AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de nilebeh


Ce gros livre, dense et extrêmement riche s'articule autour de deux trajectoires qui, dans un espace-temps différent, se croisent à Lisbonne. L'une correspond à la cavale de James Earl Ray, l'assassin du Pasteur Martin King le 4 avril 1968 à Memphis (Tennessee), l'autre au séjour de l'auteur, Antonio Muñoz Molina, dans la capitale portugaise en 1987. L'un fuit, l'autre cherche à construire un roman qui deviendra son premier grand succès, « L'hiver à Lisbonne », thriller mené sur un rythme de jam-session.
L'auteur effectue un énorme travail d'enquêteur, de journaliste d'investigation, en se penchant sur une masse extraordinaire de documents qui restituent les faits et gestes de James E. Ray à Lisbonne. Documents qu'il intègre à l'histoire – presque- véridique du meurtrier auquel il prête sentiments, émotions et stratégies pour ne pas se faire repérer. Ainsi naît un « personnage » au sens littéraire du terme, très fouillé, nourri, qui finit par nous devenir familier. Nous savons (presque) tout de lui : son apparence, son histoire, sa haine des Noirs, le milieu pauvre dont il est issu, véritable terreau aux idées ultra-réactionnaires, sur la base du complot, de la duplicité (médias menteurs, politiques corrompus sauf Mc Carthy, pasteurs noirs à la solde des communistes infiltrés dans le FBI, etc.). Cela n'excuse rien de l'horreur du crime perpétré depuis la minable salle de bains d'un hôtel minable de Memphis.
D'un autre côté, Muñoz Molina engage une réflexion sur l'acte d'écrire, saisissant le rapprochement entre les quelques jours passés à Lisbonne par J.E.Ray et ceux que lui-même y a passés pour préparer son roman « Un hiver à Lisbonne ».
Enfin, il se glisse dans la peau du pasteur assassiné pour restituer ce que furent ses derniers moments. Et là, cela devient un peu excessif, on finit par se lasser du procédé.

Le livre est intéressant, dense, documenté mais à la fin passablement indigeste. C'est dommage car les réflexions et analyses, tant sur le plan de la création littéraire que sur le tragique fait divers en lui-même, méritent qu'on s'y attarde et qu'on y réfléchisse, le sujet du racisme et de l'intolérance étant malheureusement encore d'actualité aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}