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Critique de migdal


«La ballade de l'impossible » illustre la classique association Eros - Thanatos popularisée par Sigmund Freud dans sa théorie des pulsions.

Six principaux personnages se culbutent dans ce drame désespérant qui débute en 1969 à la fin de « l'agression américaine au Vietnam » quand des japonais manifestent contre l'impérialisme :
- Watanabe, un étudiant en cartographie qui, à la dernière page du roman, ne sait toujours pas où il est « je ne savais pas du tout où je me trouvais. Je n'en avais aucune idée. Quel était cet endroit ? Je ne voyais que des silhouettes innombrables qui marchaient ».
- Kizuki, un ca marade de Watanabe, se suicide à 17 ans.
- Naoko, l'amie de Kizuki, séduit Watanabe puis s'éloigne ; soignée en clinique psychiatrique, elle est hantée par son atavisme familial.
- Midori, une étudiante dont la mère est décédée ; aux obsèques son père a craché au visage de ses filles « j'aurais préféré vous perdre toutes les deux plutôt que de perdre votre mère » avant de disparaitre.
- Nagasawa, pervers narcissique, consomme des limaces ou des étudiantes.
- Reiko, une enseignante accusée injustement par une élève mythomane et lesbienne, d'agression sexuelle ; internée en établissement dédié, son mari a obtenue divorce et garde d'enfant.

Les journées étudiantes sont vaguement consacrées à des filières entamées sans réelle vocation, sans passion, mais parfois avec des ambitions carriéristes exprimées sans aucun complexe et cultivées au sein de sociétés de pensée.

Les soirées, fortement alcoolisées et dialectisées, s'achèvent en ébats sexuels plus ou moins consentis. Point de séduction ou de sentiment amoureux mais un érotisme animal, voire bestial, décrit avec complaisance et vulgarité.

Ces pulsions sexuelles, chez des écorchés vifs, mutent en pulsions dépressives suicidaires et condamnent à mort comme Freud et les psychanalystes le montrent… Thanatos enterre Eros.

Haruki Murakami abuse de dialogues interminables (page 193 : autant de tirets que de lignes) et noircit les feuilles en copiant collant les menus des restaurants et les cartes de vins. Si l'on supprime la bouffe et le sexe, il doit rester 80 pages sur les 400 de cet ouvrage. Cela dénude un écrivain, mais aussi une époque et un quotidien désespéré. La couverture du roman indique que l'auteur est pressenti pour le Prix Nobel de Littérature … il est donc envisageable qu'il succède à Annie Ernaux.

On ne sort pas indemne de ce roman (réservé à un public averti) ennuyeux, glauque, mais instructif qui offre une vulgarisation remarquable et rare des théories freudiennes.
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