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Critique de NathalieUC


Les premières fenêtres sont le hublot de l'avion qui a amené Molina à New York la première fois et la fenêtre de l'hôtel par laquelle il regardait la ville quand il n'était encore qu'un touriste effrayé, perdu avec la langue.
Fenêtres de Manhattan, c'est plusieurs années de déambulation, mais surtout plusieurs mois de l'année 2001 incluant le 11 septembre. Après avoir regardé le temps qu'il fait par la fenêtre de son appartement, après avoir décrit le ciel et les arbres et montré les changements de saisons, Molina déambule dans les rues des journées entières, parle du New York qu'il croise, buildings et passants. Certains passages correspondent à une époque antérieure au ménage du maire Giuliani, avant qu'il ne nettoie Manhattan des indésirables, de ceux qui gachent la carte postale. Molina nous décrit la ville de tous les extrêmes avec les yeux d'un Européen qui ne s'habitue pas à l'indifférence des gens. A New York, on ne voit pas l'autre, on ne lui parle pas, on ne le touche pas. J'ai aimé son empathie envers les plus démunis, ses réflexions sur une ville dans laquelle prédomine le commerce de tout ce qui peut se vendre.
Pendant ses pauses dans les cafés, Molina se poste devant les vitrines et observe encore les passants, note dans ses cahiers tout ce qu'il voit et ses réflexions qui donneront matière à ce roman. Les piétons sont les marcheurs de Giacometti, les arbres qui ploient sous le vent sont ceux des tableaux de van Gogh, les fenêtres sont celles des tableaux de Hopper.
J'ai apprécié les nombreuses références culturelles. Molina visite de nombreux musées et bibliothèques, surtout les plus petits d'entre eux que nous ne connaissons pas forcément. Mais ce n'est pas un guide touristique de la ville, c'est un roman très personnel et dans certains passages, Molina se livre complètement, se montrant timide face aux personnes qu'il doit rencontrer à New York, susceptibles de publier ses romans. On découvre un écrivain qui doute de lui et de ses écrits. Roman personnel aussi car c'est à New York qu'il a donné rendez-vous à une femme rencontrée depuis peu, ne sachant pas encore si cette rencontre pourra déboucher sur un amour durable. Cette femme l'accompagnera-t-elle plusieurs fois à New York ? Deviendra-t-elle la mère de ses enfants ?
Le roman est aussi une réflexion intéressante sur l'appartenance à un pays. « Voyager nous sert plus que tout à en apprendre sur le pays dont nous sommes partis ». Molina aime New York pour la ville, ses musées, ses bibliothèques et ses salles de spectacle mais il aime surtout la sensation d'être un inconnu dans cette ville.
Une fois n'est pas coutume, j'ai un petit bémol, tout petit. J'ai trouvé que le roman tournait un peu en rond parfois, surtout vers le milieu. Quelques passages, peu nombreux, m'ont un peu moins parlé. Mais beaucoup d'autres m'ont enchantée, évidemment. Et bien sûr, il y a cette écriture. Pas besoin d'en dire plus pour ceux qui la connaissent. Pour les autres, courez-y vite et vous ne pourrez plus vous en passer.
Je n'ai pas lu tous les romans de Molina, je les savoure à petites doses en redoutant le jour où je n'en aurai plus à lire. Et comme ce n'est pas un écrivain qui sort un roman tous les ans, cela pourrait venir vite. Je viens justement de voir qu'il en sort un qui fera certainement échos à Fenêtres de Manhattan puisqu'il y raconte ses périgrinations dans différentes villes.
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