique d'un blanc sale, je regarde par la baie vitrée la neige tomber sur le tarmac de l'aéroport de Pittsburg, Pennsylvanie. Rien qu'à cette vue, j'imagine une chanson, un blues triste et mélancolique, une petite guitare ou deux qui grattent derrière l'oreille. le regard comme hypnotisé vers l'extérieur, la neige se couche presqu'à l'horizontal, le blizzard se déchaîne contre l'immense fenêtre. Il va y avoir du retard dans les départs, espérant que mon avion ne soit pas annulé, maigre consolation le bar de l'aéroport semble ne jamais baissé rideau, accueillant des gens épuisés, traînant leur spleen ou leurs solitudes à toute heure, en toutes langues.

Après trois gobelets de café lyophilisé au goût si acide qu'il écorche une grimace à mon sourire défait, je décide de prendre position, table du fond, le dos tourné à la tireuse à bière, le regard toujours plongé vers cette nuit sombre qui accueille ses flocons de neige blanche. A côté, je les entends parler, deux espagnols volubiles et enjoués. L'un, Marcelo, entrepreneur et homme d'affaire, file sur Miami, son soleil et ses filles en bikinis, belles comme des Andalouses. L'autre, Claudio, professeur de littérature, attend son avion pour Buenos Aires, sa pampa et ses filles caramélisées, souriantes comme des Argentines. L'un boit une Mahou cinco estrellas, l'autre une Quilmes. Dans leur conversation, il est question d'une femme, il est toujours question d'une femme avec les hommes. Et d'un hôtel. Un hôtel désuet mais avec du charme à Buenos. Et une femme, la plus belle femme qui soit, celle qui vous hante à jamais comme un esprit diaphane venu s'allonger près de ton corps nu d'entre les draps. Elle s'appelle Carlota, mais en fait peu importe son nom. Elle est là et se rappelle à votre mémoire à chaque jour de votre putain de vie.

Je l'imagine cette Carlota, ses seins, ses fesses, ses jambes, éloges de la douceur. Je la vois cette Carlota, son sourire, son parfum, éloges de l'envie. Comme une certaine fragrance du désir. La tempête se calme, les avions reprennent leur danse au milieu des étoiles. Je finis ma bière, il est temps que je prenne également mon envol vers d'autres cieux, toujours plus sombres. Direction Buenos Aires, un congrès sur Borges. Je descendrai à cet hôtel au charme authentique, ses poussières et son ascenseur avec liftier et je verrai cette femme, Carlota Fainberg, une beauté à mettre en exergue des mémoires de ma vie. Et demain, j'assisterai à la conférence, un programme alléchant, « From Aleph to Anus : Faces (and feces) in Borges. An attempt at Post-colonial Anal/ysis ». C'est que j'apprécie tout particulièrement la vulgarisation de ce genre d'anal/yse b/anale.
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Carlota Fainberg est une lecture qui m'a tenu en haleine cette semaine. L'auteur nous présente deux protagonistes, deux espagnols qui se retrouvent bloqués dans un aéroport au États-Unis. Notre narrateur se rend a Buenos Aires tandis que l'autre apprenant ça, lui raconte une histoire qui lui est arrivé la-bas. Son job consiste a racheter des hôtels qui sont en faillite pour les remettre sur pied, il en découvre un en plein coeur de la ville et voit déjà la belle affaire. Seulement, il fait la connaissance d'une femme charmante, qui va le séduire. Je ne vous en dis pas plus, juste que cette femme a bien des secrets....
L'intrigue m'a beaucoup plu, le suspense et la et l'on veut connaître la fin, qui ne m'a pas déçu. Par contre, l'histoire de Claudio en arrière plan, ne m'a pas passionné.

L'écriture d'Antonio Munoz Molina est captivante, par contre, le fait qu'il utilise des termes anglais quasiment dans chaque phrase est assez horripilant. Heureusement l'intrigue est bonne et les personnages sont attachants. "Dans la vie, les grandes explosions de joie ou de malheur sont beaucoup moins fréquentes que ne le suggèrent les romans ou le cinéma. D'après mon expérience (pas trop vaste je m'empresse de le préciser), dans la vie de tout a chacun, beaucoup plus importants sont les petits disapointments qui gâchent la possibilité de satisfactions assez peu spectaculaires, vraiment très modestes et cependant très solides, qui se présentent a presque chacun d'entre nous. A l'aéroport de Pittsburgh, quand je me suis vu presque traîné par un compatriote importun pour aller prendre un café, "ou un peu plus" comme il l'a dit, vers un oak bar suspect ou se trouvaient déjà installes, incrustes comme on dit aujourd'hui en Espagne, deux gros bonshommes tristes et ostensiblement redneck qui buvaient de la bière, j'ai pris conscience de tout le plaisir que je m'attendais a éprouver dans la lecture ou dans la simple attente du voyage pendant les heures qui me séparaient du départ de mon avion, et du manque d'égards avec lequel cet homme m'avait arraché un morceau de temps qui m'appartenait et qui jamais ne me serait rendu." Ils sont assez caricaturaux, il y a d'un coté, le gros macho par excellence, tandis que de l'autre, l'homme cultivé : "[...] Entendre parler des femmes en termes physiques était quelques chose que je ressentais comme aussi vieilli que le manteau posé sur les épaules de mon père, ou que ces cigarettes brunes sans filtre qui avaient déjà commencer a le tuer sans qu'il ne le soupçonne." C'est une rencontre assez improbable qui au final plaira aux lecteurs.

