Marie-Aude Murail a vraiment le ton juste, je trouve, pour s'adresser aux adolescents. Quoique je dis cela de mon point de vue TRES post-adolescent.
Simple, c'est un jeune garçon, un peu
simplet comme son nom l'indique. Enfin c'est un surnom bien sûr.
Simplet, c'est très désuet. Aujourd'hui, on dit handicapé. Et même, il faut dire maintenant « en situation de handicap ».
Bon, c'est à double tranchant… vous savez, il ne faut pas stigmatiser, avec certains mots. Mais on se pose la question : qu'est-ce qui est stigmatisant ? le mot employé ou la pensée que l'utiliser, ce mot, est stigmatisant ?
Dans le roman en tout cas,
simple est donc un jeune pas si jeune,
22 ans, pris en charge par son frère qui paraît plus vieux alors qu'il est bien plus jeune, puisqu'il est encore mineur. Et c'est ce jeune frère qui appelle son frère «
simple » et qui le présente comme débile. Or, il l'aime vraiment. Au point de le prendre en charge plutôt que le laisser à l'institut qui s'occupait de lui et dans lequel il n'était pas heureux.
Ça peut sembler un peu cliché d'ailleurs et je me suis déjà posé la question : comment c'est vraiment, maintenant, dans ce genre d'institut ? Est-ce vivable ? Parce que même avec la meilleure volonté du monde, si vous ne réunissez que des gens à problèmes, avec des problèmes différents mais importants, comment peut-on espérer suffisamment de sérénité pour que la vie soit agréable ?
Je vois déjà certains autistes, qui ne sont pas les cas les plus lourds puisqu'ils ne sont justement pas en institut, avoir des réactions parfois vraiment bruyantes, voire violentes. Certains enfants, atteints de je ne sais quel trouble psychiatrique/psychique/psychologique (ou autre) se rouler par terre, taper sur les tables de manière répétée, se taper la tête contre les murs.
Là aussi c'est à double tranchant : je reste persuadée que pour gérer certains troubles il faut des gens spécialisés, un lieu spécialisé. Mais évidemment, pour certains, être entouré toujours de gens atteints eux aussi de troubles, ça ne doit rien arranger. Et je pense là aussi aux autistes qui sont capables de tant de progrès dans un cadre normal, de progrès dans leur relation aux autres j'entends, mais il est indéniable aussi que pour progresser dans le développement de leur intelligence, il faut qu'ils y soient sollicités, comme tout un chacun. Et ce n'est là qu'un exemple bien sûr.
On peut alors penser que l'inclusion est bénéfique à tous, à condition qu'elle ne soit pas à marche forcée, ni dans le but d'économiser en supprimant des structures coûteuses. On devrait plus facilement proposer des solutions mixtes entre institut spécialisé et milieu ordinaire. Et on ne devrait pas considérer qu'accueillir un jeune handicapé dans une classe ordinaire sans aucun aménagement est souhaitable ni même possible dans de bonnes conditions d'ailleurs. Pour cela, il faudrait aussi que les instituts spécialisés, au lieu de fermer et donc se raréfier, ouvrent au contraire dans de nombreux endroits évitant ainsi de voir des parents refuser le suivi de leur enfant juste parce que le lieu du suivi est à une heure de route non desservie par les transports, parce que la seule solution pour accéder à certaines places spécialisées est l'internat et que parfois les parents ne sont pas prêts à cela.
Bref, revenons au livre parce que c'est sujet inépuisable.
Kléber (c'est le petit frère qui se comporte comme un grand) croit avoir une bonne idée en cherchant une colocation pour eux deux. Indéniablement, c'est
Marie-Aude Murail qui a eu une bonne idée. On ajoute ainsi d'autres jeunes, avec leurs préoccupations de jeunes qui ne manqueront pas d'intéresser les ado qui lisent ce livre. On confronte aussi le handicap à différents regards, histoire de faire réfléchir un peu en faisant tomber quelques idées reçues.
Il y a quelques situations improbables dans cette histoire mais il me semble que cela ne lui nuit pas.
Un livre utile, distrayant et intéressant. de la littérature.
Alors au suivant !
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