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Critique de florigny


Quel choc ! Lu une première fois il y a xx années, je n'avais gardé qu'un souvenir agréable mais flou de Pleine Lune. Après cette seconde lecture, réalisée avec toute la lenteur et le respect dus à sa force de frappe et au talent de l'auteur, je suis désormais certaine de ne jamais l'oublier. Pleine lune entre dans mon panthéon personnel des romans qui auront marqué ma vie de lectrice au fer rouge, ils sont rares. D'ores et déjà, j'ai envie de le lire à nouveau, de m'imprégner de chaque phrase, de laisser les mots et les pensées de l'auteur infuser en moi, réveiller des émotions et susciter des questions.


Il y a certes le fait divers d'une indicible horreur, mais pour Antonio Munoz Molina, il n'est qu'un prétexte à mettre en scène d'inoubliables personnages, tous rongés par le doute et la culpabilité, assoiffés de justice aussi : l'inspecteur sans-nom muté d'une région où les balles ne sont pas perdues pour tout le monde, où les voitures éventrent des rues, où la mort rôde en permanence sans dire quelle forme elle prendra. Lui a résisté, mais pas sa femme, usée par les menaces téléphoniques, par la peur, par l'attente de son homme, elle se repose. Non, elle est internée. le père Orduna, déclassé par sa hiérarchie parce qu'il a choisi de retrousser les manches de sa soutane pour bosser en vrai et que pour lui, le marxisme-léninisme n'est pas un gros mot, parce que sur la table de son presbytère austère, des bulletins paroissiaux côtoient des tracts syndicaux, quel magnifique et flamboyant personnage ! Susanna, l'institutrice de la petite Fatima, première victime du tueur de la pleine lune, indépendante, bafouée par son mari... Et puis, il y a aussi le tueur... Lunatique...


Croissante, décroissante ou pleine, la lune contamine tous les personnages - hagards, somnambules, hantés, ou traumatisés – qui subissent son influence et sont emportés par le déluge torrentiel du style de l'auteur, dont les phrases d'un paragraphe ou de plusieurs pages asphyxient le lecteur, le piègent, lui coupent le souffle, le touchent aux tripes, au coeur et au cerveau dans cette virée hallucinée en Andalousie. Rien de plus à dire ! Un choc lunaire !
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