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Critique de pasiondelalectura


Haruki Murakami est un auteur déroutant qui sait allier le mélange du plus pur et précis réalisme avec une touche de fantaisie teintée d'onirisme. J'apprécie ses livres et il me surprend à chaque fois. Mon livre préféré reste Kafka sur le rivage, probablement parce que ce fut avec ce livre que j'ai découvert Murakami et sa « patte » si spéciale.

1Q84 est un roman paru en 3 tomes au Japon entre 2009-2010; ce fût un best seller d'emblée avec plus d'un million d'exemplaires vendus au Japon en 1 mois. le titre fait référence au roman 1984 de Georges Orwell car 1Q84 se déroule en 1984 quand Aonamé, l'une des protagonistes, expérimente une sensation d'étrangeté dans un cadre qu'elle appellera 1Q84; la lettre Q remplace le 9 et cela a un sens pour les japonais.

LIVRE 1

Ce premier tome, de plus de 500 pages nous présente les deux personnages principaux Aomané et Tengo vers leur trentaine entre avril et juin 1984; il faut savoir que les deux personnages s'étaient rencontrés vers leurs 10 ans et ils s'étaient beaucoup appréciés. Vingt années après Aomané rêve toujours de Tengo et se garde pour lui. Chaque personnage est une voix narrative et les chapitres Aomané/Tengo vont s'alterner régulièrement.

Aomané est une belle et svelte femme, spécialiste en arts martiaux mais aussi accessoirement, elle est le sbire d'une dame âgée et très riche qui voudrait punir les hommes qui commettent des violences envers les femmes. Aomané est parfaite dans ce rôle et comme tueuse, elle a mis au point une façon impecable pour envoyer ad patres quelques violents bien choisis.

Tengo est un jeune trentenaire, professeur de Maths à mi-temps où il excelle; l'autre temps il l'occupe à l'écriture de romans. Il a un éditeur, Komatsu, un homme qui suit ses intuitions et qui ne se gêne pas pour l'appeler au milieu de la nuit s'il a quelque chose à dire.

Justement Komatsu demande à Tengo de réécrire un premier roman d'une lycéenne de 17 ans, Ériko Fukada dite Fukaéri, La Chrysalide de l'air, un roman mal écrit mais avec un potentiel de fraicheur et d'innovation si prometteur, que Komatsu pense l'inscrire pour le Prix accordé chaque année à un premier roman.

Fukaéri est très belle en même temps qu'étrange. D'abord elle est dyslexique, puis elle s'exprime très mal, mais elle est d'une intelligence vive et arrive à pallier certaines de ses insuffisances. Depuis 7 années Fukaéri a été séparée de ses parents, Mr et Mme Fukada qui ont intégré une secte, Les Précurseurs, secte religieuse coupée du monde. Depuis 7 ans elle vit avec un tuteur et la fille de celui-ci.

Or il semble qu'il se passe des choses étranges au sein de cette secte, spécialement avec les enfants. C'est le cas de Fukaéri mais aussi le cas d'une autre fillette âgée de 10 ans que la riche vieille dame prendra sous son aile.

Tous ces personnages ont en commun une solitude dès leur plus jeune âge et aussi une certaine incommunicabilité, peut-être que ceci explique ce besoin de fantaisie, d'étrangeté. Sur un fond de récit parfaitement classique et tranquille, apparait cette fameuse irréalité distordue de Murakami, lequel excelle pour embarquer ses histoires dans des mondes parallèles, voire de la SF, mais avec une touche assez subtile; c'est le cas ici, mais il n'y a pas que cela, il y a encore beaucoup de références musicales et littéraires et un zeste d'humour décalé.

Voilà, la « patte » de Murakami est bien là. Que dire de la lecture de ce Livre 1 ? J'ai peiné à lire la partie centrale du livre à cause de l'abondance de répétitions et de digressions en tout genre; trop de longues descriptions et peu d'action, même si parfois cette action peut être assez « musclée ». In fine, il y a un méli-mélo de sujets abordés parfois de façon un peu lourde : la religion, les sectes, la littérature, la police, etc. J'ai trouvé que les personnages de Aomané et de Tengo manquaient de profondeur, surtout Aomané qui a un profil intéressant et original.

