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Critique de Bruidelo


« J'avais seulement le souvenir d'une image vague. Subsistait juste la sensation positive que j'avais éprouvée en réalisant cette peinture, ou plus exactement, mon corps en gardait le souvenir. Davantage que l'oeuvre elle-même, ce qui compte pour moi, ce sont les sensations. »
Chez Murakami priment la sensation, l'indéfini, l'incertain, l'entremêlement, le cotonneux - On est loin de toute certitude tranchante, de toute rigidité raisonnante, on est là où se mêlent la banalité du quotidien et les mystères de l'invisible, là où les rêves, les fantasmes, les créations artistiques se fondent dans le réel, abolissant les lignes de démarcation qui voudraient les séparer. Des morceaux de réalité se glissent par erreur dans le sommeil, l'ex du narrateur tombe enceinte après un rêve intense où il a l'impression d'avoir émis en elle son « vrai sperme »; la peinture de Tomohiko Amada intitulée le meurtre du Commandeur est si puissante qu'elle prend vraiment vie, créant dans la réalité un passage vers un monde fantasmatique, les frontières entre l'art et la vie « réelle » s'estompent et s'évanouissent.
Le narrateur a beau se sentir parfois cerné par une réalité complètement détraquée, cela n'a rien d'anxiogène, je trouve même qu'il y a quelque chose de doux, de serein, de bienfaisant, de chaleureux dans ce drôle d'univers où c'est si bon de perdre pieds, de se sentir à la fois un peu déboussolé et en terrain familier - d'une étrangeté familière.
Le Meurtre du Commandeur est une oeuvre profonde, originale et en même temps d'une lecture très très agréable.
Bref, je suis un peu verte quand je me dis que les Japonais ont Murakami et qu'en France on a Houellebecq - je me sens tellement plus chez moi dans l'oeuvre d'Haruki!
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