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Critique de CDemassieux


Musset déclara un jour qu’il voulait être « Shakespeare ou Schiller. »
Avec Lorenzaccio, il atteint, à mon avis, le niveau du premier. Car cette pièce est éminemment shakespearienne, même si certains pinailleront, reprochant à l’auteur d’avoir fait du mauvais Shakespeare !
Et, comme son illustre aîné, il s’en va puiser son inspiration dans l’inépuisable Italie, plus précisément dans la Florence du XVIe siècle, revenue aux mains des Médicis, après l’épisode Savonarole – prédicateur et théocrate exalté que, par des raccourcis que je ne démonterai pas ici, on réduit trop souvent à son fanatisme religieux – ; la République et la réconciliation entre Rome et l’empereur Charles Quint.
Les deux protagonistes de la pièce sont deux personnages historiques : le duc Alexandre de Médicis, aussi débauché que cruel et incompétent politiquement, et Lorenzo de Médicis, dit « Lorenzaccio ». Dans la réalité, ce dernier écrira, en exil, un texte où il justifiait entre autres le meurtre de son cousin, noyau de l’intrigue : Apologie.
Revenons à la pièce.
Lorenzaccio rêve d’un retour à la République, mais son tyrannique cousin au pouvoir ne partage pas ses vues. Lorenzaccio, au contact de son parent et d’hommes qui le méprisent – d’où ce sobriquet de « Lorenzaccio » en lieu et place de « Lorenzo » – va, lui aussi, se perdre moralement.
Plein de désillusions, et bien qu’il réalise qu’assassiner Alexandre ne changera rien en profondeur, il décide malgré tout de mener à bien sa criminelle entreprise pour se souvenir de sa vertu d’autrefois. Surtout, il désire à toute force qu’on ne l’oublie pas :
« Que les hommes me comprennent ou non, qu'ils agissent ou n'agissent pas, j'aurai dit aussi ce que j'ai à dire ; je leur ferai tailler leurs plumes si je ne leur fais pas nettoyer leurs piques, et l'humanité gardera sur sa joue le soufflet de mon épée marqué en traits de sang. Qu'ils m'appellent comme ils voudront, Brutus ou Erostrate [qui, pour être célèbre, incendia le temple d’Artémis à Ephèse, en 356 av. J.-C.], il ne me plaît pas qu'ils m'oublient. » confie-t-il.
Au moins, grâce à Musset, on peut dire que Lorenzo de Médicis a été une remarquable source d’inspiration littéraire. Pari partiellement gagné pour lui, donc, puisque cet homme de la Renaissance est devenu l’un des personnages phares du romantisme et, tant pis pour les grincheux, digne d’Hamlet !


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