Je suis heureuse d'avoir enfin découvert un roman de l'auteur. J'avais envie de le lire depuis longtemps et je ne suis pas déçue.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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"C'est à cause d'une femme et d'un hôtel que je ne peux pas retourner à Buenos Aires" confie Marcelo, un "homme d'affaires madrilène" à Claudio.
Ce dernier, universitaire d'origine espagnole mais exerçant en Pennsylvanie, se rend dans cette même capitale argentine pour faire un exposé (lors d'un colloque) sur un poème de Jorge Luis Borges.
Les deux hommes sont de parfaits inconnus. Seuls les relient leur pays natal et le temps à tuer dans l'aéroport de Pittsburgh où les bloque une tempête de neige. Claudio raconte, ici, l'incroyable aventure, passionnée et passionnelle, de son compagnon de transit avec Carlota Fainberg (d'où le titre) femme blonde "à tomber raide" occupant la suite nuptiale d'un hôtel argentin au bord de la ruine alors qu'en 1989, suite à l'hyperinflation, le pays était "foutu" et que Marcelo "cadre international" venait espionner pour le compte de la chaine "Worldwide resorts".
Bien que l'intrigue soit longue à se mettre en place (page 62 sur 182 pages) et que Antonio Munoz ponctue chaque phrase de mots d'anglais professionnels et fatigants (sans doute pour mieux baigner le lecteur dans le monde caricaturé des affaires), ce roman, fort bien écrit, dévoile plusieurs pistes intéressantes:
-L'époque où se déroule l'action et son contexte (marasme) économique (1989 puis 1993).
-La sensualité des Argentines dont le physique est comparé à celui des Espagnoles (courtes sur pattes!!! mais prêtes aussi, dans certaines circonstances...).
-Le caractère machiste des Espagnols: avec donjuanisme, fantasmant sur des femmes fatales mais intimidés et craintifs de ne pas être à la hauteur.
-La peur des hommes en général vis à vis de femmes "trop femmes".
-L'image et le paraître: car Claudio, intellectuel, juge au départ vulgaire cet individu qui étale ses frasques puis s'intéresse à l'homme d'affaires autoritaire qu'il entrevoit entre deux phrases.
-La lâcheté des hommes infidèles en général car l'aventure tourne au vaudeville.
-L'image caricaturale de "conquistador" et de "gallito" (petit coq) de l'Espagnol perçue en Argentine car Claudio, lui aussi va croiser une femme fatale. Son impardonnable faute à citer du Borges, poète argentin alors qu'il n'est pas d'origine latino-américaine.
-Le côté fantastique de ce récit car cette Carlota Fainberg, que rencontrera Claudio dans ce même hôtel, est-elle fantôme, femme ou fantasme? A lire!
A signaler que l'auteur, Antonio Munoz Molina (comparé à Henry James, Thomas Mann ou Juan Carlos Onetti), a publié de nombreux romans primés: Un hiver à Lisbonne (prix de la Critique et prix National de littérature 1987), le Royaume des voix (prix Planeta 1991 et prix national de la littérature 1992), Pleine Lune (prix Fémina étranger 1998).
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Que dire ? Si ce n'est que c'est une oeuvre de Muñoz Molina à côté de laquelle on peut passer sans remords.

Un professeur espagnol d'une université américaine en partance pour Buenos Aires est bloqué à l'aéroport de Pittsburg par une tempête de neige et se fait harponner par un compatriote qui veut absolument lui raconter ses aventures dans la capitale argentine.

L'histoire en elle-même n'est pas à jeter, mais il est insupportable que le personnage du professeur ponctue toutes ses phrases de termes d'anglais pour faire bien. C'est véritablement désagréable et enlève tout plaisir à la lecture. Et bon, l'histoire n'est pas rocambolesque non plus. On dirait une première oeuvre de jeunesse, mais mal conçue. Heureusement qu'il y a mieux, nettement mieux chez cet auteur.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
[...] Entendre parler des femmes en termes physiques était quelques chose qu je ressentais comme aussi vieilli que le manteau posé sur les épaules de mon père, ou que ces cigarettes brunes sans filtre qui avaient déjà commencer a le tuer sans qu'il ne le soupçonne.
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- Quand même, qu'est-ce que je ne donnerais pas, là, maintenant, pour un bon demi de bière Mahou avec beaucoup de mousse, à la brasserie Santa Bárbara de Madrid par exemple, avec des amandes grillées bien salées et une assiette de coques... Ça, et une fille, les deux meilleures choses de la vie, le paradis sur terre.
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- C'est à ça que je passe mon temps, Claudio, me disait-il en posant, de manière gênante mais pour un court instant, sa main sur mon genou, dans un geste de confiance ou de camaraderie favorisée peut-être par la tempête de neige, encouragée par notre condition d'Espagnols. D'hôtel en hôtel, comme qui dirait, de ville en ville. C'est fatigant, tu ne peux pas savoir. Parfois, je regrette presque de ne pas être resté conseiller fiscal, c'est ce que je faisais autrefois : on remplit pour les gens leurs déclarations de revenus et on les voit faire la grimace quand on leur annonce ce qu'ils auront à payer. Et pourtant, là aussi je te dis la vérité, ce que je préfère c'est découvrir le monde et faire connaissance de gens nouveaux.
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Dans une petite trattoria il commanda une pizza et une demi-fiasque de vin. Acide et léger, le vin rouge italien le remonta et il finit son diner avec un petit verre de grappa. La mystérieuse femme blonde, comme il l'appelait lui-même, continuait de l'occuper par priorité.
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Il m'a semblé qu'en plus de ses yeux elle me regardait avec ses seins dont les mamelons étaient très grands, comme des fraises, Claudio, et presque de la même couleur...
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