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Critique de traversay


La première traduction française de Haruki Murakami date de 1990. 8 ans après sa parution au Japon, ce troisième roman de l'écrivain japonais séduisit un premier cercle de lecteurs. La course au mouton sauvage : déjà le titre du livre préfigurait l'aspect mi-réaliste, mi-onirique de son oeuvre, son étrangeté et sa sensibilité fiévreuse. Nous étions peu nombreux alors à le découvrir mais le cercle s'est agrandi jusqu'à la célèbre trilogie 1Q84. L'incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage est le premier roman de Murakami écrit après Fukushima. Son ton et ses thèmes renvoient à quelques uns de ses livres anciens, La ballade de l'impossible en particulier. Son héros est à un moment crucial de son existence. Pour la première fois, il peut envisager de vivre un véritable amour. Mais pour cela, il lui faudra affronter la vérité en remontant vers le passé et ses années de lycée, comme un saumon, à contre-courant. Lui qui pense qu'il est "peut-être un homme vide de contenu", qui ne peut qu'être quitté par ses amis une fois qu'ils se sont aperçus de son absence de couleur, va devoir enfin faire preuve de courage et surmonter son manque de caractère. Ce roman est une pépite : il raconte combien est ardu le chemin qui conduit vers la sérénité, on n'ose écrire vers le bonheur. Si Murakami délaisse le fantastique pur, il est toujours aussi adepte de métaphores et de symboles. Parfois, la réalité n'est plus aussi avérée et ce sont les rêves qui semblent véritables. Mais pour un temps seulement. L'incolore ... est bâti comme un thriller sentimental avec son personnage flottant qui a longtemps flirté avec l'idée de mourir. Il s'est contenté de couler avant de se décider d'essayer de remonter à la surface. La délicatesse du livre, sa finesse psychologique et sa construction arachnéenne touchent directement. La douleur de vivre y est permanente mais adoucie et voilée par le sentiment contradictoire que la solitude et le désespoir ne sont pas des fatalités. "Ce n'est pas seulement l'harmonie qui relie le coeur des hommes. Ce qui les lie bien plus profondément, c'est ce qui se transmet d'une blessure à une autre. D'une souffrance à une autre. D'une fragilité à une autre. C'est ainsi que les hommes se rejoignent. Il n'y a pas de quiétude sans cris de douleur, pas de pardon sans que du sang soit versé, pas d'acceptation qui n'ait connu de perte brûlante. Ces épreuves sont la base d'une harmonie véritable."
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