LIVRE 2

J'ai laissé passer 2 mois entre les livres 1 et 2, et cela n'a pas trop nui à la lecture. Cette fois, nous sommes entre juillet et septembre 1984 et reprenons les chapitres alternés entre Aomané et Tengo.

Aomané aura une dernière commande de meurtre de la part de la vieille dame car la fillette qu'elle avait récupéré, a disparu et le leader de la secte Les Précurseurs est à l'origine d'abus répétés, notamment chez sa propre fille. La commande d'assassinat est ultra risquée car le leader de la secte est gardé par des fanatiques. Mais la vieille dame possède des moyens illimités et quelques appuis, et Aomané accepte la mission. En cas de réussite, elle sera cachée et son apparence physique modifiée.

D'un autre côté Tengo arrive à mesurer l'amplitude de sa solitude, il pense encore à Aomané d'autant plus que sa maitresse en titre l'a laissé tomber. Sur ces entrefaites, arrive chez lui la jeune Fukaéri, fugitive depuis 2 mois et très recherchée car elle est devenue un personnage médiatisé depuis que son livre est un best seller depuis des mois. Fukaéri continue d'être une personne étrange, s'exprimant mal, mais dotée de pouvoirs spéciaux.

Dans le suivi de cette histoire, l'on se rend compte que Aomané et Tengo évoluent dans un monde parallèle, qu'entre autres étrangetés, monde qui comporte deux lunes, mais ces choses ne sont pas perceptibles pour tous. de plus, Tengo apprendra de la part de Fukaéri que les sujets peuvent se diviser entre receveurs et donneurs, ce qui octroie des pouvoirs différents aux uns et aux autres.

Au cours de sa mission, Aomané aura la possibilité d'échanger en paroles avec le leader, ce qui l'amènera à se poser des questions parce que le leader n'a aucun regret sur l'ampleur des forfaitures qu'il commet (le viol de mineures). Est-ce que un baratin moral quelconque peut disculper des actes ainsi perpétrés ? Je crois qu'ici Murakami est allé trop fort.

Je ne me suis pas ennuyé avec ce tome 2, mais j'ai eu du mal à rentrer dans cette histoire de réalisme magique, par moments surréaliste. Autant je trouve que les passages d'une réalité 100% pédestre vers un monde irréel sont très réussis, autant la teneur du texte m'a agacé par moments.

LIVRE 3

La traque se resserre autour d'Aomané, toujours soutenue par la vieille riche dame. Elle vit terrée dans un appartement, ravitaillée par la vieille dame et ses sbires, mais elle ne lâche pas l'idée de retrouver Tengo.

La secte a mis un enquêteur sur les traces d'Aomané, Ushikawa, un ancien avocat affublé d'un physique affreux, mais doté d'une intelligence supérieure à la moyenne. Quant à Tengo, il continue sa vie monotone et assez solitaire, ayant toujours des pensées pour Aomané alors que cela fait 20 ans qu'ils ne se ont pas revus.

Aomané est enceinte (on dirait que par la grâce de l'Esprit Saint…) et chaque soir elle guette l'apparition de Tengo sur le square d'où, du haut d'un tobogan d'enfant, l'on peut contempler les deux lunes, symbole du monde parallèle.

La grande question du roman est de savoir si Aomané et Tengo vont se retrouver. Et ceci crée une tension nerveuse chez le lecteur.

Si l'on reconnait aisément « la patte » de maitre Murakami, je me suis un peu ennuyée trouvant le roman trop long, un peu répétitif, comportant de digressions surtout dans les livres 1 et 2, et puis, beaucoup trop de réalisme fantastique, frôlant parfois le ridicule.

En revanche, j'ai été fascinée par deux personnages : l'énigmatique et résolue Aomané et Ushikawa, le détective tellement fort avec ses intuitions; comment il déroule toute une logique à partir d'un signe insignifiant. Quant au personnage de Tengo, tellement important dans le récit, je l'ai trouvé falot, assez flou, alors que tout est positif chez lui : bon physique, intelligent, bon prof de Maths, écrivain réussi, bon fils, bon amant…
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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