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Critique de migdal


Un défaut d'architecture est souvent cause d'effondrement malgré l'emploi des meilleurs matériaux. Et « La vengeance m'appartient » semble s'inscrire dans cette inexorable fatalité.

Un triple infanticide, une bourgeoisie bordelaise immuable depuis l'époque de François Mauriac, le passé esclavagiste de la ville, la régularisation d'une famille mauricienne, une avocate aussi généreuse que novice, promettaient un savoureux cocktail et la réputation de Marie NDiaye garantir un roman passionnant.

Mais au fil des pages le brouillard apparait, puis le verglas avec ses menaces douloureuses, et ses chutes blessantes.

L'avocate s'évapore progressivement dans ses fantasmes, crée ses « souvenirs » d'enfance, vite démentis par ses parents, des gens solides au pied ancrés dans le réel, qu'elle harcèle jusqu'à ce que son père siffle la fin de la récréation. Même injustice avec Marilyn, son employée de maison; et sa cliente en quête de régularisation, qu'elle persécute pour obtenir un acte de mariage qu'elle a l'outrecuidance d'exiger en se rendant sur place à Saint Louis, sur l'Ile Maurice.

Bâti sans plan apparent, ce roman met en scène des personnages avec lesquels il est impossible de se sentir proche tant certaines réactions sont surprenantes à tel point que j'ai fini par me demander où était la frontière entre la réalité et le délire.

L'auteur a une rare maitrise de l'écriture, de ses nuances, de ses subtilités, mais la trame de ces pages empilées les unes sur les autres sans plan, sans chapitre, sans respiration, rappelle le tragique enchainement qui mena notre système judiciaire dans le pétrin de l'affaire d'Outreau en autorisant un juge débutant à prendre pour vérité les dires d'enfants manipulés par un entourage toxique, voire pervers.

Quand la vengeance appartient à celui qui fabrique les preuves … malheur aux innocents !
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