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Critique de ElGatoMalo


Zorglub dans le monde de Spirou, c'est une sorte de "mythe". Alors quand la dernière Masse Critique BD a proposé ce titre, et bien c'est avec un enthousiasme forcené (à peine un cran au dessus de mon état psychiatrique standard) que je me suis précipité dessus. Mais voila quelques temps que j'ai fini de lire l'album et j'hésite ; et je tergiverse ; et je tourne autour du pot car j'ai bien du mal à rédiger une chronique qui tienne debout. Non pas que l'histoire m'ait déçu, bien au contraire, et pour tout dire, pour faire plus amplement connaissance avec le triste sire, dans la foulée, j'ai même commandé le volume 7 de la réédition intégrale de l'oeuvre de Franquin sur la série Spirou et Fantasio, volume très justement nommé le mythe de Zorglub.

Qu'est-ce qui me retient ? Surtout la difficulté de rendre compte de l'histoire sans découvrir le noeud du récit le plus intéressant qui se révèle, à la fin de ce volume, en apothéose, dans une double double page : chaque page se déplie en doublant la largeur du bouquin et se voit dans le prolongement de son vis-à-vis. Ne serait-ce qu'en indiquant cet artifice éditorial, je gâche la surprise qu'un lecteur est en droit de savourer pleinement en découvrant et en manipulant lui-même ces feuillets gigantesques. Cette originalité vient s'ajouter à l'illustration de couverture dont le titre est imprimé en métal argenté (ce qui ne se voit pas du tout sur les photos). Mine de rien, c'est un bel album qui sort bien de l'ordinaire.

Donc, ne pouvant rien dire sur le contenu "narratif" sans sombrer dans d'horribles remords qui me gâteraient mes vacances, il ne me reste plus qu'à comparer le Zorglub nouveau à l'ancien.

Les petits bonZhommes créé par Franquin (plus connu aujourd'hui comme le papa de Gaston Lagaffe) à la fin des années 50, se montraient sous un jour bien différent. le personnage de Zorglub était finalement assez pitoyable dans son excès d'orgueil aussi démesuré que mal placé et, surtout dans sa volonté d'être reconnu pour un génie scientifique, sans pour autant être reconnu comme un génie du mal (un moment, cependant, j'ai cru reconnaître le modèle archétypal du méprisable Gru, personnage central de la série de dessins animés : Moi, bête et méchant). le mythe de Zorglub tient à l'image du scientifique tout puissant et à une idée que la science pourrait tout ou, du moins, pense avoir le pouvoir de tout contrôler. Mais voila : si savoir c'est pouvoir, savoir absolument, chez Zorglub, c'est l'occasion de pouvoir rater absolument aussi. Car la figure originale de Zorglub échoue lamentablement. Tout le temps. Même dans la plus simple des situations. Ainsi il manque de se tuer parce qu'il a oublié de faire le plein, ou il oublie une marche de trois mètre en sortant de son Zorgcoptère ; ou il rate le coup le plus magnifique de sa vie parce qu'il n'a pas supervisé le travail de ses subordonnés : le zorglhomme de base reste un zombie décérébré (même pas drôle, contrairement aux minions), soit dit en passant. Faut-il être bête pour ne pas s'en rendre compte ?

Est-ce qu'il y a autant de prétention et de ridicule dans le Zorglub nouveau ?

Non, ce dernier est devenu un bon père de famille, un peu trop protecteur. Si des catastrophes se produisent, ce n'est plus pour souligner, en contrepoint, sa pénible arrogance. Elles s'insèrent dans le fil de l'histoire, en péripéties assez naturelles. Il n'y a plus de zombies/zorglhommes. La spécialité du jour est dans l'air du temps : l'automate, le robot (les zorglhommes dans l'oeuvre de Franquin faisaient penser aux robots de Karel Kapek). Ces automates-là sont de plus en plus autonomes et sont même capables de tirer d'affaire leur patron avec une certaine élégance (il y a, ici, un peu de la nouvelle la Mère d'Euréma où le héros construit des machines qui font correctement à sa place ce qu'il est incapable de réussir lui-même comme tout le monde comme draguer une fille - [R. A. Lafferty dans Histoires mécaniques au Livre de poche]). Finalement le Zorglub modernisé n'a plus rien de méprisable et en devient même attachant. Mais n'est-ce pas l'objectif à atteindre si on espère voir, un jour prochain, paraître le tome 2.
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